La Galerie Ayyam expose la génération montante des peintres syriens, qui a émergé dans les années 2000, lorsque la scène damascène battait encore son plein. « La guerre a profondément infléchi leur art, assure Rania Mounzer, de la Galerie Ayyam. Leur exil aussi. » Mais Nihad al-Turk (1972), Abdul Karim Majdal al-Beik (1973), Othman Moussa (1974), Mohannad Orabi (1977) ou encore Kais Salman (1976) continuent de revendiquer la “vocation sociale” de l’art. Ils vont même plus loin : pour eux, c’est une forme de rébellion. Une révolte qui prend tout son sens avec la guerre. Car c’est d’une Syrie torturée que nous parlent les œuvres présentées à la Galerie Ayyam. Les personnages y sont monumentaux, souvent déformés, parfois à la limite de l’affaissement. Même chez les plus “naïfs” d’entre eux, à l’image de Nihad el-Turk, dont le monde semble s’inspirer des peuples primitifs, on pressent un danger sourd. Chez lui, cette menace se concrétise sous la forme de monstres aux traits enfantins. Chez Kais Salman, elle porte des noms que l’actualité nous a hélas habitué à entendre : “Salafistes série”, “Terror group”… « Il y a une forme d’ironie profonde dans ces portraits ignobles aux visages rouge sanglant, aux dents carnassières. Kais Salman les incarne, entourés de leur cour, un iPhone dans les mains… », assure la galeriste. Plus innocentes, les œuvres de Mohannad Orabi restent cependant teintées d’une tristesse indicible. Comme avant, ce sont d’adorables chérubins qui sont le centre de son attention. Mais ces enfants n’ont plus le charme de l’innocence. Ils vous regardent intensément, droit dans les yeux, comme si vous portiez la responsabilité de l’écroulement de leur monde. À voir absolument.
Galerie Ayyam, jusqu’au 2 août, rue Zaitouné, Tél. : 01/374449.