C’est un parcours d’amoureux, le collectionneur Tarek Nahas a imaginé cette grande exposition dédiée à l’art qu’il affectionne : la photographie et la vidéo contemporaines. Mais c’est aussi un événement majeur, qui place Beyrouth parmi les capitales “sensibles” au monde de la caméra obscura. Outre sa propre collection, Tarek Nahas a glané auprès d’une dizaine de Libanais des œuvres qui « font date » dans l’histoire de la photographie contemporaine. Cet avocat d’affaires a également persuadé Jean-Luc Monterosso, directeur de la Maison européenne de la photographie (MEP) de Paris, de travailler avec lui à l’élaboration de ce “voyage” et de lui prêter plusieurs vidéos. « C’est une vraie déambulation où l’on suggère juste quelques interactions visuelles sans volonté d’imposer un point de vue », précise-t-il.
On peut ainsi voir les images d’un monde déjanté de Nan Goldin (1953) ou les frasques adolescentes (et cocaïnomanes) de Larry Clark (1943), l’autre grand monstre de la photographie américaine des années “beatniks”.
Comme dans un jeu de miroir, il faut contempler “l’infini zen” de clichés maritimes du Japonais Hiroshi Sugimoto (1948) ou les déambulations dans les bas-fonds de la société de Daido Moryama (1938). On retiendra aussi le cliché d’un château d’eau des “époux Bechers”, un nom qui a marqué durablement l’histoire du média, tant ce couple, formé par Bernd et Hilla Becher (1931, 1934), était un “label” : leur vie durant, ces deux Allemands ont photographié des sites industriels, dans des séries froides à la précision toute germanique en noir et blanc. D’ailleurs, l’un de leurs plus brillants élèves, Elger Esser, est aussi ici exposé.
Loin de la photo comme “restitution du réel”, les fantasmes amusés d’un David LaChapelle (1963), la scénographie froide d’un Erwin Olaf (1959), voire les obsessions mélodramatiques d’un Alex Praguer (1979) témoignent de la diversité esthétique d’un média, qu’on a longtemps relégué à sa seule fonction “réaliste”.
L’exposition n’oublie pas les Libanais : Ziad Antar (1978), Akram Zaatari (1966) ou Fouad el-Khoury (1952) sont ici incarnés. Mais l’on débusque de jolies nouveautés comme le vidéaste Ali Cherri, dont les statues déboulonnées de “grands” dictateurs arabes ont surfé sur cet étrange printemps arabe.
Beirut Exhibition Center, jusqu’au 19 avril 2015.
On peut ainsi voir les images d’un monde déjanté de Nan Goldin (1953) ou les frasques adolescentes (et cocaïnomanes) de Larry Clark (1943), l’autre grand monstre de la photographie américaine des années “beatniks”.
Comme dans un jeu de miroir, il faut contempler “l’infini zen” de clichés maritimes du Japonais Hiroshi Sugimoto (1948) ou les déambulations dans les bas-fonds de la société de Daido Moryama (1938). On retiendra aussi le cliché d’un château d’eau des “époux Bechers”, un nom qui a marqué durablement l’histoire du média, tant ce couple, formé par Bernd et Hilla Becher (1931, 1934), était un “label” : leur vie durant, ces deux Allemands ont photographié des sites industriels, dans des séries froides à la précision toute germanique en noir et blanc. D’ailleurs, l’un de leurs plus brillants élèves, Elger Esser, est aussi ici exposé.
Loin de la photo comme “restitution du réel”, les fantasmes amusés d’un David LaChapelle (1963), la scénographie froide d’un Erwin Olaf (1959), voire les obsessions mélodramatiques d’un Alex Praguer (1979) témoignent de la diversité esthétique d’un média, qu’on a longtemps relégué à sa seule fonction “réaliste”.
L’exposition n’oublie pas les Libanais : Ziad Antar (1978), Akram Zaatari (1966) ou Fouad el-Khoury (1952) sont ici incarnés. Mais l’on débusque de jolies nouveautés comme le vidéaste Ali Cherri, dont les statues déboulonnées de “grands” dictateurs arabes ont surfé sur cet étrange printemps arabe.
Beirut Exhibition Center, jusqu’au 19 avril 2015.