En recentrant son activité sur la facturation, Pinpay s’est imposé comme le leader du paiement mobile au Liban. Un succès qui attise la convoitise du secteur bancaire.
Il y a deux ans, l’application mobile Pinpay ne comptait encore que 23 000 utilisateurs et trois à quatre partenaires (les opérateurs de téléphonie mobile Alfa et Touch, et deux à trois fournisseurs d’accès à Internet). La start-up fondée en 2008 par la Bank Audi et l’investisseur en capital-risque MEVP, rejoints en 2011 par BankMed, se concentrait sur des petites transactions allant de la recharge de téléphonie mobile aux transferts de fonds entre particuliers, en passant par le règlement de factures du quotidien.
Mais fin 2013, Omar Bader, nommé à la tête de Pinpay, réoriente la stratégie de l’entreprise. « Nous ne voulions pas être en concurrence avec la carte de crédit et nous lancer sur le marché du paiement “face à face” qui est déjà saturé », témoigne l’actuel PDG, qui décide de se concentrer sur les paiements réguliers des Libanais : les factures. Si la nouvelle application mobile sortie en 2014 garde ses fonctionnalités initiales, elle offre désormais la possibilité à l’utilisateur (moyennant jusqu’à 2 dollars par mois, selon sa banque) de régler en un coup de pouce sa consommation d’Internet ou d’électricité, son abonnement de téléphone fixe ou ses frais d’université. Si la plupart des transactions sont gratuites pour les clients de banques actionnaires, sur d’autres, Pinpay retient une commission (de 1 dollar à 2 %, selon la nature de la transaction) qu’elle se partage ensuite à parts égales avec la banque actionnaire. Les utilisateurs des établissements bancaires non partenaires de Pinpay doivent, quant à eux, s’acquitter d’une taxe de 3 à 4 % supplémentaire sur chaque transaction au titre de la technologie de paiement. Un pari gagnant. En deux ans, le groupe s’est forgé un large réseau de partenaires – ils sont aujourd’hui 760 – et a multiplié par plus de trois ses utilisateurs qui sont désormais quelque 80 000. « Le succès technologique de l’application tient à la facilité d’intégrer de nouveaux factureurs qui peuvent rejoindre notre plate-forme en 24 heures, alors que cela peut prendre jusqu’à trois mois ailleurs, détaille Walid Mansour, directeur général du fonds d’investissements MEVP. Tout ce qu’ils ont à faire c’est de prouver que leur entreprise est en règle, puis nous signons un contrat et ils sont intégrés gratuitement au système. La Banque du Liban (BDL) a en outre mis en place une limite de transfert (250 dollars par jour, 5 000 dollars par mois) pour limiter l’ampleur d’une éventuelle fraude », poursuit-il, défendant « un système régulièrement audité ». Début 2015, l’entreprise se tourne vers la diaspora libanaise et va chercher de nouveaux partenaires dans le monde arabe. Les noms de sociétés de télécommunications saoudienne (STC pour Saudi Telecom Company), qatarienne avec Ooredoo, ou koweïtienne avec Zain viennent garnir l’application. Si 20 % de l’activité de Pinpay se concentre aujourd’hui sur les pays arabes, le Liban reste son marché prioritaire. « Nous sommes les seuls sur ce secteur au Liban et il y a des opportunités partout dans la région », relève Omar Bader, dont le groupe aux 25 salariés basés dans l’immeuble Berytech à Beyrouth affiche un taux de croissance de 120 % depuis 2015. Avec un chiffre d’affaires annuel de 24 millions de dollars, Pinpay réalise en moyenne 10 000 transactions par jour. Des résultats qui attisent la convoitise des autres institutions bancaires. « Il est préférable pour les banques d’externaliser un réseau et un savoir-faire avec une entreprise comme Pinpay, qui a une longue expérience, que de créer leur propre application qui serait trop coûteuse », explique Philippe el-Hajj, responsable de la banque de détail de la Fransabank. « Le système est gratuit, les banques ne paient aucuns frais et gagnent de l’argent à partir du premier jour où elles deviennent partenaires, poursuit Joseph Azar, le numéro deux de Pinpay, mettant également en avant le fait que « développer le réseau que nous avons bâti leur prendrait des années ».
En échange, les banques sont chargées d’assurer le marketing de l’application auprès de leurs clients. Cinq banques du groupe alpha (parmi les 14 banques du Liban dont les dépôts excèdent deux milliards de dollars, selon Bankdata Financial Services) mènent actuellement des « négociations avancées » avec Pinpay. La Fransabank devrait entrer au capital du groupe avant la fin de l’été. Le temps que son apport de 2,5 millions de dollars soit validé par la Banque du Liban (BDL). En cas de feu vert, la Fransabank amènerait avec elle sa propre application de paiement en ligne Simba et ses 16 000 utilisateurs. « Nous voulons nous développer au Liban et dans la région, et intégrer des centaines de nouveaux factureurs à notre plate-forme, ce qui reste un défi technologique, admet Karim Khoury, ancien de la Fransabank, aujourd’hui directeur marketing de Pinpay. C’est un marché naissant, à nous de créer tout un écosystème et une infrastructure commune. » L’entrée prochaine de la Fransabank au capital devrait permettre à Pinpay d’atteindre son seuil de rentabilité et ainsi précipiter la sortie de l’investisseur en capital-risque MEVP afin de rentabiliser son investissement. « Notre vision de départ était de bâtir un solide réseau et d’y faire entrer de trois à cinq banques pour ensuite aller à l’international, confie Walid Mansour. Pour l’instant, il y a encore un potentiel de croissance, mais si une quatrième ou une cinquième banque devait entrer chez Pinpay, nous risquerions en effet de nous retirer. » MEVP n’a pas souhaité divulguer d’information concernant la valorisation de Pinpay ou la rentabilité de son investissement dans la société.
Mais fin 2013, Omar Bader, nommé à la tête de Pinpay, réoriente la stratégie de l’entreprise. « Nous ne voulions pas être en concurrence avec la carte de crédit et nous lancer sur le marché du paiement “face à face” qui est déjà saturé », témoigne l’actuel PDG, qui décide de se concentrer sur les paiements réguliers des Libanais : les factures. Si la nouvelle application mobile sortie en 2014 garde ses fonctionnalités initiales, elle offre désormais la possibilité à l’utilisateur (moyennant jusqu’à 2 dollars par mois, selon sa banque) de régler en un coup de pouce sa consommation d’Internet ou d’électricité, son abonnement de téléphone fixe ou ses frais d’université. Si la plupart des transactions sont gratuites pour les clients de banques actionnaires, sur d’autres, Pinpay retient une commission (de 1 dollar à 2 %, selon la nature de la transaction) qu’elle se partage ensuite à parts égales avec la banque actionnaire. Les utilisateurs des établissements bancaires non partenaires de Pinpay doivent, quant à eux, s’acquitter d’une taxe de 3 à 4 % supplémentaire sur chaque transaction au titre de la technologie de paiement. Un pari gagnant. En deux ans, le groupe s’est forgé un large réseau de partenaires – ils sont aujourd’hui 760 – et a multiplié par plus de trois ses utilisateurs qui sont désormais quelque 80 000. « Le succès technologique de l’application tient à la facilité d’intégrer de nouveaux factureurs qui peuvent rejoindre notre plate-forme en 24 heures, alors que cela peut prendre jusqu’à trois mois ailleurs, détaille Walid Mansour, directeur général du fonds d’investissements MEVP. Tout ce qu’ils ont à faire c’est de prouver que leur entreprise est en règle, puis nous signons un contrat et ils sont intégrés gratuitement au système. La Banque du Liban (BDL) a en outre mis en place une limite de transfert (250 dollars par jour, 5 000 dollars par mois) pour limiter l’ampleur d’une éventuelle fraude », poursuit-il, défendant « un système régulièrement audité ». Début 2015, l’entreprise se tourne vers la diaspora libanaise et va chercher de nouveaux partenaires dans le monde arabe. Les noms de sociétés de télécommunications saoudienne (STC pour Saudi Telecom Company), qatarienne avec Ooredoo, ou koweïtienne avec Zain viennent garnir l’application. Si 20 % de l’activité de Pinpay se concentre aujourd’hui sur les pays arabes, le Liban reste son marché prioritaire. « Nous sommes les seuls sur ce secteur au Liban et il y a des opportunités partout dans la région », relève Omar Bader, dont le groupe aux 25 salariés basés dans l’immeuble Berytech à Beyrouth affiche un taux de croissance de 120 % depuis 2015. Avec un chiffre d’affaires annuel de 24 millions de dollars, Pinpay réalise en moyenne 10 000 transactions par jour. Des résultats qui attisent la convoitise des autres institutions bancaires. « Il est préférable pour les banques d’externaliser un réseau et un savoir-faire avec une entreprise comme Pinpay, qui a une longue expérience, que de créer leur propre application qui serait trop coûteuse », explique Philippe el-Hajj, responsable de la banque de détail de la Fransabank. « Le système est gratuit, les banques ne paient aucuns frais et gagnent de l’argent à partir du premier jour où elles deviennent partenaires, poursuit Joseph Azar, le numéro deux de Pinpay, mettant également en avant le fait que « développer le réseau que nous avons bâti leur prendrait des années ».
En échange, les banques sont chargées d’assurer le marketing de l’application auprès de leurs clients. Cinq banques du groupe alpha (parmi les 14 banques du Liban dont les dépôts excèdent deux milliards de dollars, selon Bankdata Financial Services) mènent actuellement des « négociations avancées » avec Pinpay. La Fransabank devrait entrer au capital du groupe avant la fin de l’été. Le temps que son apport de 2,5 millions de dollars soit validé par la Banque du Liban (BDL). En cas de feu vert, la Fransabank amènerait avec elle sa propre application de paiement en ligne Simba et ses 16 000 utilisateurs. « Nous voulons nous développer au Liban et dans la région, et intégrer des centaines de nouveaux factureurs à notre plate-forme, ce qui reste un défi technologique, admet Karim Khoury, ancien de la Fransabank, aujourd’hui directeur marketing de Pinpay. C’est un marché naissant, à nous de créer tout un écosystème et une infrastructure commune. » L’entrée prochaine de la Fransabank au capital devrait permettre à Pinpay d’atteindre son seuil de rentabilité et ainsi précipiter la sortie de l’investisseur en capital-risque MEVP afin de rentabiliser son investissement. « Notre vision de départ était de bâtir un solide réseau et d’y faire entrer de trois à cinq banques pour ensuite aller à l’international, confie Walid Mansour. Pour l’instant, il y a encore un potentiel de croissance, mais si une quatrième ou une cinquième banque devait entrer chez Pinpay, nous risquerions en effet de nous retirer. » MEVP n’a pas souhaité divulguer d’information concernant la valorisation de Pinpay ou la rentabilité de son investissement dans la société.