En 1948, la création d’Israël allait projeter notre monde dans un étrange film, moitié péplum américain, moitié film d’horreur israélien. Pour les Palestiniens, qui vivaient à Jérusalem ou à Jaffa comme c’était le cas des familles de Kamal Aljarfari ou de Joumana Manna, deux artistes palestiniens, exposés aujourd’hui au Beirut Art Center, la naissance de l’État hébreu allait signifier la disparition violente d’une réalité que leurs parents, leurs grands-parents avaient crue à tort intangible. Pour eux alors l’art devenait un refuge et le film, la fiction un moyen de vivre malgré l’effacement de leur monde. Dans un entretien, paru en 2010, Kamal Aljarfari explique le lien qui l’unit au cinéma en paraphrasant un sociologue allemand : « Pour un homme qui n’a plus de patrie, écrire devient un endroit où vivre…, disait Theodor Adorno. Pour un Palestinien le cinéma est une patrie. »
La Palestine, ce pays qui n’existe pas (ailleurs que dans l’imaginaire des Palestiniens), devient alors un film documentaire, dans lequel ses hypothétiques habitants retrouvent leur semblant de vie. « En promenant cette idée à travers les ruines de Jaffa, je cherche à produire une rencontre entre deux récits qui ne se rencontrent que rarement, si jamais ils se rencontrent. Une rencontre entre les rêves israéliens et la réalité palestinienne, entre le documentaire pâle et fragmenté et la fiction implacable », ajoute l’artiste dans ce même entretien. Mais ce qui transparaît de cette “rencontre du 3e type” est souvent comme l’empreinte fantôme d’une présence : on sait que ces gens étaient là ; pourtant, plus rien ne se devine de leur vie tant Israël a éradiqué les traces du passé et de leur culture.
Pour Joumana Manna, lauréate du prix de la Fondation du Qatar en 2012 pour les jeunes artistes palestiniens, cette “présence fantôme” n’est même plus possible. Ses œuvres ne cherchent pas à donner un sens, à ériger une forme… Chercher une signification à ses créations semble pour elle encore trop “cinématographique” pour décrire sa réalité de Palestinienne. Ce que dit cette exposition de leur vie est terrible : ils ne sont rien in fine, à part peut-être des figurants dont on coupera les scènes si l’intrigue le juge nécessaire.
After Cinema, Beirut Art Center, Corniche el-Nahr,
Tél. : 01/397018.
La Palestine, ce pays qui n’existe pas (ailleurs que dans l’imaginaire des Palestiniens), devient alors un film documentaire, dans lequel ses hypothétiques habitants retrouvent leur semblant de vie. « En promenant cette idée à travers les ruines de Jaffa, je cherche à produire une rencontre entre deux récits qui ne se rencontrent que rarement, si jamais ils se rencontrent. Une rencontre entre les rêves israéliens et la réalité palestinienne, entre le documentaire pâle et fragmenté et la fiction implacable », ajoute l’artiste dans ce même entretien. Mais ce qui transparaît de cette “rencontre du 3e type” est souvent comme l’empreinte fantôme d’une présence : on sait que ces gens étaient là ; pourtant, plus rien ne se devine de leur vie tant Israël a éradiqué les traces du passé et de leur culture.
Pour Joumana Manna, lauréate du prix de la Fondation du Qatar en 2012 pour les jeunes artistes palestiniens, cette “présence fantôme” n’est même plus possible. Ses œuvres ne cherchent pas à donner un sens, à ériger une forme… Chercher une signification à ses créations semble pour elle encore trop “cinématographique” pour décrire sa réalité de Palestinienne. Ce que dit cette exposition de leur vie est terrible : ils ne sont rien in fine, à part peut-être des figurants dont on coupera les scènes si l’intrigue le juge nécessaire.
After Cinema, Beirut Art Center, Corniche el-Nahr,
Tél. : 01/397018.