On s’imagine embarqué à bord d’une voiture bondissante, à pleine vitesse, par une nuit sans lune. On entendrait alors le crissement de pneus, lorsque le conducteur partirait dans un virage dans un tête-à-queue suicidaire… C’est cela “Sinalcol”, le dernier roman d’Élias Khoury : une œuvre emmêlée, un kaléidoscope compliqué, portrait en mille éclats d’un pays jamais à court de contradictions : le Liban. Une œuvre, aussi bien absurde que nécessaire, décousue qu’intelligente.
Le roman “Sinalcol” (“sans alcool”, en espagnol, le surnom d’un milicien) débute par sa fin : au moment où le Dr Karim Chammas se prépare à quitter Beyrouth. Il y était revenu construire un hôpital à la demande de son frère Nassim, par ailleurs milicien Kataëb… Six mois plus tard, Chammas repart en France. Entre-temps, il aura beaucoup appris des secrets familiaux ; le projet d’hôpital est tombé à l’eau ; ses amours ont tourné court et, surtout, il a vu ses anciens camarades de la gauche laïque se complaire dans leurs habits neufs d’islamistes.
« Sa vie était devenue un miroir brisé… », explique le narrateur.
L’occasion pour l’auteur de “La Porte du soleil” d’aborder le Liban de la guerre, un “espace” où le conflit politique et confessionnel a depuis longtemps échappé à tout entendement. « Il n’était pas revenu au Liban pour l’hôpital, mais à la recherche de Sinalcol et des souvenirs de l’expérience qu’il avait vécue à Tripoli pendant la guerre, sa grande épreuve de vie et de mort. »
Au fil des souvenirs de cet antihéros, le lecteur se retrouve au cœur de l’histoire du pays, au creux aussi de cette “libanité”, une notion toujours en attente d’une harmonisation collective.
“Sinalcol”, Élias Khoury, Sindbab, Actes Sud, 413 pages, 30 dollars.
Le roman “Sinalcol” (“sans alcool”, en espagnol, le surnom d’un milicien) débute par sa fin : au moment où le Dr Karim Chammas se prépare à quitter Beyrouth. Il y était revenu construire un hôpital à la demande de son frère Nassim, par ailleurs milicien Kataëb… Six mois plus tard, Chammas repart en France. Entre-temps, il aura beaucoup appris des secrets familiaux ; le projet d’hôpital est tombé à l’eau ; ses amours ont tourné court et, surtout, il a vu ses anciens camarades de la gauche laïque se complaire dans leurs habits neufs d’islamistes.
« Sa vie était devenue un miroir brisé… », explique le narrateur.
L’occasion pour l’auteur de “La Porte du soleil” d’aborder le Liban de la guerre, un “espace” où le conflit politique et confessionnel a depuis longtemps échappé à tout entendement. « Il n’était pas revenu au Liban pour l’hôpital, mais à la recherche de Sinalcol et des souvenirs de l’expérience qu’il avait vécue à Tripoli pendant la guerre, sa grande épreuve de vie et de mort. »
Au fil des souvenirs de cet antihéros, le lecteur se retrouve au cœur de l’histoire du pays, au creux aussi de cette “libanité”, une notion toujours en attente d’une harmonisation collective.
“Sinalcol”, Élias Khoury, Sindbab, Actes Sud, 413 pages, 30 dollars.