Un article du Dossier
Peut-on éviter la Syrie ?
Environ 70 % de la production de salades d’Alphagreen est à destination des marchés du Golfe, en premier lieu, de l’Arabie saoudite. 35 % de sa production est transportée par avion. « Nous livrons ainsi dans en moins de trois jours afin de garantir la fraîcheur du produit. Mais tous les aéroports du Golfe ne sont pas équipés pour recevoir du fret cargo. Nous ne pouvons guère augmenter le ratio de marchandises voyageant par avion. » Le reste de sa production, à destination de l’Arabie saoudite, transite donc par les routes syriennes, pour rejoindre la Jordanie puis continuer vers le Golfe. « Nous passons, mais les coûts et les délais ont été multipliés sans que nous puissions les répercuter sur le prix de vente : nos contrats ont été signés avant la guerre et nos clients ont des contraintes financières qui ne leur permettent pas de les assumer. Pour nous, c’est une perte sèche, à notre charge. » Pour se prémunir d’un pourrissement de la situation, Oliver Fayssal a choisi de geler ses projets et de diminuer sa production de 30 % environ « pour limiter au mieux le risque de perte ». Le danger, selon lui ? Que la frontière libano-syrienne soit réellement bloquée, comme cela a été le cas, en avril dernier, lorsque le pouvoir syrien a fermé ses frontières terrestres avec le Liban, en représailles à la rupture de livraison de fuel, côté libanais. « À part un “navire routier”, qui permet au camion de voyager sur mer, aucune autre alternative ne pourra nous sauver. » L’option a existé pendant la “crise du fuel”. Dès la réouverture des frontières cependant, la voie terrestre a été privilégiée et l’entreprise qui s’était installée au port de Beyrouth a cessé son activité faute de clients.