Le bilan consolidé du secteur bancaire libanais, hors filiales étrangères, a augmenté de 5,8 % en 2015 pour atteindre 185,99 milliards de dollars en décembre, contre une croissance de 6,6 % enregistrée en 2014. La hausse des dépôts est le principal moteur de cette croissance : ils ont augmenté de 4,8 % sur l’année et représentent 83,3 % du total des actifs, soit 154,95 milliards de dollars. Le secteur privé résident continue d’alimenter l’essentiel de ces dépôts ; il détient en effet 77 % du total. Une proportion qui n’a pas évolué depuis deux ans, alors que le ratio de dollarisation des dépôts a atteint son niveau le plus bas en près de trois ans (64,9 % en décembre 2015).
L’activité de crédits a progressé de 3,3 milliards de dollars en 2015, soit une hausse de 6,5 %, contre une augmentation de 3,5 milliards de dollars en 2014 et une moyenne de 4,5 milliards de dollars de hausse au cours des cinq dernières années. Les crédits en livres ont augmenté de 1,3 milliard de dollars en 2015 et ont ainsi représenté 38,5 % de la croissance totale des crédits. Cette croissance en volume a été partiellement favorisée par les plans de relance de la Banque centrale à travers des taux subventionnés sur les prêts en livres libanaises.
Si l’octroi des crédits s’est poursuivi à une cadence modeste, la qualité du portefeuille reste globalement maîtrisée, selon la Bank Audi, avec un ratio de créances douteuses qui est demeuré à 3,6 % fin décembre 2015 et 70 % d’entre elles seraient provisionnées, selon la banque.
Le secteur public reste le principal client des banques commerciales, avec un portefeuille de bons du Trésor et d’eurobonds de 37,8 milliards de dollars en 2015, soit 45 % du total des crédits. Le montant des dépôts des banques commerciales à la Banque centrale a, lui, augmenté de 11 % sur l’année à 70,5 milliards de dollars.
Une partie du surplus de liquidité des banques a été canalisée vers des souscriptions aux bons du Trésor, le gouvernement cherchant à couvrir son déficit et les banques à optimiser leur retour sur investissement. Les banques ont souscrit à la dernière émission d’eurobonds, qui a eu lieu au dernier trimestre 2015, entraînant une légère hausse du ratio des eurobonds souverains en devises détenus par les banques sur les fonds propres qui atteint 105,8 %. Ce ratio demeure toutefois presque deux fois inférieur à il y a quelques années quand il dépassait les 200 %, montrant ainsi la réduction de l’exposition des banques à l’endettement souverain direct. Cette exposition est cependant indirecte à travers une forte hausse des emplois bancaires auprès de la Banque centrale, à travers notamment la souscription aux certificats de dépôts qu’elle émet. En décembre 2015, les certificats de dépôts détenus par les banques commerciales se sont élevés à 32,125 milliards de dollars (soit une hausse de 22,2 % en un an et de 46,3 % par rapport à 2012), dont 23,02 milliards en livres libanaises et 9,1 milliards en devises étrangères.
La profitabilité du secteur reste bonne : le rapport trimestriel de la Bank Audi fait part d’une amélioration de 11 % des profits nets au cours de 2015. Les bénéfices nets des banques alpha, à savoir les 14 banques du Liban dont les dépôts excèdent deux milliards de dollars, ont pour leur part augmenté de 8,6 % en 2015, grâce aux bonnes performances enregistrées sur le marché local (+6,2 %). Les banques alpha ont pu maintenir un niveau élevé de liquidités en 2015, établi à 31,45 % du total des dépôts sur l’exercice 2015. Ce ratio s’est élevé à 37,23 % pour les liquidités en devises et à 17,95 % pour celles en livres. Le rendement sur actif moyen est resté stable, à 1,02 % fin décembre 2015, tout comme le rendement moyen sur fonds propres qui stagne à 11,5 %.
Le total des actifs des banques alpha ont augmenté de 4,8 % en 2015 pour s’établir à 203,8 milliards de dollars, selon le rapport de Bankdata Financial Services, qui leur est dédié. Une croissance plus faible qu’en 2013 et 2014 où ils avaient respectivement augmenté de 10,1 et 10,3 %. Bankdata impute ce ralentissement à la faible hausse de l’activité de leurs filiales à l’étranger – à 3,3 % en 2015 contre 16,9 % un an plus tôt – « provoquée par la dépréciation par rapport au dollar des devises des marchés émergents dans lesquels les banques alpha sont implantées ».