Nayef Francis, le rêveur

« Je souhaite préserver les traditions, tout en les réinterprétant pour une vie moderne », ainsi définit Nayef Francis son design.
Formé en architecture d’intérieur à l’USEK (Université Saint-Esprit de Kaslik), il crée au Liban des meubles et des objets décoratifs. Pas question de faire des pièces uniques ou des éditions limitées : « Aussi longtemps que mes clients se sentent connectés à mes créations, elles restent à leur disposition. »
S’il travaille pour l’instant avec des artisans, Nayef Francis n’est pas contre l’idée d’une industrie du design au Liban. Mais il sait que le chemin est long. Pour lui, le seul moyen d’y arriver est de faire travailler ensemble concepteurs et producteurs, chacun tirant l’autre vers le haut : le concepteur en poussant les industriels à s’adapter aux nouvelles technologies et les producteurs en introduisant des matériaux permettant d’inspirer les designers.
D’ici là, Nayef Francis s’adapte et tente de convaincre les artisans de créer des choses différentes avec lui, ce qui n’est pas toujours aisé : « En général, les fournisseurs et les artisans se méfient de ce qui est “différent” ! » Leur crainte de l’inconnu conduirait même, selon lui, à des prix plus élevés, parce que les producteurs n’anticipent pas les heures nécessaires pour produire l’article. Alors il s’arme de patience et reste présent durant toute la phase de production.
Malgré ces inconvénients, le Liban n’est pas un choix par défaut. Après huit années passées à l’étranger pour se perfectionner à la fin de ses études, il explique être revenu par nécessité : « Je sentais que j’avais besoin de fonder un lieu où je pouvais créer les dessins qui me passionnaient vraiment. » La boutique qu’il a ouverte à Mar Mikhaël est pour lui une « première étape vers la réalisation d’un rêve plus grand », celui de créer un lieu où les professionnels, les artistes, comme les amateurs se retrouvent autour d’expositions et échangent une sorte de « plaque tournante culturelle ».