Un article du Dossier

Cinéma libanais : comment entrer dans la cour des grands ?

Malgré le ralentissement économique mondial après 2008, la production mondiale de films  de long-métrage s’est intensifiée. Elle a ainsi augmenté de 27,8 % entre 2005 et 2009*. La répartition de la production par pays met en évidence la concentration de la production dans un nombre limité de pays. En 2009, cinq pays affichaient un volume de production inégalé : l’Inde (1 288), le Nigeria (987), les États-Unis (734), le Japon (475) et la Chine (448), avec 54,4 % de la production mondiale. Entre 2005 et 2009, le nombre d’entrées en salle a baissé de 5,7 %. Coup de projecteurs sur trois industries bâties sur des modèles économiques différents.

Inde
Avec le plus grand nombre de films produits et le plus grand nombre de spectateurs, l’Inde est le plus gros marché en volume dans le monde, même si Hollywood reste le marché le plus important en valeur. Bollywood, le cinéma en langue hindi, ne représente en fait que le tiers de la production du pays, divisée en 14 industries régionales. Kollywood, le cinéma en langue tamoul, est la seconde industrie en volume. Ces territoires sont autant de marchés qui possèdent chacun leur propre industrie cinématographique. En 2001, le gouvernement indien a conféré le statut d’industrie au secteur cinématographique, ce qui a permis aux producteurs d’obtenir plus facilement un financement institutionnel.
Les modèles de financement sont nombreux : le cinéma indien indépendant et régional représente les trois quarts des films produits et repose sur un financement privé régional.
Parallèlement, une centaine de sociétés de production ou de diffusion audiovisuelle financent des films.

France
Le cinéma français est largement financé grâce à des subventions pour l’essentiel assurées en interne par les contributions obligatoires des entreprises concernées par les exploitations des films : salles de cinéma ; chaînes de télévision ; éditeurs vidéo. Elles proviennent du CNC (Centre national du cinéma) ou de la taxe sur les diffuseurs télévisuels qui les oblige à verser 5,5 % du chiffre d’affaires des chaînes dont un tiers est attribué à l’industrie du cinéma et de la taxe sur l’édition de vidéos (2 % du chiffre d’affaires des éditeurs et importateurs, dont 85 % est affecté au cinéma). Il est complété par une sorte d’avance sur les recettes, financée sur fonds privés à travers une incitation fiscale, les Sociétés de financement du cinéma et de l’audiovisuel (Sofica).
Le cinéma bénéficie également d’aides régionales, notamment pour les tournages en province, les festivals, etc. Les régions apportent ainsi 82,5 millions d’euros et les directions régionales du ministère de la Culture (DRAC) 9 millions.  Tout confondu, ces aides s’élèvent à près de 750 millions d’euros par an, selon un rapport de l’Inspection générale des finances rendu en 2011.

États-Unis
Six majors (Columbia Pictures, Warner Bros Pictures, Walt Disney Pictures, Universal Pictures, 20th Century Fox et Paramount Pictures) se partagent près de 90 % des recettes.
Elles ont mis en place un système de production quasi industriel : des installations importantes au cœur même de Hollywood, le contrôle des salles d’exploitation, une spécialisation extrême des différentes tâches de création, une organisation très avancée de la profession (dès les années 1920, création du syndicat des producteurs, la MPDA).

(*) Bulletin d’informations de l’Isu n° 8, février 2012, “Des superproductions internationales aux succès nationaux” analyse de l’enquête 2010 de l’Isu sur les statistiques des films de long-métrage, Charles R. Acland, professeur et titulaire d’une chaire de recherche en communication à l’Université Concordia, en collaboration avec l’Institut de statistiques de l’Unesco.
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