Un article du Dossier
Comment financer les études de ses enfants
Face à l’augmentation du coût de la scolarité, les banques libanaises proposent à leurs clients des comptes épargne et des prêts éducation. Les plans d’épargne bénéficient de taux de rentabilité intéressants quand les prêts à l’éducation sont encadrés par la Banque centrale du Liban.
Financer les études de ses enfants est l’une des principales préoccupations des parents libanais pour qui l’éducation représente le troisième poste de dépenses après l’alimentation et les transports selon une étude du Centre international d’études pédagogiques publiée en 2002. Car le Liban ne compte qu’une seule université publique contre une quarantaine d’établissements privés où l’année d’étude coûte entre 3 000 et 20 000 dollars. En 2012, le coût de l’éducation a même augmenté de 14,5 % selon l’Administration centrale de la statistique. Pour aider les familles à financer ces cursus, les banques ont multiplié les produits qui se divisent en deux catégories : des plans d’épargne ou des prêts à l’éducation. Depuis plus de 10 ans, elles offrent des plans d’épargne études ou des plans d’investissement. Ouvert dès la naissance et jusqu’à la majorité de l’enfant, ce produit permet aux parents de verser des sommes régulières en bénéficiant d’un taux de rentabilité autour de 4 %. À la Banque libano-française (BLF), près de 25 000 plans d’épargne études sont en cours actuellement avec une croissance annuelle de 15 %. Élie Abou Khalil, directeur du département des produits au détail de la Byblos Bank, précise qu’il existe presque 10 fois plus de plans d’investissement contractés que de prêts à l’éducation au sein du groupe. « Il s’agit d’une épargne forcée avec un taux de rentabilité intéressant », précise-t-il. Ces plans d’investissement proposés par la société d’assurances Adir, partenaire de la Byblos Bank, permettent à n’importe quel membre d’une famille d’ouvrir un compte épargne et de verser un minimum de 50 dollars par mois. Le directeur du département note d’ailleurs que ces plans ont progressé de 20 % par rapport à l’année dernière. Une évolution due à l’augmentation des frais scolaires et universitaires, et au désir des parents de mieux planifier l’avenir de leurs enfants.
Il faut aussi compter avec le fait que ces comptes sont souvent détournés de leur but premier, précise Ronald Zirka, directeur marketing et retail de la BLF. Rien n’oblige le bénéficiaire à utiliser l’argent épargné dans le domaine de l’éducation « même si les parents viennent nous voir initialement pour ça ». Face à une grosse dépense, 20 à 30 % des comptes sont fermés pour utiliser l’argent dans un autre but, les épargnants perdant ainsi les intérêts perçus au fil des ans.
Des prêts encadrés par la BDL
Les banques libanaises ont également développé un portefeuille de crédits à l’éducation à l’incitation de la Banque centrale qui a édicté en 2009 une circulaire pour encadrer ces prêts. Le but à cette époque était de convaincre les banques d’investir leurs liquidités en livres libanaises sur le marché dans des secteurs spécifiques comme le logement, les prêts verts et l’éducation. Cette circulaire fixe la durée (années d’études, plus un an de grâce et 10 ans pour rembourser le prêt), le taux d’intérêt maximum (3 %) et les conditions entourant l’octroi du prêt en interdisant notamment tous frais de dossier et les commissions. La plupart des établissements bancaires ont mis en place ces prêts en partenariat avec des universités. Bank Audi, en partenariat avec l’Université Saint-Joseph propose par exemple un prêt à 0 % d’intérêt pour les étudiants recommandés par le service social de l’université (3 % pour les autres étudiants et les autres universités).
Le principe est commun à toutes les banques. L’étudiant ne rembourse pas le capital durant ses études. Il paie seulement les intérêts. Pour lui permettre de s’insérer sur le marché du travail, il bénéficie d’un an de grâce après son diplôme avant de commencer à rembourser l’emprunt sur une période de 10 ans maximum. À Byblos Bank, les prêts en cours en novembre 2012 représentent 14 millions de dollars depuis leur création en 2009, soit 866 étudiants dont 34 % bénéficient d’aides financières. Des prêts qui sont proposés en partenariat avec l’Agence française du développement depuis la signature d’un accord le 19 juillet 2012. L’AFD qui prête 25 millions de dollars à la Byblos Bank sur 14 ans à un taux variable dépendant de l’Euribor pour mettre en place ces produits. « Sans cette aide, nous ne serions jamais allés aussi loin dans le développement de ces prêts », reconnaît Élie Abou Khalil. Car pour faire bénéficier à ses clients d’un taux d’intérêt à 3 % pour un prêt en livres libanaises, la banque est autorisée à puiser dans ses réserves obligatoires auprès de la Banque centrale. Chaque banque est en effet astreinte à une réserve obligatoire déposée auprès de la BDL équivalente à 25 % de ses engagements à vue en livres et 15 % de ses engagements à terme en livres. En utilisant une part de ces réserves placées à la BDL à
0 %, elle est en mesure de proposer un taux d’intérêt faible aux étudiants. Le mécanisme de subvention à travers les réserves obligatoires étant en voie d’épuisement, la Banque centrale a lancé en janvier un nouveau plan de subvention des crédits dont la part essentielle est destinée aux prêts au logement (Le Commerce du Levant, n° 5637) mais dont une partie aussi est destinée aux prêts à l’éducation. La circulaire 313 datée du 14 janvier 2013 permet aux banques de s’endetter à un taux de 1 % pour obtenir un crédit en livres libanaises afin d’offrir aux étudiants des prêts à des taux d’intérêt de 3,5 %.
À la Blom Bank, les prêts représentent 5 à 6 % des montants accordés au cours de l’année 2012. La banque a signé un protocole avec l’Université américaine de Beyrouth aux côtés de la Fransabank pour participer à un programme de financement des étudiants issus de familles à faibles revenus. « D’habitude, les banques aiment prêter aux gens qui ont les moyens », note Élias Aractingi, directeur général de la Blom Bank et chef du département des produits de détail. Mais dans le cadre de ce partenariat, la banque fait le pari que le prêt sera remboursé à l’issue des études. « On table sur le fait que l’enfant va trouver un travail », conclut-il.
Fidéliser les jeunes
Pour convaincre les étudiants de souscrire à un prêt, les banques ne font pas beaucoup de publicité. Les universités partenaires leur adressent souvent les dossiers de demande, « nous sommes également présent lors des forums de recrutement », explique Élie Abou Khalil, selon qui ces méthodes sont plus efficaces qu’une campagne publicitaire grand public. Elle représenterait un investissement trop important au regard de la rentabilité de ces prêts. Selon la circulaire de la Banque centrale du Liban, les banques ne peuvent dépasser les 3 % de taux d’intérêt pour un prêt souscrit en livres libanaises (contre un taux d’intérêt moyen de prêt aux particuliers de 7,5 %, selon la Banque mondiale en 2011). Avec ce faible taux, le but pour les établissements bancaires n’est donc pas de faire du profit, mais de fidéliser la clientèle. Capter la clientèle jeune représente un défi pour les banques, car ils suivent souvent les choix de leurs amis ou de leurs familles lors de l’ouverture de leur premier compte et plus tard s’inscrivent dans la banque de leur employeur, explique Ronald Zirka. Avant 30 ans, le taux de fidélisation des clients est faible. Avec un prêt s’étalant entre 12 et 18 ans, la banque espère que le client restera dans son établissement à l’issue du remboursement.
Face à un taux d’intérêt bas, la marge des banques est faible. Pour compenser, certains établissements incitent donc leurs clients à prendre une assurance-vie lors de la souscription du prêt. Une assurance qui leur permet d’assurer le remboursement du prêt en cas de décès ou d’accident d’un des garants et de toucher des commissions lors de la contraction de l’assurance-vie. Certaines, comme la Blom Bank, l’offrent gratuitement aux étudiants.
Il faut aussi compter avec le fait que ces comptes sont souvent détournés de leur but premier, précise Ronald Zirka, directeur marketing et retail de la BLF. Rien n’oblige le bénéficiaire à utiliser l’argent épargné dans le domaine de l’éducation « même si les parents viennent nous voir initialement pour ça ». Face à une grosse dépense, 20 à 30 % des comptes sont fermés pour utiliser l’argent dans un autre but, les épargnants perdant ainsi les intérêts perçus au fil des ans.
Des prêts encadrés par la BDL
Les banques libanaises ont également développé un portefeuille de crédits à l’éducation à l’incitation de la Banque centrale qui a édicté en 2009 une circulaire pour encadrer ces prêts. Le but à cette époque était de convaincre les banques d’investir leurs liquidités en livres libanaises sur le marché dans des secteurs spécifiques comme le logement, les prêts verts et l’éducation. Cette circulaire fixe la durée (années d’études, plus un an de grâce et 10 ans pour rembourser le prêt), le taux d’intérêt maximum (3 %) et les conditions entourant l’octroi du prêt en interdisant notamment tous frais de dossier et les commissions. La plupart des établissements bancaires ont mis en place ces prêts en partenariat avec des universités. Bank Audi, en partenariat avec l’Université Saint-Joseph propose par exemple un prêt à 0 % d’intérêt pour les étudiants recommandés par le service social de l’université (3 % pour les autres étudiants et les autres universités).
Le principe est commun à toutes les banques. L’étudiant ne rembourse pas le capital durant ses études. Il paie seulement les intérêts. Pour lui permettre de s’insérer sur le marché du travail, il bénéficie d’un an de grâce après son diplôme avant de commencer à rembourser l’emprunt sur une période de 10 ans maximum. À Byblos Bank, les prêts en cours en novembre 2012 représentent 14 millions de dollars depuis leur création en 2009, soit 866 étudiants dont 34 % bénéficient d’aides financières. Des prêts qui sont proposés en partenariat avec l’Agence française du développement depuis la signature d’un accord le 19 juillet 2012. L’AFD qui prête 25 millions de dollars à la Byblos Bank sur 14 ans à un taux variable dépendant de l’Euribor pour mettre en place ces produits. « Sans cette aide, nous ne serions jamais allés aussi loin dans le développement de ces prêts », reconnaît Élie Abou Khalil. Car pour faire bénéficier à ses clients d’un taux d’intérêt à 3 % pour un prêt en livres libanaises, la banque est autorisée à puiser dans ses réserves obligatoires auprès de la Banque centrale. Chaque banque est en effet astreinte à une réserve obligatoire déposée auprès de la BDL équivalente à 25 % de ses engagements à vue en livres et 15 % de ses engagements à terme en livres. En utilisant une part de ces réserves placées à la BDL à
0 %, elle est en mesure de proposer un taux d’intérêt faible aux étudiants. Le mécanisme de subvention à travers les réserves obligatoires étant en voie d’épuisement, la Banque centrale a lancé en janvier un nouveau plan de subvention des crédits dont la part essentielle est destinée aux prêts au logement (Le Commerce du Levant, n° 5637) mais dont une partie aussi est destinée aux prêts à l’éducation. La circulaire 313 datée du 14 janvier 2013 permet aux banques de s’endetter à un taux de 1 % pour obtenir un crédit en livres libanaises afin d’offrir aux étudiants des prêts à des taux d’intérêt de 3,5 %.
À la Blom Bank, les prêts représentent 5 à 6 % des montants accordés au cours de l’année 2012. La banque a signé un protocole avec l’Université américaine de Beyrouth aux côtés de la Fransabank pour participer à un programme de financement des étudiants issus de familles à faibles revenus. « D’habitude, les banques aiment prêter aux gens qui ont les moyens », note Élias Aractingi, directeur général de la Blom Bank et chef du département des produits de détail. Mais dans le cadre de ce partenariat, la banque fait le pari que le prêt sera remboursé à l’issue des études. « On table sur le fait que l’enfant va trouver un travail », conclut-il.
Fidéliser les jeunes
Pour convaincre les étudiants de souscrire à un prêt, les banques ne font pas beaucoup de publicité. Les universités partenaires leur adressent souvent les dossiers de demande, « nous sommes également présent lors des forums de recrutement », explique Élie Abou Khalil, selon qui ces méthodes sont plus efficaces qu’une campagne publicitaire grand public. Elle représenterait un investissement trop important au regard de la rentabilité de ces prêts. Selon la circulaire de la Banque centrale du Liban, les banques ne peuvent dépasser les 3 % de taux d’intérêt pour un prêt souscrit en livres libanaises (contre un taux d’intérêt moyen de prêt aux particuliers de 7,5 %, selon la Banque mondiale en 2011). Avec ce faible taux, le but pour les établissements bancaires n’est donc pas de faire du profit, mais de fidéliser la clientèle. Capter la clientèle jeune représente un défi pour les banques, car ils suivent souvent les choix de leurs amis ou de leurs familles lors de l’ouverture de leur premier compte et plus tard s’inscrivent dans la banque de leur employeur, explique Ronald Zirka. Avant 30 ans, le taux de fidélisation des clients est faible. Avec un prêt s’étalant entre 12 et 18 ans, la banque espère que le client restera dans son établissement à l’issue du remboursement.
Face à un taux d’intérêt bas, la marge des banques est faible. Pour compenser, certains établissements incitent donc leurs clients à prendre une assurance-vie lors de la souscription du prêt. Une assurance qui leur permet d’assurer le remboursement du prêt en cas de décès ou d’accident d’un des garants et de toucher des commissions lors de la contraction de l’assurance-vie. Certaines, comme la Blom Bank, l’offrent gratuitement aux étudiants.
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