Jaber Alwan aime les femmes, l’érotisme de leurs formes et la “musique” que leur corps dégage. De la musique ? Oui : pour ce peintre né en 1948 en Irak, la couleur est comme une mélodie qui donne vie et sens à sa peinture. « Tout au long de l’histoire, la femme a été représentée de nombreuses façons : souvent comme une déesse, parfois comme une mère, presque toujours comme le symbole de la beauté. Au final toutefois, elle restait un objet. J’ai choisi de regarder derrière ces étiquettes », explique l’artiste irakien, qui vit depuis les années 1970 à Rome, en Italie. « Regarder derrière » : pour Jaber Alwan cela signifie donner vie aux états d’âme de ses modèles. Bonheur, souffrance, passion ou rage… Qu’importe pourvu qu’ils ne soient plus seulement une coquille vide. Alwan sculpte la couleur, arrachant à sa palette la nuance inédite en mesure de traduire les sentiments. Pour son ami, le poète saoudien Abdel Rahman Munif, ce talent est unique parmi les peintres arabes. « Il a une extraordinaire palette de nuances et de couleurs. » En 1985, la municipalité de Rome lui a accordé le prix du meilleur artiste de la ville. Jaber fut le premier étranger à recevoir ce prix, autrefois accordé à Fellini. « Il était récompensé pour son extraordinaire talent de coloriste », ajoute Munif. Aujourd’hui, Beyrouth lui consacre une première grande rétrospective. En résidence dans la capitale pour quelques mois, le peintre a même créé plusieurs œuvres, directement inspirées des tensions politiques actuelles dans le monde arabe. Rouge pour la violence, ou bleu pour la tristesse ?
Beirut Exhibition Center.
Du 15 janvier au 23 février 2014. Tél. : 01/962000.