Un article du Dossier

Cinéma libanais : comment entrer dans la cour des grands ?

Avec “Ghadi”, le fondeur de la société de production The Talkies se lance dans le cinéma et produit son premier long-métrage.

Greg Demarque
En se lançant dans sa première production d’un long-métrage de fiction, Gabriel Chamoun ne pensait pas avoir à investir autant : 1,5 million de dollars. Il avoue avoir été un peu victime de son succès, car la majorité du recrutement a été effectuée en interne, dans sa société The Talkies créée en 1988 et spécialisée dans la publicité. Les techniciens habitués aux cachets de la pub ont négocié des tarifs plus élevés que la moyenne de ceux pratiqués dans le cinéma. « Mais j’assume le prix à payer pour être entouré des meilleurs, des acteurs jusqu’aux décors », tempère Gabriel Chamoun. Les trois quarts du budget ont été consacrés au tournage à Batroun avec les cachets des 30 membres de l’équipe à temps plein. Un tournage hors de Beyrouth qui engage des frais de transports et de logements pendant près de deux mois. Le reste est consacré à la postproduction du film dont la sortie est prévue en septembre 2013.
Le scénario de “Ghadi” lui a été présenté en octobre 2011 par Georges Khabbaz, acteur et auteur de pièces de théâtre. C’est l’histoire d’un professeur de musique dans un petit village de la côte libanaise.
Chamoun se lance dans l’aventure en créant une société anonyme dont The Talkies est l’actionnaire majoritaire. Contrairement à l’Europe où l’aide à la production existe, pour ce projet presque 100 % du budget vient de fonds privés, excepté 100 000 dollars de la SGBL investi contre un placement de produit à l’intérieur du film. Il prend le risque de se lancer aujourd’hui, car le secteur du cinéma au Liban est plus dynamique (avec une dizaine de longs-métrages produits chaque année) et les chances de vendre à l’étranger plus nombreuses avec la multiplication des festivals dans les pays du Golfe notamment.
Gabriel Chamoun sait que l’étranger est la solution pour récupérer son investissement, car le marché intérieur est trop limité : « Atteindre les 100 000 entrées serait déjà un succès. »
dans ce Dossier