Indienne, Géraldine rentre chez elle après avoir été brutalement violée. Traumatisée, elle refuse de parler, ce qui va entraîner son fils, Joe, à mener l'enquête. Indienne elle-même, Louise Erdrich, 59 ans, une dizaine de romans à son actif dont le superbe “La malédiction des colombes”, mêle dans son œuvre fiction et ethnographie pour mieux recoller entre eux les morceaux d’une “identité indienne”, niée encore aujourd’hui. « J’écris pour que les Indiens survivent », assure-t-elle dans un entretien au magazine Elle. Et l’on songe forcément à la grande romancière américaine Tony Morrison, qui a su redonner aux Noirs américains une voix et même une histoire. Comme elle, Louise Erdrich fait œuvre de rédemption. « Mon dessein, c'est de raconter des histoires qui permettent de découvrir les mythes cachés dans les profondeurs du quotidien, si sombre soit-il. »
Couronné par le prestigieux National Book Award, “Dans le silence du vent” n’a rien d’un livre sombre. Au contraire, son écriture, d’une simplicité bienfaitrice, explore la notion de justice, de bien et de mal à travers la voix d'un adolescent indien de treize ans. « Elle s'élevait vers un lieu d'extrême solitude dont on risquait de ne jamais la ramener », dit le petit Joe, en évoquant sa mère, recluse dans sa chambre, à l’étage de la maison familiale. Mais Joe va devoir admettre que leur vie ne sera plus jamais comme avant. Il n'aura alors d'autre choix que de mener sa propre vengeance, pour sauver, croit-il, sa mère et sa famille. Une vengeance qui marquera pour lui la fin de l'innocence. Un très grand roman d’apprentissage “à l’américaine”, dans la veine de William Faulkner.
Albin Michel 2013, traduction de l’anglais (USA), 470 pages,
30 dollars.