Après une année de forte croissance, dopée par l’injection massive de liquidités, notamment aux États-Unis et au Japon, le marché des actions a connu une légère correction durant les premiers mois de 2014, mais il pourrait poursuivre son ascension durant l’année en cours, estiment plusieurs analystes. Les principaux indices boursiers américain, européen et japonais avaient déjà culminé à des plus hauts historiques en 2013. L’indice Dow Jones a clôturé l’année à plus 16 500 points, en hausse de près de 24 % sur un an, avant d’enfoncer le seuil des 15 400 points début février, pour rebondir fin avril à son niveau précédent. En parallèle, le Nikkei 225, principal indice de la place de Tokyo, a bondi de moins de 8 300 points en juin 2012 à près de 16 300 fin 2013, avant de reculer de plus de 13 %, à environ 14 200 points à la mi-mai. Quant au CAC 40, il n’a pas connu de correction. L’indice français n’a cessé de grimper depuis juin 2012, passant de moins de
3 000 points à près de 4 500 points en mai 2014. « Nous restons positifs concernant les placements en actions, malgré la récente correction observée sur certains marchés. En revanche, les portefeuilles doivent être gérés de manière prudente et active », souligne Christina Azouri, conseillère en placements au Crédit Agricole Suisse. Pour beaucoup d’investisseurs, le marché des actions reste en effet attractif, au vu des faibles rémunérations sur les placements à court terme. Les taux d’intérêt, toujours à des niveaux historiquement bas, ne devraient pas augmenter avant mars 2015, du moins aux États-Unis. Mais le risque de surchauffe pèse sur l’engouement général. « Le marché des actions est surévalué. Les entreprises regorgent de liquidités, mais elles n’investissent pas cet argent dans l’économie réelle », ce qui risque de creuser le fossé entre valeurs réelles et valeurs boursières des entreprises, souligne Youssef Kamel, cogérant du fonds Future Trends Capital Fund. « La hausse des actions américaines est monétariste, mais il n’existe pas de fondements économiques à cet essor. C’est pourquoi le risque de forte correction est élevé », ajoute de son côté Albert Letayf, associé-gérant du courtier Optimum Invest.
Cet avis ne fait toutefois pas l’unanimité parmi les professionnels. Pour certains, il n’y a pas de risque de bulle, à l’instar de celle qui avait explosé à la fin des années 1990. « Les ratios cours-bénéfices des différentes valeurs demeurent raisonnables. Pour les actions technologiques, par exemple, ce ratio oscille entre 6 et 8, contre environ 40 à l’époque de la bulle Internet », assure Patrick George, de la FFA Private Bank. « Dans le cas de l’indice américain S&P, le ratio est désormais à 15,5, soit 7 % de plus que la moyenne historique, tandis que pour l’indice Stoxx Europe 600, il se situe à 13,4, en phase avec la moyenne historique », indique Christina Azouri. « Cette montée des valeurs boursières s’accompagne, en parallèle, d’une hausse des profits des sociétés, lesquels devraient progresser encore de 8 % en 2014 pour les entreprises de l’indice S&P et de 32 % pour celles du Stoxx Europe 600 », ajoute la conseillère en placement au Crédit Agricole Suisse. En parallèle, le risque systémique a reculé, grâce, entre autres, à la recapitalisation des banques, tandis que l’activité économique renoue avec la croissance avec une faible inflation sur le marché, estiment les analystes.
Sur le plan géographique, les opportunités de placements en titres « résident davantage en Europe, hors Royaume-Uni, qu’aux États-Unis, car les valeurs demeurent relativement sous-évaluées », note Peter Yeates, directeur général de la HSBC au Liban. « Mais nous continuons d’investir dans des actions américaines, notamment celles des grandes compagnies bénéficiant de bilans solides », ajoute-t-il. La HSBC est en revanche neutre sur le marché boursier japonais, structurellement lié à l’évolution du yen. « Celui-ci avait profité l’an dernier de la dépréciation de la monnaie nippone, laquelle devrait rester stable en 2014. En revanche, la troisième phase de réformes de l’Abenomics pourrait être le prochain catalyseur des valeurs japonaises », explique le directeur de la banque britannique. Enfin, sur les marchés émergents, où l’indice MSCI a augmenté de plus de 12 % depuis février, la préférence va désormais aux pays bénéficiant « de fondamentaux économiques solides ainsi que d’une forte consommation interne et d’exportations croissantes, à l’instar de la Corée du Sud, de Taïwan et du Mexique », note Peter Yeates. La prudence est, en revanche, de mise dans des pays comme le Brésil, l’Argentine et la Russie, fragilisés par des facteurs monétaires ou géopolitiques. « La crise en Ukraine est toutefois une opportunité d’investir aujourd’hui sur le marché russe, après la dégringolade des principales actions du pays », note Georges Abboud, directeur de la banque privée de la BlomInvest. De leur côté, les spécialistes du Crédit Agricole Suisse sont surpondérés sur le Moyen-Orient et l’Afrique et sous-pondérés sur les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), tandis qu’en Europe, ils favorisent les “valeurs de rendement” qui assurent un revenu élevé et régulier.
Le “stock picking” se développe
Sur le plan sectoriel, les analystes privilégient la « biotechnologie, la pharmaceutique et l’énergie, tandis que les secteurs agricole et hydraulique reviennent au-devant de la scène », note Georges Abboud. Les valeurs minières présentent également un important potentiel de croissance, selon Youssef Kamel. L’indice GDX (Market Vectors Gold Miners ETF Fund) a chuté de 55 points à 20 points entre septembre 2012 et décembre 2013, soit une baisse de plus de 60 %, avant de grimper légèrement au cours des premiers mois de 2014.
Enfin, le “stock-picking” se développe notamment aux États-Unis et dans certains pays émergents, comme le Brésil. Cette sélection d’actions, qui se fait en fonction de la valeur intrinsèque d’une société et non de l’environnement extérieur, s’impose dans un contexte de transition monétaire et macroéconomique mondiale.
« Les critères de sélection sont désormais moins géographiques ou sectoriels. Les spécialistes analysent davantage la situation propre à chaque entreprise, qu’il s’agisse de son bilan, de ses ratios financiers ou de sa capitalisation boursière, etc. », souligne le directeur de la banque privée de la BlomInvest. Dans une logique de sélection affinée et conservatrice, la banque va bientôt lancer un panier d’actions qui regroupe les titres de plusieurs “blue chips” (sociétés à forte capitalisation), dont Apple, Hermes, Total, Novartis et Google.
3 000 points à près de 4 500 points en mai 2014. « Nous restons positifs concernant les placements en actions, malgré la récente correction observée sur certains marchés. En revanche, les portefeuilles doivent être gérés de manière prudente et active », souligne Christina Azouri, conseillère en placements au Crédit Agricole Suisse. Pour beaucoup d’investisseurs, le marché des actions reste en effet attractif, au vu des faibles rémunérations sur les placements à court terme. Les taux d’intérêt, toujours à des niveaux historiquement bas, ne devraient pas augmenter avant mars 2015, du moins aux États-Unis. Mais le risque de surchauffe pèse sur l’engouement général. « Le marché des actions est surévalué. Les entreprises regorgent de liquidités, mais elles n’investissent pas cet argent dans l’économie réelle », ce qui risque de creuser le fossé entre valeurs réelles et valeurs boursières des entreprises, souligne Youssef Kamel, cogérant du fonds Future Trends Capital Fund. « La hausse des actions américaines est monétariste, mais il n’existe pas de fondements économiques à cet essor. C’est pourquoi le risque de forte correction est élevé », ajoute de son côté Albert Letayf, associé-gérant du courtier Optimum Invest.
Cet avis ne fait toutefois pas l’unanimité parmi les professionnels. Pour certains, il n’y a pas de risque de bulle, à l’instar de celle qui avait explosé à la fin des années 1990. « Les ratios cours-bénéfices des différentes valeurs demeurent raisonnables. Pour les actions technologiques, par exemple, ce ratio oscille entre 6 et 8, contre environ 40 à l’époque de la bulle Internet », assure Patrick George, de la FFA Private Bank. « Dans le cas de l’indice américain S&P, le ratio est désormais à 15,5, soit 7 % de plus que la moyenne historique, tandis que pour l’indice Stoxx Europe 600, il se situe à 13,4, en phase avec la moyenne historique », indique Christina Azouri. « Cette montée des valeurs boursières s’accompagne, en parallèle, d’une hausse des profits des sociétés, lesquels devraient progresser encore de 8 % en 2014 pour les entreprises de l’indice S&P et de 32 % pour celles du Stoxx Europe 600 », ajoute la conseillère en placement au Crédit Agricole Suisse. En parallèle, le risque systémique a reculé, grâce, entre autres, à la recapitalisation des banques, tandis que l’activité économique renoue avec la croissance avec une faible inflation sur le marché, estiment les analystes.
Sur le plan géographique, les opportunités de placements en titres « résident davantage en Europe, hors Royaume-Uni, qu’aux États-Unis, car les valeurs demeurent relativement sous-évaluées », note Peter Yeates, directeur général de la HSBC au Liban. « Mais nous continuons d’investir dans des actions américaines, notamment celles des grandes compagnies bénéficiant de bilans solides », ajoute-t-il. La HSBC est en revanche neutre sur le marché boursier japonais, structurellement lié à l’évolution du yen. « Celui-ci avait profité l’an dernier de la dépréciation de la monnaie nippone, laquelle devrait rester stable en 2014. En revanche, la troisième phase de réformes de l’Abenomics pourrait être le prochain catalyseur des valeurs japonaises », explique le directeur de la banque britannique. Enfin, sur les marchés émergents, où l’indice MSCI a augmenté de plus de 12 % depuis février, la préférence va désormais aux pays bénéficiant « de fondamentaux économiques solides ainsi que d’une forte consommation interne et d’exportations croissantes, à l’instar de la Corée du Sud, de Taïwan et du Mexique », note Peter Yeates. La prudence est, en revanche, de mise dans des pays comme le Brésil, l’Argentine et la Russie, fragilisés par des facteurs monétaires ou géopolitiques. « La crise en Ukraine est toutefois une opportunité d’investir aujourd’hui sur le marché russe, après la dégringolade des principales actions du pays », note Georges Abboud, directeur de la banque privée de la BlomInvest. De leur côté, les spécialistes du Crédit Agricole Suisse sont surpondérés sur le Moyen-Orient et l’Afrique et sous-pondérés sur les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), tandis qu’en Europe, ils favorisent les “valeurs de rendement” qui assurent un revenu élevé et régulier.
Le “stock picking” se développe
Sur le plan sectoriel, les analystes privilégient la « biotechnologie, la pharmaceutique et l’énergie, tandis que les secteurs agricole et hydraulique reviennent au-devant de la scène », note Georges Abboud. Les valeurs minières présentent également un important potentiel de croissance, selon Youssef Kamel. L’indice GDX (Market Vectors Gold Miners ETF Fund) a chuté de 55 points à 20 points entre septembre 2012 et décembre 2013, soit une baisse de plus de 60 %, avant de grimper légèrement au cours des premiers mois de 2014.
Enfin, le “stock-picking” se développe notamment aux États-Unis et dans certains pays émergents, comme le Brésil. Cette sélection d’actions, qui se fait en fonction de la valeur intrinsèque d’une société et non de l’environnement extérieur, s’impose dans un contexte de transition monétaire et macroéconomique mondiale.
« Les critères de sélection sont désormais moins géographiques ou sectoriels. Les spécialistes analysent davantage la situation propre à chaque entreprise, qu’il s’agisse de son bilan, de ses ratios financiers ou de sa capitalisation boursière, etc. », souligne le directeur de la banque privée de la BlomInvest. Dans une logique de sélection affinée et conservatrice, la banque va bientôt lancer un panier d’actions qui regroupe les titres de plusieurs “blue chips” (sociétés à forte capitalisation), dont Apple, Hermes, Total, Novartis et Google.