Ils ne sont que 220 invités à avoir reçu, en guise de souvenir, une boîte de quatre chocolats ornés d’un médaillon gravé au nom des amoureux, accompagnée d’une carte calligraphiée signée Blessing. Mais c’est une publicité mondiale dont a bénéficié cette société libanaise grâce au mariage de l’année entre George Clooney et Amal Alamuddin. À point nommé pour accompagner l’expansion internationale de sa fondatrice, Rima Koteich el-Husseini, qui vient tout juste d’intégrer Endeavor, le réseau mondial de mentorat d’entrepreneurs “à haut potentiel”.
Installée dans un grand bâtiment de Ramlet el-Baida à Beyrouth, Rima Koteich el-Husseini passe fièrement entre les quarante salariés qui confectionnent les chocolats fourrés, les garnissent, les enrobent et les emballent dans des papiers cadeau munis de rubans scintillants. Conçues par des
designers, les cartes de mariage sont des écrins couverts de perles, décorés de gravures minutieusement dessinées à la main. Un travail artisanal à la chaîne qui permet de fournir en cadeaux et souvenirs toutes les grandes occasions, fêtes de naissance, mariages ou événements d’entreprise à travers le Liban et la région. La sœur de la cheikha Moza du Qatar et l’une des épouses du roi Fahed comptent parmi les clients de Blessing, explique l’entrepreneure détaillant plusieurs créations exposées dans le showroom, comme cette boîte blanche molletonnée dans laquelle le nom des mariés est calligraphié sur un petit coussin de velours où sont soigneusement déposés des chocolats garnis. Mille d’entre elles, facturées 45 dollars pièce, ont servi de faire-part de mariage personnalisé pour une famille saoudienne.
Une petite entreprise familiale qui prend vite de l’ampleur
C’est la grossesse de sa sœur – et associée – Rana Koteich Najjar en 1996 qui a servi de déclencheur à Rima Koteich el-Husseini, alors salariée de la Citibank : « Je savais que je voulais devenir mère et que j’allais avoir besoin de flexibilité au travail. » Adepte des travaux manuels, la jeune femme prépare des chocolats et des petits cadeaux souvenir pour la fête postnatale de son neveu. « Deux mois après j’avais déjà plein de commandes. » Le gratin libanais accroche tout de suite au concept : les cadeaux souvenir et chocolats personnalisés, dont sont friandes les familles du monde arabe à l’occasion des fêtes et événements de leur vie sociale, sont à la fois produits en quantité et fabriqués de façon artisanale.
La première année, Blessing reçoit entre 15 et 20 “grosses commandes”, soit environ 200 souvenirs et 200 chocolats.
« Aujourd’hui, nous sommes à six ou sept commandes par jour, variant de 50 à 2 000 pièces, voire 10 000 pièces exceptionnellement », raconte Rima Koteich el-Husseini, alors qu’est préparée une commande de 650 pièces pour une entreprise à l’occasion du ramadan.
Blessing se différencie de plusieurs manières de ses concurrents, tels Le Particulier, Heart to Heart, Patchi ou le saoudien Bateel : par la taille des commandes personnalisées – le design occupe une place importante dans le service – et par sa faculté à y répondre rapidement grâce à une forte capacité de stockage de matériel dans les 3 250 m2 du siège à Beyrouth. Ce volume permet aussi d’être concurrentiel en termes de prix, y compris pour les plus petites commandes qui bénéficient des mêmes tarifs.
Rima Koteich el-Husseini se positionne aussi sur quatre segments du marché, alors que la plupart de ses concurrents n’en couvrent qu’une partie. Le chiffre d’affaires non communiqué par Blessing se répartit en trois parts égales de 30 % environ entre les mariages, les naissances et les entreprises, le chocolat vendu seul au détail représentant les 10 % restants (mais le chocolat se retrouve aussi dans toutes les autres activités). « C’est cependant dans le segment du mariage que nos marges sont les plus grandes », précise la chef d’entreprise.
Il est arrivé que des grandes familles du Golfe se déplacent en avion privé jusqu’à Beyrouth pour commander le précieux faire-part, goûter les échantillons de chocolats pralinés et embarquer la commande. Mais depuis la guerre de 2006, les ressortissants du Golfe étant plus réticents à venir au Liban, Blessing a choisi de se rapprocher de sa clientèle. Rima Koteich el-Husseini s’est associée à la famille al-Muhaidib à Riyad pour créer une première boutique en Arabie saoudite, avant de travailler à en ouvrir une deuxième à Bahreïn avec la famille Kanoo. Le réseau Blessing compte aujourd’hui cinq antennes à Beyrouth, Riyad, Dubaï et Manama. Mais ce n’est que le début de l’expansion de la marque qui a des ambitions mondiales.
Tournant stratégique
Vers le mitan des années 2000, les sœurs Koteich – Rima est responsable de la stratégie tandis que Rana tient les opérations – ont pris le temps de réfléchir à leur avenir. « Nous avons hésité entre le fait de rester une entreprise familiale de petite taille ou de lancer une stratégie d’expansion internationale. » C’est la seconde option qui est choisie. La voie adoptée est alors celle d’une stratégie d’expansion par la franchise.
« Nous réfléchissons à ouvrir 60 franchises au Moyen-Orient dans les cinq prochaines années », annonce Rima Koteich el-Husseini, qui ambitionne de conquérir d’abord Oman, le Maroc et le Koweït. « Nous n’avons pas encore finalisé nos plans et les contrats, mais nous avons déjà signé deux accords », se félicite-t-elle.
Mais le processus d’accession au réseau Endeavor, entamé il y a quelques mois, et sa sélection dans le club des vingt-quatre entrepreneurs libanais, a poussé Rima Koteich el-Husseini à affiner sa stratégie internationale. Plutôt que de multiplier les franchises, ses nouveaux mentors et conseillers l’entraînent à renforcer au maximum son positionnement de « vendeuse de rêve, d’expérience et de services uniques ».
Quoi qu’il en soit, Blessing devra lever des fonds et a déjà entamé le recrutement d’une quinzaine de personnes. « Nous prenons notre temps pour ouvrir le capital, afin de profiter de la meilleure valorisation possible de l’entreprise. » D’autant qu’elle a déjà accompli un important travail de structuration juridique et financière, et que de nombreux projets sont en phase d’application.
C’est notamment le cas de l’objectif de la conquête du marché américain. « Aux États-Unis, nous voulons cibler les clients de culture arabe et les VIP », expose Rima Koteich el-Husseini. Les occasions liées aux nombreuses fêtes locales – Halloween, Thanksgiving, la Saint-Valentin – l’ont également convaincue de franchir le pas du commerce en ligne et de la création de catalogues pour viser un marché plus large. « Nous voulons desservir le monde entier depuis Beyrouth ! »
Installée dans un grand bâtiment de Ramlet el-Baida à Beyrouth, Rima Koteich el-Husseini passe fièrement entre les quarante salariés qui confectionnent les chocolats fourrés, les garnissent, les enrobent et les emballent dans des papiers cadeau munis de rubans scintillants. Conçues par des
designers, les cartes de mariage sont des écrins couverts de perles, décorés de gravures minutieusement dessinées à la main. Un travail artisanal à la chaîne qui permet de fournir en cadeaux et souvenirs toutes les grandes occasions, fêtes de naissance, mariages ou événements d’entreprise à travers le Liban et la région. La sœur de la cheikha Moza du Qatar et l’une des épouses du roi Fahed comptent parmi les clients de Blessing, explique l’entrepreneure détaillant plusieurs créations exposées dans le showroom, comme cette boîte blanche molletonnée dans laquelle le nom des mariés est calligraphié sur un petit coussin de velours où sont soigneusement déposés des chocolats garnis. Mille d’entre elles, facturées 45 dollars pièce, ont servi de faire-part de mariage personnalisé pour une famille saoudienne.
Une petite entreprise familiale qui prend vite de l’ampleur
C’est la grossesse de sa sœur – et associée – Rana Koteich Najjar en 1996 qui a servi de déclencheur à Rima Koteich el-Husseini, alors salariée de la Citibank : « Je savais que je voulais devenir mère et que j’allais avoir besoin de flexibilité au travail. » Adepte des travaux manuels, la jeune femme prépare des chocolats et des petits cadeaux souvenir pour la fête postnatale de son neveu. « Deux mois après j’avais déjà plein de commandes. » Le gratin libanais accroche tout de suite au concept : les cadeaux souvenir et chocolats personnalisés, dont sont friandes les familles du monde arabe à l’occasion des fêtes et événements de leur vie sociale, sont à la fois produits en quantité et fabriqués de façon artisanale.
La première année, Blessing reçoit entre 15 et 20 “grosses commandes”, soit environ 200 souvenirs et 200 chocolats.
« Aujourd’hui, nous sommes à six ou sept commandes par jour, variant de 50 à 2 000 pièces, voire 10 000 pièces exceptionnellement », raconte Rima Koteich el-Husseini, alors qu’est préparée une commande de 650 pièces pour une entreprise à l’occasion du ramadan.
Blessing se différencie de plusieurs manières de ses concurrents, tels Le Particulier, Heart to Heart, Patchi ou le saoudien Bateel : par la taille des commandes personnalisées – le design occupe une place importante dans le service – et par sa faculté à y répondre rapidement grâce à une forte capacité de stockage de matériel dans les 3 250 m2 du siège à Beyrouth. Ce volume permet aussi d’être concurrentiel en termes de prix, y compris pour les plus petites commandes qui bénéficient des mêmes tarifs.
Rima Koteich el-Husseini se positionne aussi sur quatre segments du marché, alors que la plupart de ses concurrents n’en couvrent qu’une partie. Le chiffre d’affaires non communiqué par Blessing se répartit en trois parts égales de 30 % environ entre les mariages, les naissances et les entreprises, le chocolat vendu seul au détail représentant les 10 % restants (mais le chocolat se retrouve aussi dans toutes les autres activités). « C’est cependant dans le segment du mariage que nos marges sont les plus grandes », précise la chef d’entreprise.
Il est arrivé que des grandes familles du Golfe se déplacent en avion privé jusqu’à Beyrouth pour commander le précieux faire-part, goûter les échantillons de chocolats pralinés et embarquer la commande. Mais depuis la guerre de 2006, les ressortissants du Golfe étant plus réticents à venir au Liban, Blessing a choisi de se rapprocher de sa clientèle. Rima Koteich el-Husseini s’est associée à la famille al-Muhaidib à Riyad pour créer une première boutique en Arabie saoudite, avant de travailler à en ouvrir une deuxième à Bahreïn avec la famille Kanoo. Le réseau Blessing compte aujourd’hui cinq antennes à Beyrouth, Riyad, Dubaï et Manama. Mais ce n’est que le début de l’expansion de la marque qui a des ambitions mondiales.
Tournant stratégique
Vers le mitan des années 2000, les sœurs Koteich – Rima est responsable de la stratégie tandis que Rana tient les opérations – ont pris le temps de réfléchir à leur avenir. « Nous avons hésité entre le fait de rester une entreprise familiale de petite taille ou de lancer une stratégie d’expansion internationale. » C’est la seconde option qui est choisie. La voie adoptée est alors celle d’une stratégie d’expansion par la franchise.
« Nous réfléchissons à ouvrir 60 franchises au Moyen-Orient dans les cinq prochaines années », annonce Rima Koteich el-Husseini, qui ambitionne de conquérir d’abord Oman, le Maroc et le Koweït. « Nous n’avons pas encore finalisé nos plans et les contrats, mais nous avons déjà signé deux accords », se félicite-t-elle.
Mais le processus d’accession au réseau Endeavor, entamé il y a quelques mois, et sa sélection dans le club des vingt-quatre entrepreneurs libanais, a poussé Rima Koteich el-Husseini à affiner sa stratégie internationale. Plutôt que de multiplier les franchises, ses nouveaux mentors et conseillers l’entraînent à renforcer au maximum son positionnement de « vendeuse de rêve, d’expérience et de services uniques ».
Quoi qu’il en soit, Blessing devra lever des fonds et a déjà entamé le recrutement d’une quinzaine de personnes. « Nous prenons notre temps pour ouvrir le capital, afin de profiter de la meilleure valorisation possible de l’entreprise. » D’autant qu’elle a déjà accompli un important travail de structuration juridique et financière, et que de nombreux projets sont en phase d’application.
C’est notamment le cas de l’objectif de la conquête du marché américain. « Aux États-Unis, nous voulons cibler les clients de culture arabe et les VIP », expose Rima Koteich el-Husseini. Les occasions liées aux nombreuses fêtes locales – Halloween, Thanksgiving, la Saint-Valentin – l’ont également convaincue de franchir le pas du commerce en ligne et de la création de catalogues pour viser un marché plus large. « Nous voulons desservir le monde entier depuis Beyrouth ! »
Une fondation pour encourager les entrepreneures Avec le soutien de l’ambassade des États-Unis, Rima Koteich el-Husseini a créé la Blessing Foundation, pour aider les Libanaises entrepreneures à se créer un réseau. Les femmes qui veulent se lancer dans le monde des affaires sont parrainées par celles qui ont réussi, profitant de leur conseil et de leur expérience. L’idée lui est venue après avoir bénéficié du mentorat de Susan Whiting, ex-vice-présidente chez Nielsen, aux États-Unis, en 2012. « C’est grâce aux contacts qu’elle m’a ouvert avec des chefs de département de grandes entreprises que Blessing est devenue ce qu’elle est aujourd’hui. » Rima Koteich el-Husseini s’est rendu compte qu’au Liban, beaucoup de gens sont encore surpris de la voir, ainsi que sa sœur, à la tête d’une entreprise. Elle veut donc contribuer à répliquer ce modèle de réussite au féminin, y compris dans les milieux les plus modestes. « Toutes les Libanaises doivent avoir l’occasion de monter leur business. » |