Un article du Dossier
Le design libanais se forge une identité
Phénomène omniprésent au Liban, la copie de meubles et d’accessoires concerne surtout les designers internationaux, dont les créations se retrouvent imitées à moindre coût au Liban. Mais les designers libanais commencent à y être confrontés aussi.
«J ’ai souvent des clients qui me demandent de reproduire un objet qui leur a plu dans un magazine », témoigne le designer Georges Mohasseb. Une demande de violation manifeste des droits de propriété intellectuelle à laquelle n’échappe aucun designer libanais, ou presque. La copie est encouragée par le fait que la loi libanaise sur la protection intellectuelle protège très peu et très mal la création. « Parfois, même les juges ne sont pas suffisamment au courant des lois sur la propriété intellectuelle, et les avocats sont obligés de passer par un autre recours, celui de la concurrence déloyale, pour avoir gain de cause », explique Pierre el-Khoury, avocat spécialisé en la matière et professeur de droit.
Longtemps limitée aux designers internationaux, la pratique de la copie commence à toucher les designers libanais. Plusieurs architectes-designers interrogés racontent avoir dessiné des objets à leurs clients qui, après les avoir refusés, les ont mis en production chez un artisan à un coût moindre. « Les Libanais ne reconnaissent pas la valeur du dessin, de l’idée, confirme Karim Chaya, cofondateur d’ACID. L’un de mes clients s’est offusqué du fait que je lui facture la création de mon dessin, il ne comprenait pas que je lui facture davantage que le papier et le crayon. »
Les designers libanais commencent donc à penser à se protéger. Carla Baz fait par exemple signer des accords de confidentialité aux artisans avec lesquels elle travaille. Mais aucun d’entre eux ne dépose un dessin ou un brevet auprès de l’État libanais. « Cela ne sert à rien, explique PSLAB, il suffit au copieur d’effectuer un léger changement dans le dessin ou le matériau pour que la protection ne soit plus valide. » De plus, « le marché libanais est très petit, si une de mes créations est copiée, je vais le savoir tout de suite, et le marché aussi », témoigne Cyrille Najjar.
Nada Debs mise également sur la communication autour de ses produits pour les protéger : « En faisant connaître mon œuvre, si des clients potentiels tombent sur des objets copiés, ils sauront tout de suite que ce sont des faux. »
Les designers bénéficient en tout cas automatiquement de la protection accordée par le droit d’auteur (qui fait partie de la propriété intellectuelle), que leur œuvre soit enregistrée ou non. Leur seule obligation est de prouver qu’ils ont inventé leur œuvre en premier. « C’est pourquoi je publie toujours mes créations, que ce soit sur un site Web, dans la presse ou autre, pour avoir une date de référence », explique Wyssem Nochi. Toutefois, d’après Pierre el-Khoury, cette preuve n’est pas toujours suffisante, il vaut mieux protéger l’œuvre « soit par enregistrement, soit par enveloppe scellée, soit par dépôt chez le notaire ; car la technologie permet de postdater des documents comme elle permet d’effacer une date ».
Une protection à l’étranger
La protection par le droit d’auteur a l’avantage de s’appliquer dans 165 pays en dehors du Liban, signataires de la convention de Berne. Car « la particularité du droit de la propriété intellectuelle est qu’il est territorial, explique Pierre el-Khoury, un objet protégé dans un pays ne l’est pas ailleurs. Mais certaines conventions internationales permettent d’étendre la protection à plusieurs pays en même temps ».
Le droit d’auteur peut s’avérer utile aux designers libanais qui commencent à faire face à un problème de copie à l’étranger. PSLAB donne l’exemple d’un projet travaillé en collaboration avec la designer Isabelle Marant en Corée du Sud. « Ses partenaires coréens lui ont proposé de produire notre travail pour moins cher ; elle a refusé, bien sûr ! » PSLAB est en train d’effectuer les démarches nécessaires pour protéger ses droits d’auteur en Asie, dont beaucoup de pays n’ont pas signé la convention de Berne. La marque protège déjà depuis deux ans ses créations en Europe et au Moyen-Orient.
Longtemps limitée aux designers internationaux, la pratique de la copie commence à toucher les designers libanais. Plusieurs architectes-designers interrogés racontent avoir dessiné des objets à leurs clients qui, après les avoir refusés, les ont mis en production chez un artisan à un coût moindre. « Les Libanais ne reconnaissent pas la valeur du dessin, de l’idée, confirme Karim Chaya, cofondateur d’ACID. L’un de mes clients s’est offusqué du fait que je lui facture la création de mon dessin, il ne comprenait pas que je lui facture davantage que le papier et le crayon. »
Les designers libanais commencent donc à penser à se protéger. Carla Baz fait par exemple signer des accords de confidentialité aux artisans avec lesquels elle travaille. Mais aucun d’entre eux ne dépose un dessin ou un brevet auprès de l’État libanais. « Cela ne sert à rien, explique PSLAB, il suffit au copieur d’effectuer un léger changement dans le dessin ou le matériau pour que la protection ne soit plus valide. » De plus, « le marché libanais est très petit, si une de mes créations est copiée, je vais le savoir tout de suite, et le marché aussi », témoigne Cyrille Najjar.
Nada Debs mise également sur la communication autour de ses produits pour les protéger : « En faisant connaître mon œuvre, si des clients potentiels tombent sur des objets copiés, ils sauront tout de suite que ce sont des faux. »
Les designers bénéficient en tout cas automatiquement de la protection accordée par le droit d’auteur (qui fait partie de la propriété intellectuelle), que leur œuvre soit enregistrée ou non. Leur seule obligation est de prouver qu’ils ont inventé leur œuvre en premier. « C’est pourquoi je publie toujours mes créations, que ce soit sur un site Web, dans la presse ou autre, pour avoir une date de référence », explique Wyssem Nochi. Toutefois, d’après Pierre el-Khoury, cette preuve n’est pas toujours suffisante, il vaut mieux protéger l’œuvre « soit par enregistrement, soit par enveloppe scellée, soit par dépôt chez le notaire ; car la technologie permet de postdater des documents comme elle permet d’effacer une date ».
Une protection à l’étranger
La protection par le droit d’auteur a l’avantage de s’appliquer dans 165 pays en dehors du Liban, signataires de la convention de Berne. Car « la particularité du droit de la propriété intellectuelle est qu’il est territorial, explique Pierre el-Khoury, un objet protégé dans un pays ne l’est pas ailleurs. Mais certaines conventions internationales permettent d’étendre la protection à plusieurs pays en même temps ».
Le droit d’auteur peut s’avérer utile aux designers libanais qui commencent à faire face à un problème de copie à l’étranger. PSLAB donne l’exemple d’un projet travaillé en collaboration avec la designer Isabelle Marant en Corée du Sud. « Ses partenaires coréens lui ont proposé de produire notre travail pour moins cher ; elle a refusé, bien sûr ! » PSLAB est en train d’effectuer les démarches nécessaires pour protéger ses droits d’auteur en Asie, dont beaucoup de pays n’ont pas signé la convention de Berne. La marque protège déjà depuis deux ans ses créations en Europe et au Moyen-Orient.