Délaissé quelque peu l’an dernier au profit d’un marché d’actions en pleine croissance, le segment des obligations pourrait de nouveau avoir la cote cette année, notamment en cas de recul généralisé des valeurs boursières et de nouvelles opérations monétaires non conventionnelles hors États-Unis. Les performances actuelles laissent entrevoir des résultats positifs. « Au premier trimestre, les dettes subordonnées en euro ont enregistré une performance de 3,6 %, tandis qu’en dollar les dettes d’entreprises non financières ont surperformé, avec 3,3 %. En outre, parmi les dettes souveraines, la dette espagnole a enregistré une haute performance, à 5,9 % jusqu’à fin mars », indique Christina Azouri, du Crédit agricole suisse.
Le taux de rendement sur l’emprunt à 10 ans du Trésor américain a commencé à grimper, avec l’annonce du début du durcissement monétaire, frôlant les 3 %, contre des taux inférieurs à 2 % durant les pics du programme d’assouplissement monétaire. Mais les investisseurs restent méfiants, dans l’attente de nouvelles mesures aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. « Avec la hausse prévue des taux directeurs de la Fed en 2015, les investisseurs positionnés à long terme risquent de perdre beaucoup d’argent en raison du recul des prix de leurs obligations », explique Peter Yeates de la banque britannique HSBC. Quant aux nouveaux acquéreurs, certains craignent une hausse plus rapide qu’anticipée des taux d’intérêt qui aurait le même effet sur la valeur de leurs actifs.
Dans la conjoncture actuelle, le marché semble s’orienter néanmoins vers une stabilisation, voire une légère hausse des taux d’emprunt. « Les États-Unis ont intérêt à maintenir un niveau de taux relativement bas pour éviter que le crédit hypothécaire ne devienne cher avant d’avoir parachevé la sortie de la crise immobilière », tempère Patrick George de FFA Private Bank. Selon lui, les taux d’emprunt à 10 ans aux États-Unis devraient ainsi continuer d’osciller entre 2,5 % et
3 % durant l’année en cours.
Cette configuration de faible variation des taux risque toutefois de ne pas s’appliquer ailleurs. Au Royaume-Uni, où la croissance économique et l’inflation progressent assez rapidement, les autorités monétaires pourraient se résoudre à augmenter leur taux directeur plus tôt que leurs pairs américains, estime de son côté Peter Yeates.
Dans la zone euro, les pronostics et les calculs sont, quant à eux, aux antipodes des deux grands marchés anglo-saxons. Les craintes d’une déflation, couplée à une faible croissance, pourraient pousser les autorités monétaires à adopter un plan similaire à celui lancé en septembre 2012 par la Réserve fédérale. Mais la Banque centrale européenne (BCE) semble s’y prendre avec prudence. Durant sa dernière réunion, au mois d’avril, son président, Mario Draghi, a précisé que la BCE ne se lancera pas dans un vaste programme d'achats d'actifs – il a évoqué 1 000 milliards d'euros – que si « les perspectives d'inflation à moyen terme se dégradaient ».
Appétit pour les bons européens “périphériques”
Les investisseurs sont eux aussi dans l’expectative. Un éventuel Quantitative Easing européen devrait affecter positivement le marché obligataire, en exerçant une pression à la baisse sur les taux d’emprunt, ce qui engendrerait une hausse des prix des actifs. Mais les rendements, déjà très faibles, risquent de ne pas susciter un grand appétit parmi les investisseurs, même en cas d’injections massives de liquidités, estiment certains. La HSBC conseille ainsi à ses clients d’éviter les économies développées, en termes de placements obligataires, sauf pour les obligations privées à court ou à moyen terme, tandis que le Crédit Agricole Suisse se positionne en Europe prioritairement sur les “souverains périphériques”, c’est-à-dire les bons du Trésor de pays comme l’Italie ou l’Espagne, où les rendements sont plus élevés qu’ailleurs.
Les investisseurs en quête de rendements plus juteux continuent, de leur côté, de s’orienter vers les obligations des pays émergents classées “Investment grade”, pour les conservateurs parmi eux, voire “High Yield” pour les profils plus agressifs. « Dans des pays comme l’Ukraine, le Venezuela ou la Mongolie, il est encore possible de trouver des taux de rendement annuels qui varient autour de 10 %. Certaines obligations, comme celles émises par Petróleos de Venezuela (PDVSA) ou l’Électricité de Karakas paient même jusqu’à 16 % par an », précise Georges Abboud, directeur de la banque privée de la BlomInvest.
Mais ces fortes rémunérations, couplées à un risque-pays élevé, ne sont pas le seul critère de sélection. Selon Youssef Kamel, cogérant du fonds Future Trends Capital Fund, outre le niveau de rendement et les éventuelles politiques monétaires accommodantes ou plus restrictives de la BCE et de la Fed, le choix d’allocation sur le marché obligataire sera surtout tributaire de l’évolution du marché boursier, lequel risque de connaître une
« baisse substantielle », dit-il, dans les mois à venir.
Le taux de rendement sur l’emprunt à 10 ans du Trésor américain a commencé à grimper, avec l’annonce du début du durcissement monétaire, frôlant les 3 %, contre des taux inférieurs à 2 % durant les pics du programme d’assouplissement monétaire. Mais les investisseurs restent méfiants, dans l’attente de nouvelles mesures aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. « Avec la hausse prévue des taux directeurs de la Fed en 2015, les investisseurs positionnés à long terme risquent de perdre beaucoup d’argent en raison du recul des prix de leurs obligations », explique Peter Yeates de la banque britannique HSBC. Quant aux nouveaux acquéreurs, certains craignent une hausse plus rapide qu’anticipée des taux d’intérêt qui aurait le même effet sur la valeur de leurs actifs.
Dans la conjoncture actuelle, le marché semble s’orienter néanmoins vers une stabilisation, voire une légère hausse des taux d’emprunt. « Les États-Unis ont intérêt à maintenir un niveau de taux relativement bas pour éviter que le crédit hypothécaire ne devienne cher avant d’avoir parachevé la sortie de la crise immobilière », tempère Patrick George de FFA Private Bank. Selon lui, les taux d’emprunt à 10 ans aux États-Unis devraient ainsi continuer d’osciller entre 2,5 % et
3 % durant l’année en cours.
Cette configuration de faible variation des taux risque toutefois de ne pas s’appliquer ailleurs. Au Royaume-Uni, où la croissance économique et l’inflation progressent assez rapidement, les autorités monétaires pourraient se résoudre à augmenter leur taux directeur plus tôt que leurs pairs américains, estime de son côté Peter Yeates.
Dans la zone euro, les pronostics et les calculs sont, quant à eux, aux antipodes des deux grands marchés anglo-saxons. Les craintes d’une déflation, couplée à une faible croissance, pourraient pousser les autorités monétaires à adopter un plan similaire à celui lancé en septembre 2012 par la Réserve fédérale. Mais la Banque centrale européenne (BCE) semble s’y prendre avec prudence. Durant sa dernière réunion, au mois d’avril, son président, Mario Draghi, a précisé que la BCE ne se lancera pas dans un vaste programme d'achats d'actifs – il a évoqué 1 000 milliards d'euros – que si « les perspectives d'inflation à moyen terme se dégradaient ».
Appétit pour les bons européens “périphériques”
Les investisseurs sont eux aussi dans l’expectative. Un éventuel Quantitative Easing européen devrait affecter positivement le marché obligataire, en exerçant une pression à la baisse sur les taux d’emprunt, ce qui engendrerait une hausse des prix des actifs. Mais les rendements, déjà très faibles, risquent de ne pas susciter un grand appétit parmi les investisseurs, même en cas d’injections massives de liquidités, estiment certains. La HSBC conseille ainsi à ses clients d’éviter les économies développées, en termes de placements obligataires, sauf pour les obligations privées à court ou à moyen terme, tandis que le Crédit Agricole Suisse se positionne en Europe prioritairement sur les “souverains périphériques”, c’est-à-dire les bons du Trésor de pays comme l’Italie ou l’Espagne, où les rendements sont plus élevés qu’ailleurs.
Les investisseurs en quête de rendements plus juteux continuent, de leur côté, de s’orienter vers les obligations des pays émergents classées “Investment grade”, pour les conservateurs parmi eux, voire “High Yield” pour les profils plus agressifs. « Dans des pays comme l’Ukraine, le Venezuela ou la Mongolie, il est encore possible de trouver des taux de rendement annuels qui varient autour de 10 %. Certaines obligations, comme celles émises par Petróleos de Venezuela (PDVSA) ou l’Électricité de Karakas paient même jusqu’à 16 % par an », précise Georges Abboud, directeur de la banque privée de la BlomInvest.
Mais ces fortes rémunérations, couplées à un risque-pays élevé, ne sont pas le seul critère de sélection. Selon Youssef Kamel, cogérant du fonds Future Trends Capital Fund, outre le niveau de rendement et les éventuelles politiques monétaires accommodantes ou plus restrictives de la BCE et de la Fed, le choix d’allocation sur le marché obligataire sera surtout tributaire de l’évolution du marché boursier, lequel risque de connaître une
« baisse substantielle », dit-il, dans les mois à venir.