Pour qui s’intéresse au Moyen-Orient, le dernier livre de Kai Bird, lauréat du Pullitzer, est passionnant : “The Good Spy” (non traduit en français) relate l’histoire d’un des premiers espions arabisants de la CIA, Robert Ames, mort dans l’attentat de l’ambassade américaine de Beyrouth en 1983.
Bird a eu accès aux archives de la famille Ames. Si on y ajoute les témoignages de certains de ses ex-collègues de l’agence, on a ici un document extraordinaire sur les tractations et les enjeux autour du Beyrouth des années 1980 quand l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dominait la ville. Ames deviendra un proche de Ali Hassan Salamé, considéré, jusqu’à son assassinat par les Israéliens en 1979, comme le successeur naturel de Yasser Arafat. Durant ces années, Ames va conseiller les administrations Carter et Reagan : il contribue au “dégel” des relations américano-palestiniennes et met au point le plan de paix de George Schultz (1982), brouillon aux futurs accords d’Oslo.
Parmi les détails inédits, on en retiendra deux ici. D’abord, celui concernant la disparition en Libye de l’iman Moussa Sadr. Selon Bird, l’élimination de “l’iman des pauvres” implique l’Iran : l’ordre viendrait de Mohammad Behsheti, un proche de Khomeyni et du Hezbollah naissant. De même, Bird affirme que l’assassinat du chef militaire du Hezbollah, Imad Moughniyé en 2008, à Damas, est une opération israélo-américaine. Cet assassinat serait la conséquence directe des informations fournies par le général iranien Ali Reza Asgari, tête pensante de l’attentat contre l’ambassade américaine de Beyrouth, « passé à l’Ouest », aux USA, en 2007.
Mais le détail le plus croustillant reste encore la révélation des liens amicaux entre Ali Hassan Salamé, le lieutenant de Yasser Arafat, et Béchir Gemayel, patron des phalangistes. Lors de la mort de celui qu’on nommait le Prince rouge (1979), Gemayel donnera l’ordre à ses miliciens de tirer pour lui rendre un dernier hommage.
Kai Bird, “The Good Spy, The Life and death of Robert Ames”, 448 pages, Crown, 26 dollars.
Bird a eu accès aux archives de la famille Ames. Si on y ajoute les témoignages de certains de ses ex-collègues de l’agence, on a ici un document extraordinaire sur les tractations et les enjeux autour du Beyrouth des années 1980 quand l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dominait la ville. Ames deviendra un proche de Ali Hassan Salamé, considéré, jusqu’à son assassinat par les Israéliens en 1979, comme le successeur naturel de Yasser Arafat. Durant ces années, Ames va conseiller les administrations Carter et Reagan : il contribue au “dégel” des relations américano-palestiniennes et met au point le plan de paix de George Schultz (1982), brouillon aux futurs accords d’Oslo.
Parmi les détails inédits, on en retiendra deux ici. D’abord, celui concernant la disparition en Libye de l’iman Moussa Sadr. Selon Bird, l’élimination de “l’iman des pauvres” implique l’Iran : l’ordre viendrait de Mohammad Behsheti, un proche de Khomeyni et du Hezbollah naissant. De même, Bird affirme que l’assassinat du chef militaire du Hezbollah, Imad Moughniyé en 2008, à Damas, est une opération israélo-américaine. Cet assassinat serait la conséquence directe des informations fournies par le général iranien Ali Reza Asgari, tête pensante de l’attentat contre l’ambassade américaine de Beyrouth, « passé à l’Ouest », aux USA, en 2007.
Mais le détail le plus croustillant reste encore la révélation des liens amicaux entre Ali Hassan Salamé, le lieutenant de Yasser Arafat, et Béchir Gemayel, patron des phalangistes. Lors de la mort de celui qu’on nommait le Prince rouge (1979), Gemayel donnera l’ordre à ses miliciens de tirer pour lui rendre un dernier hommage.
Kai Bird, “The Good Spy, The Life and death of Robert Ames”, 448 pages, Crown, 26 dollars.