Kader Attia se définit souvent « comme un chercheur, bien plus que comme un artiste ». Dans l’exposition que lui consacre le Beirut Art Center (BAC), jusqu’au 22 août 2014, c’est bien le cas. Au final, peu des œuvres présentées ici sont le fruit des mains de Kader Attia. La plupart ont été trouvées, chinées, puis réagencées pour leur donner un autre sens.
Kader Attia, qui vit et travaille à Berlin, aime l’entre-deux, la tension entre différents « usages du monde ». Ce goût pour les lignes de fractures lui vient d’une vie métissée : juif d’origine algérienne, il est né en 1970 dans la banlieue parisienne. À 11 ans, il était vendeur sur les marchés de Sarcelles ; à 18, il entrait à Duperré, la prestigieuse école de dessin parisienne. Il en sortira diplômé en 1993. Puis ce sera les Beaux-Arts de Barcelone avant plusieurs années de coopération au Congo.
Le brassage n’est donc jamais loin et aujourd’hui il s’en inspire. Comme dans le cas de cette immense installation, Kasbah, réalisée en 2009, présentée au BAC. Tôle ondulée, palettes, pneus, antennes paraboliques… Autant de débris de notre société de consommation qui finissent dans les bidonvilles du monde entier, où ce nouveau lump en prolétariat se les réapproprie.  L’œuvre, présentée au BAC, est cependant originale : cette fois, c’est à partir de matériaux glanés à Beyrouth et dans les environs qu’il l’a construite. Collectés puis assemblés, ces déchets ont été posés au sol en référence aux bidonvilles où vivent ceux que les Libanais ne veulent pas voir : Syriens, Égyptiens ou Indiens…
Beirut Art Center, Corniche du Fleuve, Beyrouth.
Jusqu’au 24 août 2014.
www.beirutartcenter.org,
Tél. : 01/397018.