Régulièrement, dans les ventes aux enchères, on voit passer des lithographies, voire, si on est chanceux, des peintures de l’artiste libanais Assadour, né en 1943. Mais rares sont ceux qui ont approché plus longuement son œuvre, faite souvent d’un méli-mélo de chiffres, de signes ou d’éléments se répétant, dans un “emboîté-déboîté” aussi étrange que fascinant ! Certains y retrouveront les symboles d’un monde industrialisé, sans plus d’humanité, à la façon peut-être des “Temps modernes”, le premier film de Charlie Chaplin. Une forme « d’aliénation et de déracinement » qui, comme le souligne le communiqué de presse du musée Sursock, où se tient cette grande exposition, rappelle la vie du peintre : celle d’un “pauvre” Arménien, aux aspirations trop grandes pour sa condition sociale, qui choisira l’exil pour s’accomplir. Au Liban, c’est la première fois qu’une véritable rétrospective est consacrée à cet artiste, ancien élève de Paul Guiragossian, passé ensuite par les Beaux-arts de Paris. Un événement en soi, qu’on doit en particulier au collectionneur, Pierre Cardahi, ami de longue date du peintre, qui a légué au musée une partie de ses tableaux en 1996. Avec plus d’une centaine d’œuvres, présentées au public, dont certaines n’avaient encore jamais été montrées, cette exposition entame une exploration de la condition humaine moderne : « Ses compositions détaillées représentent des corps transformés, transfigurés avec des objets architecturaux et cosmologiques. Sa fascination première pour la technologie, le paysage et le corps humain se poursuivra tout au long de sa carrière », note-t-on dans le communiqué. À partir de 1980, le travail d’Assadour se concentre sur le paysage abstrait, où des formes géométriques et des couleurs viennent s’agglomérer pour créer une « vision de villes changeantes, apparemment déchirées et réorganisées ». Plus tard, on retrouve dans ses créations des études du corps humain dans l’espace. « Les œuvres d’Assadour questionnent notre place dans le monde, la construction de l’identité, et le rôle du destin, du temps et de l’histoire. »
Jusqu’au 30 mai, musée Sursock, entrée gratuite, 01/202001.
Jusqu’au 30 mai, musée Sursock, entrée gratuite, 01/202001.