Une exposition de Giuseppe Penone (1947) à Beyrouth est une occasion trop belle pour être manquée. L’Italien est peut-être le benjamin de l’Arte Povera, ce mouvement artistique contestataire, post 1968 “antimoderne”, qui réagit contre “l’art riche” façon pop art. Mais ce “sculpteur de la terre” est aussi l’un des plus talentueux de son mouvement : il expérimente sans cesse un dialogue entre l’homme et la nature à travers souvent des “sculptures-arbres”. À la fin des années 1960, lorsque se constitue l’Arte Povera et qu’il débute, Penone hante déjà les forêts de son Piémont natal, faisant de ces paysages le cadre de premières installations comme “Alpi Marittim” : des images d’une main de bronze – un moule de la main de l’artiste en fait – incrustée dans le tronc d’un arbre, qui grandira avec, modifiant ensuite sa forme. « Toucher, comprendre une forme, un objet, c’est comme si on le couvrait d’empreintes », explique-t-il dans un entretien accordé en 2013 pour sa grande exposition au Château de Versailles. Aujourd’hui encore, l’arbre est le motif central du travail de Penone. « L’arbre incarne la rencontre de la nature et de la culture. » Ce qui l’intéresse, c’est « quand le travail de l’homme commence à devenir nature ». Ainsi, “Elevazione” (2011), exposée l’an passé en 2013 au Château de Versailles, reproduit un arbre mort (en bronze) qui lévite à un mètre au-dessus du sol, entouré d’arbrisseaux, bien vivants, eux. Une façon pour lui de mettre en lumière son questionnement sur le temps qui passe, les cycles de vie et de mort, la possible transmission.
Beirut Art Center, “Breathe is a sculpture solo exhibition”, à partir du 16 septembre jusqu’au 29 novembre, 01/397018.
Beirut Art Center, “Breathe is a sculpture solo exhibition”, à partir du 16 septembre jusqu’au 29 novembre, 01/397018.