Décidément, le nu dans la région est tendance. Après Istanbul, où le Pera Museum célébrait la nudité cet hiver, voici l’Université américaine de Beyrouth qui consacre une longue exposition aux nus arabes sous le titre “The Artist as Awakener”. À quelques mois de distance, ces deux expositions examinent comment le “nu” a émergé et s’est imposé dans l’art moderne de la région. On y admire ainsi les premières études anatomiques d’hommes (voire de femmes), dont les formes sont souvent le fait des premiers artistes libanais partis étudier dans les ateliers de France ou d’Italie. On y admire aussi les mises en scène orientalistes, ces compositions plus stylisées, plus figées, comme ce tableau d’Omar Onsi, intitulé “Emrou el-Kais” (1932), où de belles danaïdes prennent leur bain sous les yeux d’un ténébreux bédouin.
Même si elle semble plus facile que chez les Ottomans, l’acceptation de la nudité dans la peinture libanaise n’est pas sans heurts. Pour preuve, cette lettre, publiée dans le fascicule qui accompagne l’exposition, dans laquelle on apprend que le peintre Mustapha Farroukh ne trouvait pas de modèle pour son odalisque. C’est finalement la femme (étrangère) d’un ami qui lui porta secours, acceptant de se dénuder pour aider l’artiste à parfaire sa représentation du corps féminin.
« Mon mari m’a dit hier que vous ne parveniez pas à terminer l’une de vos toiles faute de parvenir à comprendre une partie du corps féminin. Me voici donc, ici, pour me mettre à votre service. » Une mécène à sa manière, immortalisée en femme languide sur son sofa dans la très belle peinture “Les deux prisonniers” (al-Sajinan) de 1929.
L’influence occidentale est très nette dans ce genre esthétique, et seuls quelques peintres parviennent peut-être à s’en départir. Par l’humour ou la dérision, ces artistes en disent alors un peu plus sur leur rapport au corps. S’agit-il d’une quête d’identité ? D’une affirmation de leur ego d’artiste ? Ou d’une simple histoire de désir, voire de souffrance ? Difficile à dire, mais en termes d’originalité, on retiendra le travail de Saloua Raouda Choucair, présenté ici : ces deux intrigantes gouaches dénommées “Les peintres célèbres” présentent les corps nus d’artistes (femmes et inconnues) un rien “déformés” à la manière de Fernand Léger.
AUB, Byblos Bank Art Gallery & Rose and Sherine Saleeby Museum, Tél. : 01/350000, jusqu’au 1er août 2016.
Même si elle semble plus facile que chez les Ottomans, l’acceptation de la nudité dans la peinture libanaise n’est pas sans heurts. Pour preuve, cette lettre, publiée dans le fascicule qui accompagne l’exposition, dans laquelle on apprend que le peintre Mustapha Farroukh ne trouvait pas de modèle pour son odalisque. C’est finalement la femme (étrangère) d’un ami qui lui porta secours, acceptant de se dénuder pour aider l’artiste à parfaire sa représentation du corps féminin.
« Mon mari m’a dit hier que vous ne parveniez pas à terminer l’une de vos toiles faute de parvenir à comprendre une partie du corps féminin. Me voici donc, ici, pour me mettre à votre service. » Une mécène à sa manière, immortalisée en femme languide sur son sofa dans la très belle peinture “Les deux prisonniers” (al-Sajinan) de 1929.
L’influence occidentale est très nette dans ce genre esthétique, et seuls quelques peintres parviennent peut-être à s’en départir. Par l’humour ou la dérision, ces artistes en disent alors un peu plus sur leur rapport au corps. S’agit-il d’une quête d’identité ? D’une affirmation de leur ego d’artiste ? Ou d’une simple histoire de désir, voire de souffrance ? Difficile à dire, mais en termes d’originalité, on retiendra le travail de Saloua Raouda Choucair, présenté ici : ces deux intrigantes gouaches dénommées “Les peintres célèbres” présentent les corps nus d’artistes (femmes et inconnues) un rien “déformés” à la manière de Fernand Léger.
AUB, Byblos Bank Art Gallery & Rose and Sherine Saleeby Museum, Tél. : 01/350000, jusqu’au 1er août 2016.