Le marché automobile, une croissance trompeuse
Une supervoiture conçue dans les pays arabes et vendue à 3,4 millions de dollars ? C’est le projet un peu fou de Ralph Debbas, jeune Libanais de 25 ans diplômé de l’Université de Coventry (Royaume-Uni) en design automobile.
« Le Moyen-Orient a la plus grande concentration de voitures de luxe au monde. On y trouve une clientèle fortunée intéressée par l’obtention de voitures uniques. Or, la région n’en produit pas », explique le jeune homme, passionné d’automobile depuis toujours, qui a décidé de relever le défi.
S’il commence à réfléchir au concept en 2005, ce n’est qu’en 2010 qu’il se lance vraiment : il convainc l’Autrichien Magna Steyr, leader mondial de fabrication de carrosseries (notamment celles de Mercedes et d’Audi), et l’Allemand Ruf Automobile, constructeur des moteurs de Porsche, de l’intérêt de son projet et conclut des partenariats commerciaux avec eux. « Je les avais rencontrés par hasard lors des salons automobiles que j’ai fréquentés au cours de mes études, et je les ai recontactés quand mon projet était prêt », raconte le jeune homme. En 2011, il crée au Liban W Motors, pour concevoir le design des nouvelles voitures : W pour Wolf (loup en anglais), son surnom et sa passion depuis tout petit. Composée de quatre designers (tous étrangers à part lui), la nouvelle société est le fruit d’un investissement personnel, non dévoilé : « J’y ai investi avec ma famille, et Sari el-Khalil (fils de l’organisatrice du marathon de Beyrouth, NDLR), un ami à moi, a récemment pris 10 % de participation. » W Motors planche sur les concepts et design de voitures, l’usine de Turin de Magna Steyr, spécialisée dans la carrosserie de niche assemblée à la main, se charge de produire les voitures, et Ruf Motors conçoit les moteurs. Ralph Debbas s’est également adjoint les conseils de Studio Torino, le studio de design automobile italien créé par Alfredo Stola.
Les hypercars sont les fers de lance de W Motors. Elles mettront l’accent sur l’exclusivité et le luxe de la marque. W Motors n’en produira que cinq par an, vendues à partir de 3,4 millions de dollars chacune. Lumières LED incrustées de diamants (la signature de la marque), boutons en or blanc ou platine, carrosserie en fibre carbone, service de conciergerie permanent, hologramme avec système tactile pour gérer le tableau de bord, montre de luxe intégrée et détachable, 750 chevaux, une vitesse de pointe de 385 km/h, les 100 km/h atteints en moins de 2,8 secondes... rien n’est laissé au hasard pour satisfaire les consommateurs les plus exigeants. La première hypercar sera dévoilée à Dubaï en décembre, avant d’être montrée au public en janvier 2013 lors du Qatar Motor Show. « Nous en avons déjà prévendu une, affirme le PDG, et nous sommes en négociation pour deux autres. »
En parallèle, W Motors travaille sur le concept de supercars, un peu moins exclusifs (25 par an), un peu moins luxueux, un peu moins chers (1,8 million de dollars), mais plus puissants et plus rapides : leurs plus de 1 000 chevaux leur permettront d’atteindre les 400 km/h et de passer de 0 à 100 km/h en moins de 2,4 secondes. Le premier modèle devrait être livré en 2013.
En novembre de cette année, W Motors déménage à Dubaï et s’agrandit à 25 personnes : « J’y ouvre le premier studio de design automobile de la région, où les gens pourront venir apprendre à dessiner. » C’est dans ce studio que les clients intéressés de concevoir eux-mêmes leur voiture pourront le faire, avec l’aide des designers. Coût de cette personnalisation ultime ? « À partir de 6 millions de dollars. »
Ralph Debbas ne compte pas s’arrêter là : il souhaite pouvoir construire les voitures dans la région et aimerait y monter un centre de recherche et développement automobile. « On pourrait développer des bus adaptés au désert par exemple, explique-t-il. C’est un projet à 10 ans. »