C’est le hasard des rencontres : deux artistes sans lien, le Palestinien Taysir Batniji (1972) et l’Égyptienne Anna Boghiguian (1946) exposent en même temps à la Galerie Sfeir-Semler. S’ils ne se connaissent pas, leurs œuvres questionnent pourtant la même matière : les malédictions du monde arabe. Pour le Gazoui Taysir Batniji, c’est un regard porté sur le conflit israélo-palestinien. Pour la Cairote Anna Boghiguian, c’est la rue égyptienne qu’elle arpente, notamment lors de la révolution égyptienne.
À l’entrée des salles d’expo, deux mots en arabe, en lettre de néon, signés de Taysir Batniji donnent le ton : “Thaoura” (révolution) – “Tharoua” (richesse). Une quasi-homonymie, qui appelle à s’interroger sur ce qu’ont pu apporter ces révoltes. Chez Batniji comme chez Boghiguian, la réponse ne fait pas de doute. La série de portraits de “shahids” palestiniens, dont les contours s’estompent et réapparaissent au fur et à mesure qu’on avance vers eux… L’inquiétante danse macabre des corbeaux se baignant dans une mare de sang… Ces deux installations annoncent la catastrophe, l’imminence d’un danger. Pour Taysir Batniji, il s’agit d’une lecture distanciée au monde qui l’a vue naître. « Depuis quelques années, les notions de vide, d’absence et d’arrachement sonnent comme des récurrences dans mon travail. Je m’attarde particulièrement sur la représentation de la disparition, disparition des êtres et dégradation des formes de représentation, elles-mêmes vouées à disparaître », assure l’artiste sur son site. Pour Anna Boghiguian, en revanche, son œuvre évoque un rapport au monde “à vif” d’une violence inouïe. Comme si sa ville natale était le “lieu de l’ogre” : là où les contes de fées tournent aux films d’horreur. À la manière aussi des récentes révolutions, qui dissolvent l’espoir et laissent émerger les monstres.
Galerie Sfeir-Semler, immeuble Tannous, La Quarantaine,
Tél. : 01/566550, jusqu’au 7 mars 2015.
À l’entrée des salles d’expo, deux mots en arabe, en lettre de néon, signés de Taysir Batniji donnent le ton : “Thaoura” (révolution) – “Tharoua” (richesse). Une quasi-homonymie, qui appelle à s’interroger sur ce qu’ont pu apporter ces révoltes. Chez Batniji comme chez Boghiguian, la réponse ne fait pas de doute. La série de portraits de “shahids” palestiniens, dont les contours s’estompent et réapparaissent au fur et à mesure qu’on avance vers eux… L’inquiétante danse macabre des corbeaux se baignant dans une mare de sang… Ces deux installations annoncent la catastrophe, l’imminence d’un danger. Pour Taysir Batniji, il s’agit d’une lecture distanciée au monde qui l’a vue naître. « Depuis quelques années, les notions de vide, d’absence et d’arrachement sonnent comme des récurrences dans mon travail. Je m’attarde particulièrement sur la représentation de la disparition, disparition des êtres et dégradation des formes de représentation, elles-mêmes vouées à disparaître », assure l’artiste sur son site. Pour Anna Boghiguian, en revanche, son œuvre évoque un rapport au monde “à vif” d’une violence inouïe. Comme si sa ville natale était le “lieu de l’ogre” : là où les contes de fées tournent aux films d’horreur. À la manière aussi des récentes révolutions, qui dissolvent l’espoir et laissent émerger les monstres.
Galerie Sfeir-Semler, immeuble Tannous, La Quarantaine,
Tél. : 01/566550, jusqu’au 7 mars 2015.