Qu’est-ce qu’un vin mythique ? Avant tout le fruit d’une expérience personnelle, forcément subjective, qui en appelle aux souvenirs, au décor ou aux êtres qui ont pu être associés à sa dégustation. Dans ce cas, un “petit” Croze-Hermitage, fleurant bon la garrigue, ou plus surprenant encore, un vin de Sologne pourront tout aussi bien prétendre à l’appellation “vins mythiques” qu’un Pétrus 1961, ou un Cheval Blanc 1947.
Pourtant, l’homme essaie toujours de mettre de l’ordre dans sa subjectivité. Il se plaît à hiérarchiser le foisonnement et tente de trouver des critères objectifs pour rendre son appréciation plus intangible. Un “vin mythique” correspond alors à un vin dont le nom est entré dans le patrimoine culturel, et dont l’évocation renvoie à la fois à la permanence du nom, à la rareté et à l’excellence des flacons. « En les goûtant, on goûte toujours un peu plus qu’un vin. Ces expériences sont à la fois un voyage gustatif, car à la dégustation ces vins tiennent leur rang, avec ce supplément d’intensité, de complexité, de finesse et de longueur que l’on attend d’eux ; et un voyage dans le temps et dans l’imaginaire qui leur est associé », explique le critique David Cobbold sur son blog Ecce Vino.
Ce sont de fait des vins à l’image des entreprises du CAC 40 : un club très fermé, qui regroupe l’élite des châteaux bordelais et des domaines bourguignons. Quinze à trente tout au plus, parvenus au sommet de la gastronomie mondiale. Quelques propriétés du Nouveau Monde ont tout de même réussi à s’imposer dans ce club. Les amateurs du monde entier se les arrachent à prix forts ; les tarifs s’affolent jusqu’à valoir plusieurs centaines de milliers de dollars pour des flacons rares, des millésimes anciens… Parmi les plus belles enchères, on compte une bouteille de Romanée-Conti (1959) vendue à 7 552 euros, à Paris, en 2006. La même année, un Mouton Rothschild (1945) a été adjugé à 5 664 euros dans une vente aux enchères quand un Musigny Vieilles Vignes (1949), lui, a été acquis pour 2 831 euros. Enfin, pour un Cros Parantoux, d’Henri Jayer (1990), un acheteur inconnu a déboursé quelque 16 445 euros, toujours aux enchères en 2012.
Bordeaux : la primeur historique
Parmi les bordelais, une dizaine de propriétés planent au-dessus du peloton des quelque 9 000 producteurs de vins. Dix domaines dont la notoriété est d’ailleurs inversement proportionnelle à la surface qu’elles occupent : un peu plus de 560 hectares, soit moins de 0,5 % du vignoble bordelais dans son ensemble. Quant à leur production, si elle pèse peu en volume (moins de 2 millions de bouteilles), elle rapporte très gros : au grand barnum des primeurs, ce système qui permet de vendre à l’avance la production bordelaise, ce sont ces châteaux qui atteignent les prix les plus faramineux. Plus de 1 000 euros la bouteille en 2009, année d’excellence pour huit de ces locomotives bordelaises.
Parmi eux, on retrouve les vins du classement de 1855 : les Châteaux Margaux, Latour, Lafite et Haut-Brion. Ce classement a été élaboré en 1855, à la demande de Napoléon III, qui préparait alors l’exposition universelle de Paris. Il n’a été révisé qu’une seule fois en 1973 pour faire accéder à son tour Château Mouton Rothschild au rang de “primus inter pares”.
Depuis, les grands crus classés de Saint-Émilion, réunis quant à eux dans le classement de 1955, sont aussi venus les concurrencer. Véritable enjeu commercial et financier, ce palmarès est révisé tous les 10 ans et, chaque fois, de grandes propriétés le contestent en justice. Aujourd’hui, on compte quatre noms en son sein : Château Ausone, Cheval Blanc, Pavie et Angélus. À ces deux grands classements s’ajoutent enfin quelques châteaux qui ont su tirer leur épingle du jeu en solitaire : Château Yquem en Sauternes ou Pétrus pour Pomerol.
La Bourgogne élitiste
Côté Bourgogne, l’autre grande région vinicole de France, ce sont quelque 33 grands crus, dont les noms se chuchotent avec d’autant plus de discrétion qu’ils sont rares et atteignent des sommets en matière de prix. Ces grands crus, qui se répartissent sur trois régions (Chablis, côte de Nuits et côte de Beaune), ne représentent que 1,5 % de la production bourguignonne. Ils sont issus de parcelles particulièrement privilégiées et portent des noms étranges, presque exotiques : Clos-Vougeot, Romanée-Conti… Les grands crus sont dégustés chaque année à l’aveugle par un panel de professionnels et tous risquent le déclassement en premier cru si la qualité n’est pas au rendez-vous.
Moins cotés (à l’exception notable du Cros Parantoux d’Henri Jayer), les premiers crus sont les vins issus des parcelles les mieux situées : à flanc de coteaux, leur exposition est idéale. Ces vins affichent sur la bouteille le nom du terroir (appelé “climat” en Bourgogne), suivi du terme “premier cru”. Ils représentent 10 % des volumes de la région.
Pourtant, l’homme essaie toujours de mettre de l’ordre dans sa subjectivité. Il se plaît à hiérarchiser le foisonnement et tente de trouver des critères objectifs pour rendre son appréciation plus intangible. Un “vin mythique” correspond alors à un vin dont le nom est entré dans le patrimoine culturel, et dont l’évocation renvoie à la fois à la permanence du nom, à la rareté et à l’excellence des flacons. « En les goûtant, on goûte toujours un peu plus qu’un vin. Ces expériences sont à la fois un voyage gustatif, car à la dégustation ces vins tiennent leur rang, avec ce supplément d’intensité, de complexité, de finesse et de longueur que l’on attend d’eux ; et un voyage dans le temps et dans l’imaginaire qui leur est associé », explique le critique David Cobbold sur son blog Ecce Vino.
Ce sont de fait des vins à l’image des entreprises du CAC 40 : un club très fermé, qui regroupe l’élite des châteaux bordelais et des domaines bourguignons. Quinze à trente tout au plus, parvenus au sommet de la gastronomie mondiale. Quelques propriétés du Nouveau Monde ont tout de même réussi à s’imposer dans ce club. Les amateurs du monde entier se les arrachent à prix forts ; les tarifs s’affolent jusqu’à valoir plusieurs centaines de milliers de dollars pour des flacons rares, des millésimes anciens… Parmi les plus belles enchères, on compte une bouteille de Romanée-Conti (1959) vendue à 7 552 euros, à Paris, en 2006. La même année, un Mouton Rothschild (1945) a été adjugé à 5 664 euros dans une vente aux enchères quand un Musigny Vieilles Vignes (1949), lui, a été acquis pour 2 831 euros. Enfin, pour un Cros Parantoux, d’Henri Jayer (1990), un acheteur inconnu a déboursé quelque 16 445 euros, toujours aux enchères en 2012.
Bordeaux : la primeur historique
Parmi les bordelais, une dizaine de propriétés planent au-dessus du peloton des quelque 9 000 producteurs de vins. Dix domaines dont la notoriété est d’ailleurs inversement proportionnelle à la surface qu’elles occupent : un peu plus de 560 hectares, soit moins de 0,5 % du vignoble bordelais dans son ensemble. Quant à leur production, si elle pèse peu en volume (moins de 2 millions de bouteilles), elle rapporte très gros : au grand barnum des primeurs, ce système qui permet de vendre à l’avance la production bordelaise, ce sont ces châteaux qui atteignent les prix les plus faramineux. Plus de 1 000 euros la bouteille en 2009, année d’excellence pour huit de ces locomotives bordelaises.
Parmi eux, on retrouve les vins du classement de 1855 : les Châteaux Margaux, Latour, Lafite et Haut-Brion. Ce classement a été élaboré en 1855, à la demande de Napoléon III, qui préparait alors l’exposition universelle de Paris. Il n’a été révisé qu’une seule fois en 1973 pour faire accéder à son tour Château Mouton Rothschild au rang de “primus inter pares”.
Depuis, les grands crus classés de Saint-Émilion, réunis quant à eux dans le classement de 1955, sont aussi venus les concurrencer. Véritable enjeu commercial et financier, ce palmarès est révisé tous les 10 ans et, chaque fois, de grandes propriétés le contestent en justice. Aujourd’hui, on compte quatre noms en son sein : Château Ausone, Cheval Blanc, Pavie et Angélus. À ces deux grands classements s’ajoutent enfin quelques châteaux qui ont su tirer leur épingle du jeu en solitaire : Château Yquem en Sauternes ou Pétrus pour Pomerol.
La Bourgogne élitiste
Côté Bourgogne, l’autre grande région vinicole de France, ce sont quelque 33 grands crus, dont les noms se chuchotent avec d’autant plus de discrétion qu’ils sont rares et atteignent des sommets en matière de prix. Ces grands crus, qui se répartissent sur trois régions (Chablis, côte de Nuits et côte de Beaune), ne représentent que 1,5 % de la production bourguignonne. Ils sont issus de parcelles particulièrement privilégiées et portent des noms étranges, presque exotiques : Clos-Vougeot, Romanée-Conti… Les grands crus sont dégustés chaque année à l’aveugle par un panel de professionnels et tous risquent le déclassement en premier cru si la qualité n’est pas au rendez-vous.
Moins cotés (à l’exception notable du Cros Parantoux d’Henri Jayer), les premiers crus sont les vins issus des parcelles les mieux situées : à flanc de coteaux, leur exposition est idéale. Ces vins affichent sur la bouteille le nom du terroir (appelé “climat” en Bourgogne), suivi du terme “premier cru”. Ils représentent 10 % des volumes de la région.