Le bilan des banques libanaises en 2012 affiche une progression moindre que celle des années précédentes. En cause : l’instabilité régionale, syrienne en particulier, et les tensions politiques internes qui ont pesé sur la croissance du pays.
Le bilan du secteur non consolidé (c’est-à-dire sans prendre en compte les filiales étrangères) a augmenté de 8 % en 2012 pour atteindre 151,9 milliards de dollars en décembre, soit près de 3,5 fois la taille du PIB libanais. Cette progression est inférieure à celle de 2011 (9 %) et de 2010 (11,9 %).
Comme par le passé, le secteur a été tiré vers le haut par la hausse des dépôts, qui constituent la principale ressource des banques libanaises : les dépôts bancaires des secteurs privé et public ont augmenté de 8,5 % en 2012 et représentent 84 % du total des actifs, soit 127,7 milliards de dollars.
C’est officiellement le secteur privé résident qui fournit le gros des dépôts : 79 %, en hausse de 6,8 % par rapport à 2011. Mais la notion de résidence est floue, cet indicateur est donc à manier avec des pincettes. Les dépôts du secteur privé non résident ont augmenté à un rythme supérieur, de 13,3 %, pour former 18,9 % du total contre 18,1 % en 2011.
Baisse de la dollarisation des dépôts
La croissance des dépôts en livres libanaises, qui a représenté 49 % de la croissance totale en 2012 selon la Bank Audi, contribue à une nouvelle baisse relative du taux de dollarisation, à 64,8 % fin décembre. En 2011, celui-ci avait augmenté à 65,9 %, pour la première fois depuis 2008, en raison de la situation politique particulièrement tendue au premier semestre 2011, ainsi que l’instabilité régionale qui avait prévalu toute l’année.
Les crédits au secteur privé augmentent lentement
Les banques ont géré cet afflux de ressources en finançant en partie le secteur privé. Les crédits au secteur privé résident et non résident ont augmenté de 10,4 % à 43,5 milliards de dollars. Cela représente 28,6 % du total bilan. Quelque 87 % de ces crédits sont à destination du seul secteur privé résident. Les crédits qui lui ont été octroyés s’élèvent à 37,9 milliards de dollars, en augmentation de 10,6 % par rapport à 2011. Les crédits au secteur privé non résident ont, quant à eux, augmenté de 5,8 %, à 5,6 milliards de dollars.
Les crédits en livres ont été favorisés par les mesures d’exemption des réserves obligatoires prises par la BDL depuis quelques années pour faire face à l’augmentation des liquidités en monnaie nationale. Le ratio de dollarisation des crédits a ainsi touché un bas historique depuis deux décennies, de 77,6 % en décembre 2012. Au total, le ratio crédits sur dépôts a continué sa progression, à 34,8 %, contre 34 % en 2011, même s’il reste encore relativement faible. L’augmentation des crédits ne s’est pas faite au détriment de leur qualité. Le rapport trimestriel de la Bank Audi relève que le ratio de créances douteuses a été maintenu à son niveau de 3,5 %, avec environ 74,7 % d’entre elles provisionnées.
Pour la deuxième année consécutive depuis 2007, l’État a diminué son aide aux petites et moyennes entreprises en 2012. L’organisme de garantie de crédit Kafalat a garanti 1 025 emprunts d’une valeur totale de 138 millions de dollars. Cela représente une baisse annuelle de 19,4 % en volume et 16,4 % en valeur. Une baisse qui s’explique notamment par la frilosité des investisseurs dans l’agriculture : les prêts garantis destinés au secteur ont chuté de 23,8 %, selon la Bank Audi. Ils représentent 38,7 % du total des prix garantis. Ceux destinés à l’industrie ont chuté de 19,3 %, à 38,2 % du total des prêts garantis.
Un léger resserrement des marges d’intérêt
Les taux d’intérêt créditeur et débiteur moyens en livres libanaises ont tous les deux baissé, encouragés en cela par les directives de la Banque centrale : ils sont passés respectivement de 5,63 % et 7,38 % en décembre 2011 à 5,41 % et 7,07 % en décembre 2012. En conséquence de quoi la marge sur la livre a baissé de 9 points de base.
Sur le dollar en revanche, le taux d’intérêt créditeur moyen a quasiment stagné, suivant la tendance des taux internationaux (le Libor à trois mois n’a quasiment pas bougé) : il est passé de 2,83 % en décembre 2011 à 2,86 % en décembre 2012. Les taux d’intérêt sur les crédits en dollars ont quant à eux diminué, passant de 7,02 % en décembre 2011 à 6,87 % en décembre 2012. La marge sur le dollar a donc baissé, de 18 points de base.
Une exposition au secteur public en augmentation ?
Le secteur public constitue toujours un client important pour les banques commerciales, avec un portefeuille de bons du Trésor et d’eurobonds de 31,1 milliards de dollars en 2012, soit 41,7 % du total des crédits. Ce chiffre est en augmentation par rapport à 2011 : +6,5 %. Le montant des dépôts des banques commerciales à la Banque centrale a lui aussi augmenté, de 11,3 % en 2012, à 52,5 milliards de dollars. Quant aux certificats de dépôt, leur montant s’élève à 15,3 milliards de dollars, en chute de 4,9 % par rapport à 2011. Au total, l’exposition du secteur au risque souverain baisse légèrement, à 65,2 % (contre 65,8 % en 2011).
Une rentabilité au ralenti
Si les bénéfices du secteur bancaire libanais dans son ensemble en 2012 ne sont pas encore divulgués, le rapport trimestriel de la Bank Audi estime qu’ils sont en baisse de 0,6 %. Il en impute la raison au léger resserrement des marges d’intérêt ainsi qu’à la diminution des revenus issus des commissions et à l’augmentation des provisions nécessaires pour faire face à l’insécurité régionale. Les sept banques libanaises opérant en Syrie ont par exemple vu leurs profits diminuer de 46 % dans le pays, à 13,8 millions de dollars.
Et les 13 banques Alpha (celles dont les dépôts sont supérieurs à deux milliards de dollars) ont constitué des provisions à hauteur de 401 millions de dollars en 2012, soit 77,7 % de plus qu’en 2011.
Elles s’en sortent un peu mieux que le reste du secteur. Leur bénéfice non consolidé, et non encore audité, a augmenté de 1,4 %, à 1,4 milliard de dollars, selon Bankdata Financial Services. C’est la plus faible croissance enregistrée en dix ans. Leur bénéfice consolidé (avec les filiales étrangères) a, lui, augmenté de 7,8 %, à 1,7 milliard de dollars. « Ce sont en effet les filiales étrangères qui ont tiré la croissance des profits des banques Alpha », explique Dany Baz, directrice générale de Bankdata Financial Services. Elles représentent 18,9 % de l’actif total des banques, 24,6 % des prêts accordés et 16 % de leurs profits (contre 10,7 % en 2011)
Cette augmentation cache cependant de grandes disparités au sein du groupe : les cinq banques libanaises cotées à la Bourse de Beyrouth (Audi, Byblos, Blom, Bank of Beirut, Bemo) ont vu leurs bénéfices consolidés nets cumulés afficher une baisse de 2,1 % en 2012, à 965,9 millions de dollars.
Le bilan du secteur non consolidé (c’est-à-dire sans prendre en compte les filiales étrangères) a augmenté de 8 % en 2012 pour atteindre 151,9 milliards de dollars en décembre, soit près de 3,5 fois la taille du PIB libanais. Cette progression est inférieure à celle de 2011 (9 %) et de 2010 (11,9 %).
Comme par le passé, le secteur a été tiré vers le haut par la hausse des dépôts, qui constituent la principale ressource des banques libanaises : les dépôts bancaires des secteurs privé et public ont augmenté de 8,5 % en 2012 et représentent 84 % du total des actifs, soit 127,7 milliards de dollars.
C’est officiellement le secteur privé résident qui fournit le gros des dépôts : 79 %, en hausse de 6,8 % par rapport à 2011. Mais la notion de résidence est floue, cet indicateur est donc à manier avec des pincettes. Les dépôts du secteur privé non résident ont augmenté à un rythme supérieur, de 13,3 %, pour former 18,9 % du total contre 18,1 % en 2011.
Baisse de la dollarisation des dépôts
La croissance des dépôts en livres libanaises, qui a représenté 49 % de la croissance totale en 2012 selon la Bank Audi, contribue à une nouvelle baisse relative du taux de dollarisation, à 64,8 % fin décembre. En 2011, celui-ci avait augmenté à 65,9 %, pour la première fois depuis 2008, en raison de la situation politique particulièrement tendue au premier semestre 2011, ainsi que l’instabilité régionale qui avait prévalu toute l’année.
Les crédits au secteur privé augmentent lentement
Les banques ont géré cet afflux de ressources en finançant en partie le secteur privé. Les crédits au secteur privé résident et non résident ont augmenté de 10,4 % à 43,5 milliards de dollars. Cela représente 28,6 % du total bilan. Quelque 87 % de ces crédits sont à destination du seul secteur privé résident. Les crédits qui lui ont été octroyés s’élèvent à 37,9 milliards de dollars, en augmentation de 10,6 % par rapport à 2011. Les crédits au secteur privé non résident ont, quant à eux, augmenté de 5,8 %, à 5,6 milliards de dollars.
Les crédits en livres ont été favorisés par les mesures d’exemption des réserves obligatoires prises par la BDL depuis quelques années pour faire face à l’augmentation des liquidités en monnaie nationale. Le ratio de dollarisation des crédits a ainsi touché un bas historique depuis deux décennies, de 77,6 % en décembre 2012. Au total, le ratio crédits sur dépôts a continué sa progression, à 34,8 %, contre 34 % en 2011, même s’il reste encore relativement faible. L’augmentation des crédits ne s’est pas faite au détriment de leur qualité. Le rapport trimestriel de la Bank Audi relève que le ratio de créances douteuses a été maintenu à son niveau de 3,5 %, avec environ 74,7 % d’entre elles provisionnées.
Pour la deuxième année consécutive depuis 2007, l’État a diminué son aide aux petites et moyennes entreprises en 2012. L’organisme de garantie de crédit Kafalat a garanti 1 025 emprunts d’une valeur totale de 138 millions de dollars. Cela représente une baisse annuelle de 19,4 % en volume et 16,4 % en valeur. Une baisse qui s’explique notamment par la frilosité des investisseurs dans l’agriculture : les prêts garantis destinés au secteur ont chuté de 23,8 %, selon la Bank Audi. Ils représentent 38,7 % du total des prix garantis. Ceux destinés à l’industrie ont chuté de 19,3 %, à 38,2 % du total des prêts garantis.
Un léger resserrement des marges d’intérêt
Les taux d’intérêt créditeur et débiteur moyens en livres libanaises ont tous les deux baissé, encouragés en cela par les directives de la Banque centrale : ils sont passés respectivement de 5,63 % et 7,38 % en décembre 2011 à 5,41 % et 7,07 % en décembre 2012. En conséquence de quoi la marge sur la livre a baissé de 9 points de base.
Sur le dollar en revanche, le taux d’intérêt créditeur moyen a quasiment stagné, suivant la tendance des taux internationaux (le Libor à trois mois n’a quasiment pas bougé) : il est passé de 2,83 % en décembre 2011 à 2,86 % en décembre 2012. Les taux d’intérêt sur les crédits en dollars ont quant à eux diminué, passant de 7,02 % en décembre 2011 à 6,87 % en décembre 2012. La marge sur le dollar a donc baissé, de 18 points de base.
Une exposition au secteur public en augmentation ?
Le secteur public constitue toujours un client important pour les banques commerciales, avec un portefeuille de bons du Trésor et d’eurobonds de 31,1 milliards de dollars en 2012, soit 41,7 % du total des crédits. Ce chiffre est en augmentation par rapport à 2011 : +6,5 %. Le montant des dépôts des banques commerciales à la Banque centrale a lui aussi augmenté, de 11,3 % en 2012, à 52,5 milliards de dollars. Quant aux certificats de dépôt, leur montant s’élève à 15,3 milliards de dollars, en chute de 4,9 % par rapport à 2011. Au total, l’exposition du secteur au risque souverain baisse légèrement, à 65,2 % (contre 65,8 % en 2011).
Une rentabilité au ralenti
Si les bénéfices du secteur bancaire libanais dans son ensemble en 2012 ne sont pas encore divulgués, le rapport trimestriel de la Bank Audi estime qu’ils sont en baisse de 0,6 %. Il en impute la raison au léger resserrement des marges d’intérêt ainsi qu’à la diminution des revenus issus des commissions et à l’augmentation des provisions nécessaires pour faire face à l’insécurité régionale. Les sept banques libanaises opérant en Syrie ont par exemple vu leurs profits diminuer de 46 % dans le pays, à 13,8 millions de dollars.
Et les 13 banques Alpha (celles dont les dépôts sont supérieurs à deux milliards de dollars) ont constitué des provisions à hauteur de 401 millions de dollars en 2012, soit 77,7 % de plus qu’en 2011.
Elles s’en sortent un peu mieux que le reste du secteur. Leur bénéfice non consolidé, et non encore audité, a augmenté de 1,4 %, à 1,4 milliard de dollars, selon Bankdata Financial Services. C’est la plus faible croissance enregistrée en dix ans. Leur bénéfice consolidé (avec les filiales étrangères) a, lui, augmenté de 7,8 %, à 1,7 milliard de dollars. « Ce sont en effet les filiales étrangères qui ont tiré la croissance des profits des banques Alpha », explique Dany Baz, directrice générale de Bankdata Financial Services. Elles représentent 18,9 % de l’actif total des banques, 24,6 % des prêts accordés et 16 % de leurs profits (contre 10,7 % en 2011)
Cette augmentation cache cependant de grandes disparités au sein du groupe : les cinq banques libanaises cotées à la Bourse de Beyrouth (Audi, Byblos, Blom, Bank of Beirut, Bemo) ont vu leurs bénéfices consolidés nets cumulés afficher une baisse de 2,1 % en 2012, à 965,9 millions de dollars.