L’immobilier représente un pilier du groupe Saradar qui y a réinvesti toutes les liquidités dégagées après la fusion avec Audi, jusqu’à atteindre un seuil jugé optimal d’un bon tiers de ses avoirs. L’essentiel du portefeuille foncier – logé dans les deux filiales Immobilière Saradar et Société foncière Saïfi – est au Liban, mais l’objectif est désormais d’entamer une diversification géographique à travers l’acquisition d’immobilier de rendement à l’étranger. Le groupe a aussi racheté en 2011 à Audi 81 % de la CGI, une société qu’il avait créée en 1997, pour développer des projets immobiliers avec des partenaires. Il est en outre actionnaire à 45 % de Cedrar, en partenariat avec Carlos Ghosn (45 % aussi), une société qui a acquis 120 000 m2 de terrains aux Cèdres dans l’objectif d’y développer un complexe touristique. Enfin, le groupe envisage de lancer une activité de Construction Management qui s’adosserait au début aux projets de CGI et pourrait se positionner sur un marché jugé très prometteur. « Nous sommes les premiers à avoir investi à Gemmayzé avec l’acquisition du terrain de la Sainte-Famille. Difficile aujourd’hui de trouver une parcelle de 7 000 m2 en zone 1 dans ce quartier », explique Michel Georr, PDG de CGI. Au total, la société a levé 200 millions de dollars de fonds propres sur ses différents projets dont le chiffre d’affaires global espéré est de 720 millions de dollars pour 577 000 m2 de surfaces bâties. Après avoir développé des projets dans Beyrouth, CGI s’est éloignée du centre pour contribuer au développement des friches de la Corniche du Fleuve avec le projet Urban Dreams. « Nous poussons désormais cette logique un peu plus loin encore avec notre nouveau projet à la Quarantaine. C’est un vrai pari : un projet très haut de gamme vendu dans un environnement urbain et social défavorisé. » Quelque 25 millions de dollars ont été levés pour ce projet dont 18 millions pour l’acquisition du terrain de 3 700 m2. L’architecte Christian Portzamparc a conçu des plateaux de bureaux de 2 000 m2 pour accueillir de grandes entreprises. Le projet comprendra aussi quelques unités résidentielles en haut de la tour ainsi que le futur musée d’art libanais du groupe Saradar.
« Nous avons tendance à l’optimisme, c’est dans notre culture d’entreprise. Le Liban a de grosses opportunités en perspective si la Syrie va mieux un jour et si les découvertes gazières en Méditerranée se concrétisent.



Un musée dédié à l’art libanais
Quelque 10 % des bénéfices du groupe Saradar sont alloués par les actionnaires soit à la Fondation Saradar aujourd’hui concentrée sur la promotion des talents libanais, notamment sportifs, soit à la constitution de la première collection d’art libanais du pays à laquelle sera dédié un musée. « Nous disposons d’un budget global d’une quinzaine de millions de dollars, dont cinq millions pour l’achat des œuvres », précise Mario Saradar.
« Au départ, l’art est pour nous un investissement. C’est un actif comme un autre. Il a d’ailleurs bien pris de la valeur. Mais l’objectif est désormais aussi de promouvoir l’art libanais. Il existe déjà des collections libanaises dédiées à un artiste en particulier, mais nous sommes les premiers à avoir adopté une démarche globale. »  Tous les achats sont validés par un comité d’experts composé de Saleh Barakat, Joseph Tarrab, Gregory Buchakjian, Sandra Dagher, Christine Tohmé et Jessica Morgan, curatrice au Tate Museum.
Le statut juridique du musée qui devrait dépendre de la Fondation Saradar est encore à l’étude. En revanche son emplacement est déjà trouvé : il occupera le bas du futur immeuble du groupe à la Quarantaine dont l’architecture a été confiée à Christian Portzamparc.
La collection comporte déjà une soixantaine d’œuvres. « Nous nous concentrons sur les œuvres modernes et contemporaines majeures pour commencer, précise Mario Saradar. C’est un projet sur cinq ans au moins. »