Les Libanais qui retirent souvent de l’argent des distributeurs automatiques le savent bien : mieux vaut le faire dans une agence de la banque où est domicilié leur compte ; sinon des charges supplémentaires sont appliquées, pouvant coûter jusqu’à 5 % du montant du retrait. Un surcoût qui distingue le Liban des autres pays du monde. « Il existe au Liban six réseaux de paiement, explique Myrna Wehbé, directrice de la monétique à la Banque libano-française, là où la norme dans d’autres pays comme la France est d’un, voire très rarement de deux, réseau national. » 
Ces réseaux émettent les cartes de paiement d’une part (le côté émetteur) et installent les distributeurs automatiques (DAB) et les terminaux de paiement chez les marchands d’autre part (le côté acquéreur). Ils sont la propriété des banques libanaises, qui dans certains cas se sont associées pour les construire, et dans d’autres ont fait bande à part : Bank Audi par exemple a son propre réseau ; la SGBL et la Banque libano-française ont un réseau commun ; Fransabank et le Crédit libanais, avec 10 autres banques, ont le réseau CCM…
Lorsque des transactions ont lieu entre des réseaux différents, des calculs complexes déterminent la rémunération de chaque acteur du système : la banque acquéreuse (celle du marchand ou du DAB), la banque émettrice (celle qui a émis la carte utilisée par le client), les sociétés de cartes de paiement (Visa ou MasterCard) si nécessaire. « Avant mai 2012, les transactions réalisées dans des points de vente passaient par le système de compensation de Visa et de MasterCard à l’étranger, ce qui posait des problèmes de double conversion et de taux de change, explique Myrna Wehbé. Maintenant la compensation pour les transactions locales a lieu au niveau de la Banque centrale, tout comme pour les retraits dans des distributeurs (DAB), ce qui diminue leur coût. » La commission que le marchand paie pour utiliser un terminal de paiement n’a cependant pas encore diminué ; elle est de 1,75 % environ, alors qu’en Europe elle se situe à moins de 1 % en moyenne. Un surcoût facturé in fine au client essentiellement lié à l’absence d’économie d’échelle. En cause, “l’ego » des banques, qui ne sont par ailleurs pas contraintes de coopérer, explique plusieurs acteurs du secteur. « C’est ridicule qu’un pays aussi petit que le Liban ait autant de réseaux de paiement », s’insurge Antoni Lorfing, de Cash United.