Après plus de deux ans de négociations difficiles, la Fédération des syndicats des employés de banque et l’Association des banques du Liban sont parvenues à un accord pour renouveler la convention collective des employés de banque. Les acquis sociaux sont préservés, mais le syndicat des employés n’a pas réussi à imposer aux banques l’augmentation légale des salaires de 25 % due au titre de la cherté de la vie.
« Une victoire ? Disons que c’était le minimum acceptable », explique Georges Hajj, président de la Fédération des syndicats des employés de banque (FSEB), en se référant à l’accord obtenu fin juillet pour le renouvellement de la convention collective des employés de banque. Garante des droits des employés du secteur depuis 1971, la convention collective des banques, renouvelée tous les deux ans jusqu’en 2008, définit la grille des premiers salaires versés, le temps de travail hebdomadaire, garantit l’assurance médicale et les indemnités de scolarité. Elle organise également les congés et les activités syndicales, répartit les allocations et les indemnités, dont les indemnités de logement et de déplacements. Première convention collective du Liban – la deuxième a été signée cette année dans le secteur de la téléphonie mobile (Le Commerce du Levant de mai 2013) –, elle fait d’autant plus office de référence qu’elle concerne l’un des secteurs économiques les plus importants du Liban avec près de 145 milliards de dollars d’actifs et 21 881 salariés.
Mais, pour la première fois depuis plus de trente ans, la convention a failli ne pas être renouvelée en raison de divergences profondes entre syndicat et patronat. Même la médiation du ministre du Travail, Sélim Jreissati, entamée en février dernier, a été à un doigt de l’échec. Les choses se sont débloquées après l’élection de François Bassil, PDG de la Byblos Bank, à la tête de l’ABL, avec qui un accord à l’arraché a été trouvé.
La principale pierre d’achoppement portait sur l’application de la hausse pour cherté de la vie aux 16 mois de salaire annuels dont bénéficient les employés de banque, en conformité avec la convention collective de 2008 et le décret sur la hausse généralisée des salaires, adopté en décembre 2012 par le gouvernement.
« Dans son article 9, la convention de 2008 prévoit que, à dater du 1er janvier 2009, en cas d’adoption d’un décret sur la cherté de la vie avec une hausse des salaires, celui-ci devra s’appliquer à la première tranche de salaire de chaque employé. Avant 2009, l’augmentation générale des salaires était, pour tout employé, égale à 135 dollars par mois », explique Georges Hajj.
Mais l’ABL refusait de l’appliquer, arguant que l’ancienne convention collective, qui rendait son application obligatoire, avait expiré en 2009 et que les négociations pour sa reconduction gelaient de facto l’augmentation, jusqu’à un accord final entre les deux partenaires.
Pour Makram Sader, alors secrétaire général de l’ABL, qui menait les négociations côté patronat, « appliquer la hausse aux 16 mois aurait représenté un coût insupportable pour un grand nombre de banques opérant sur la place de Beyrouth ».
Au final, le syndicat a été convaincu d’abandonner cette revendication.
« Les employés pourront réclamer cette augmentation à titre individuel, dans le cadre des bilans de compétences annuels auxquels ils sont soumis, mais les directions auront la liberté de le leur refuser », explique encore Georges Hajj, qui se dit sans illusion, cependant, sur les chances pour un employé qui la réclamerait de l’obtenir.
En contrepartie, l’ABL a renoncé à remettre en cause des acquis, que la convention de 2008 garantissait jusque-là, comme le salaire payé sur 16 mois (l’ABL voulait revenir à un rééchelonnement sur 12 mois) ou les 35 heures de travail hebdomadaire (l’ABL souhaitait passer à 42 heures).
« Au stade où nous en étions, il n’y avait pas de troisième choix : ou nous acceptions et signions, ou nous refusions et allions à un conflit dur. Nous avons estimé qu’en l’absence de sécurité politique et de gouvernement, mieux valait qu’un texte légal protège les salariés du secteur », reprend Georges Hajj.
Un statu quo qui laisse un goût amer au syndicat des employés. Qu’à cela ne tienne : un nouveau round de négociations devrait débuter en juin 2014, pour envisager la future convention collective, qui cette fois-ci s’appliquera de 2014 à 2016.
Mais, pour la première fois depuis plus de trente ans, la convention a failli ne pas être renouvelée en raison de divergences profondes entre syndicat et patronat. Même la médiation du ministre du Travail, Sélim Jreissati, entamée en février dernier, a été à un doigt de l’échec. Les choses se sont débloquées après l’élection de François Bassil, PDG de la Byblos Bank, à la tête de l’ABL, avec qui un accord à l’arraché a été trouvé.
La principale pierre d’achoppement portait sur l’application de la hausse pour cherté de la vie aux 16 mois de salaire annuels dont bénéficient les employés de banque, en conformité avec la convention collective de 2008 et le décret sur la hausse généralisée des salaires, adopté en décembre 2012 par le gouvernement.
« Dans son article 9, la convention de 2008 prévoit que, à dater du 1er janvier 2009, en cas d’adoption d’un décret sur la cherté de la vie avec une hausse des salaires, celui-ci devra s’appliquer à la première tranche de salaire de chaque employé. Avant 2009, l’augmentation générale des salaires était, pour tout employé, égale à 135 dollars par mois », explique Georges Hajj.
Mais l’ABL refusait de l’appliquer, arguant que l’ancienne convention collective, qui rendait son application obligatoire, avait expiré en 2009 et que les négociations pour sa reconduction gelaient de facto l’augmentation, jusqu’à un accord final entre les deux partenaires.
Pour Makram Sader, alors secrétaire général de l’ABL, qui menait les négociations côté patronat, « appliquer la hausse aux 16 mois aurait représenté un coût insupportable pour un grand nombre de banques opérant sur la place de Beyrouth ».
Au final, le syndicat a été convaincu d’abandonner cette revendication.
« Les employés pourront réclamer cette augmentation à titre individuel, dans le cadre des bilans de compétences annuels auxquels ils sont soumis, mais les directions auront la liberté de le leur refuser », explique encore Georges Hajj, qui se dit sans illusion, cependant, sur les chances pour un employé qui la réclamerait de l’obtenir.
En contrepartie, l’ABL a renoncé à remettre en cause des acquis, que la convention de 2008 garantissait jusque-là, comme le salaire payé sur 16 mois (l’ABL voulait revenir à un rééchelonnement sur 12 mois) ou les 35 heures de travail hebdomadaire (l’ABL souhaitait passer à 42 heures).
« Au stade où nous en étions, il n’y avait pas de troisième choix : ou nous acceptions et signions, ou nous refusions et allions à un conflit dur. Nous avons estimé qu’en l’absence de sécurité politique et de gouvernement, mieux valait qu’un texte légal protège les salariés du secteur », reprend Georges Hajj.
Un statu quo qui laisse un goût amer au syndicat des employés. Qu’à cela ne tienne : un nouveau round de négociations devrait débuter en juin 2014, pour envisager la future convention collective, qui cette fois-ci s’appliquera de 2014 à 2016.
Nadim : « Les employés n’ont pas beaucoup d’atout en main » Nadim, cadre supérieur d’une banque libanaise, travaille dans le secteur depuis 29 ans. Même si son poste lui permet de maintenir certains avantages dont un salaire de 7 000 dollars par mois, soit 112 000 dollars annuels répartis sur 16 mois, il assure que les banques ont pris depuis quelques années des mesures plus restrictives : les augmentations annuelles ou au mérite, que pouvaient toucher les employés, n’ont pas été attribuées depuis maintenant trois ans. « Les employés ont perdu une partie de leur pouvoir d’achat, constate-il. Il faut maintenir les avantages jusqu’alors définis par la convention, c’est certain. » Même s’il n’est que peu concerné par ces restrictions, il se dit pessimiste :« Crise oblige, les employés n’ont guère de moyens de pression pour préserver leurs droits. » Lara : « Mon pouvoir d’achat a baissé » Lara, assistante du directeur général d’une banque libanaise, a rejoint la Fédération des syndicats des employés de banque il y a trois ans pour défendre ses droits qui se sont « largement dégradés en 33 ans de métier ». Bénéficiant toujours de la totalité de ses congés et effectuant quelques heures supplémentaires, Lara touche 1 450 dollars par mois, soit 23 200 dollars par an, qui, aujourd’hui, ne lui permettent plus d’avoir le même niveau de vie qu’il y a quelques années. « Mon pouvoir d’achat a baissé », dit-elle pour justifier son attachement à l’application des 25 % de cherté de vie aux 16 mois de salaire. Une bataille désormais perdue. |