Les banques chouchoutent les jeunes

Plus de 70 % de la population libanaise étant âgée de moins de 40 ans, les banques proposent une panoplie de produits destinés aux jeunes. Selon une étude réalisée par l’Administration centrale de la statistique (ACS), près de 750 000 personnes étaient âgées entre 15 et 24 ans en 2007, dont l’écrasante majorité sont des étudiants, ce qui représente 20 % de la population. Ce vaste marché, même s’il n’est pas rentable dans l’immédiat, peut l’être dans le futur, d’où la concurrence accrue que se livrent les banques sur ce segment de clientèle.
Si les banques sont réticentes à communiquer sur le nombre de leurs clients, les dernières statistiques montrent que 35 % des jeunes âgés de 18-19 ans possèdent un compte en banque, alors que ce taux grimpe à 45 % pour les 20-24 ans.
« Ce marché est potentiellement très important », souligne Ronald Zirka, directeur du marketing et du retail à la Banque libano-française (BLF), qui précise que la moyenne d’âge de ses clients se situe autour de 40 ans.
L’effort conjugué des banques libanaises pour gagner ce nouveau segment devrait se traduire par une augmentation de la clientèle jeunes des banques de 30 à 40 % d’ici à cinq ans, selon plusieurs banquiers. Les jeunes ne représentent aujourd’hui que près de 10 % du total des prêts et des dépôts.
« Notre objectif est de rajeunir notre clientèle », affirme Zirka, dont la banque est l’une des premières à proposer un produit spécialement conçu pour les jeunes.
« Il s’agit d’un segment qui n’est pas bancarisé et difficile à fidéliser », note Zirka. D’où les trésors d’ingéniosité déployés par les établissements financiers pour les attirer.
Cela se traduit depuis quelques années par le développement d’une gamme entière de produits financiers à destination des jeunes et des étudiants.
Presque toutes les banques ont développé aussi sur leur site Internet des rubriques “jeunes” clairement identifiées, qui présentent leurs offres, les avantages commerciaux (réduction, cadeaux...) et font de la pédagogie sur les produits financiers proposés.
« L’expérience des jeunes avec les banques est positive ces dernières années », se réjouit Randa Bdeir, directrice de la banque électronique et des services de cartes de crédit de la Bank Audi.
La stratégie est double : d’abord les banques fidélisent leurs clients en leur vendant des produits d’épargne pour leurs enfants et, ensuite, elles s’assurent un renouvellement de clientèle. Si un jeune est “ficelé” avec plusieurs produits, il hésitera à changer de banque.
D’où la panoplie de produits proposés aux jeunes, qu’il s’agisse des cartes de crédit ou des différents prêts taillés sur mesure, à l’instar des prêts études, logement ou automobile.
« C’est en proposant continuellement à nos clients de nouveaux produits et des services adaptés à leurs besoins que nous gagnons leur confiance et les fidélisons », souligne Georges Aouad, directeur de la banque de détail à la Bank of Beirut.
« Notre institution cherche également à soutenir la génération future et l’aider à investir et dépenser de façon réfléchie, à travers différents produits et packages conçus sur mesure. »
Les banquiers interrogés pensent pouvoir fidéliser 80 % de leurs nouveaux jeunes clients. Ceux-ci choisissent, selon eux, leur banque suivant surtout les critères de proximité et de domiciliation des salaires. Les campagnes de promotion et les démarches des banques sont aussi prises en considération.  Ainsi, sans vouloir entrer dans le détail des chiffres, toutes soulignent que les campagnes de promotion des produits destinés aux jeunes se font à coups de dizaines de milliers de dollars mais que la rentabilité ne sera pas au rendez-vous avant cinq ans.