Selon les spécialistes, toute relance restera tributaire de réformes structurelles, de la poursuite de politiques monétaires accommodantes soutenant des stratégies budgétaires de relance. « Si le secteur privé n’emprunte pas pour consommer ou investir malgré l’environnement de taux d’intérêt bas, les gouvernements vont devoir assumer ce rôle eux-mêmes et investir dans des projets créateurs de valeur afin de relancer la demande », souligne Nabil Kassar, président de Fransa Invest Bank.
Un certain nombre d’autres facteurs contribuent à accroître les risques de reprise, ajoute le FMI. Tant aux États-Unis qu’en Europe, le débat politique est de plus en plus orienté vers la recherche de causes structurelles d’une faible croissance, comme par exemple l’accroissement des inégalités de revenus et les effets négatifs de la mondialisation.
Les contrecoups du terrorisme, les débats liés à l’afflux de réfugiés en Europe, mais aussi l’impact des changements climatiques sur la pauvreté et les déplacements de population ne sont pas non plus négligeables, souligne le FMI. Un retour à des politiques plus nationalistes, y compris protectionnistes, n’est pas à exclure, avec des conséquences économiques. Le Brexit quant à lui aura certainement un impact non négligeable sur la croissance mondiale au cours des prochaines années, mais difficilement quantifiable à l’heure actuelle.
États-Unis : un horizon encore bouché
La croissance américaine devrait s’établir à 2,4 % cette année, le même chiffre qu’en 2015, en deçà des niveaux d’avant-crise. La politique monétaire expansionniste (“Quantitative Easing”) lancée par la Réserve fédérale en 2008, qui a pris fin en 2015, a permis le renforcement du marché du logement et le recul du chômage. Ce dernier est descendu à 5 % ces derniers mois, alors que le taux de participation de la population active est enfin remonté à presque 63 % après avoir atteint des plus bas historiques. Ceci a donc poussé la Fed, pour la première fois depuis 2006, à rehausser son taux directeur en décembre dernier à 0,5 %. « La hausse soutenue des créations d’emplois confirme la réalité de la reprise économique, mais celle-ci va inévitablement ralentir au cours des prochains trimestres du fait de la baisse du revenu réel des ménages américains, qui se répercute directement sur la confiance des consommateurs, puis sur les dépenses de consommation », tempère cependant Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank. « Les statistiques économiques sont encore mitigées notamment en matière d’exportations et d’investissements des entreprises, tandis que les prévisions concernant l’inflation restent aux alentours de 1 %, en dessous de l’objectif de 2 % fixé par la Fed », ajoute l’économiste Paul Doueihy. La plupart des banques qui s’accordaient à prédire une ou deux hausses du taux directeur d’ici à la fin de l’année se montrent désormais beaucoup plus prudentes en raison du Brexit.
Europe : une stagnation persistante
Le Vieux Continent, hanté par le spectre de la déflation (-0,3 % sur 12 mois en avril), s’est résolu à doper le plan d’assouplissement quantitatif, dans l’espoir ultime de conjurer la récession et le risque de baisse des prix. En mars, la Banque centrale européenne (BCE) a augmenté le programme de rachat massif d’obligations à 80 milliards d’euros par mois jusqu’en 2017 et abaissé tous ses taux directeurs à zéro.
Selon les économistes de la banque Pictet, la consommation des ménages, enfin en hausse, devrait bénéficier de l’embellie sur le marché du travail, tandis que l’investissement devrait poursuivre son redressement. Au premier trimestre 2016, le crédit bancaire au secteur privé a progressé à son rythme le plus rapide depuis 2009 et la dernière enquête sur la distribution du crédit bancaire de la BCE suggère une poursuite de l’amélioration, malgré les effets néfastes des taux négatifs sur la rentabilité des banques.
Cependant, l’Union européenne va continuer de souffrir d’une crise de confiance récurrente après le vote du Brexit et les problèmes récurrents de la Grèce (même si une enveloppe de 10 milliards d’euros leur a été récemment octroyée pour faire face à leurs échéances). « Ses effets sont réels et sont même en train d’ébranler la solidarité des pays européens, de déconstruire les plus importants piliers de leur succès qui sont l’espace Schengen et la zone euro », souligne Paul Doueihy. « Des taux négatifs s’avèrent difficiles à avaler pour les retraités avec une forte culture d’épargne », ajoute-t-il. Le FMI table sur une croissance de 1,5 % cette année et 1,6 % en 2017, des niveaux similaires à l’année dernière. La croissance devrait être stable en Allemagne (1,5 %), en France (1,1 %), mais en baisse en Espagne (2,6 % contre 3,2 % en 2015) et au Royaume-Uni (1,9 % contre 2,2 % en 2015). Ces chiffres sont en train d’être légèrement revus à la baisse par le FMI afin de tenir compte de l’effet Brexit.
Japon : des perspectives médiocres
Dans l’archipel nippon, la croissance devrait rester à 0,5 % en 2016, avant de devenir légèrement négative à -0,1 %, en 2017, lorsque le relèvement (de 8 à 10 %) du taux de la TVA entrera en vigueur. La dépréciation récente du yen et l’affaiblissement de la demande des pays émergents devraient freiner l’activité en 2016, explique le FMI, mais la baisse des prix de l’énergie et les mesures budgétaires adoptées dans la loi de finance rectificative devraient stimuler la croissance (l’impulsion budgétaire à elle seule devrait accroître la production de 0,5 point). Les mesures d’assouplissement quantitatif et qualitatif prises par la Banque du Japon, y compris l’adoption, en février, de taux d’intérêt négatifs sur les dépôts de réserves excédentaires marginales, devraient soutenir la demande privée. Les perspectives de croissance à moyen et long terme restent médiocres, du fait principalement de la diminution de la population active.
Pays émergents : une relance encore difficile
Par contraste, la croissance des pays émergents, qui représentent plus de 70 % de la croissance mondiale, devrait stagner cette année, principalement à cause de la dégradation des perspectives de quelques grands pays en développement, accentuée par la dépréciation des devises locales qui n’a fait qu’alourdir la charge déjà élevée de leur dette libellée en dollar.
La Chine, qui est aujourd’hui la plus grande économie du monde en parité de pouvoir d’achat, gère une transition cruciale mais complexe vers une croissance plus durable, fondée sur la consommation et les services. Elle devrait voir sa croissance tomber à 6,5 % en 2016 et à 6,2 % en 2017 – contre une moyenne de plus
de 9 % sur les trente dernières années. Malgré un niveau de dette assez élevé et des statistiques peu transparentes, des réformes ont été prises par le gouvernement chinois pour réduire la surcapacité de production et faciliter la transition vers le secteur tertiaire. D’autres réformes ont aussi été initiées pour réduire les coûts et diverses contraintes liés à la création d’entreprise dans le secteur privé.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, les trajectoires sont également nuancées, il est prévu que le PIB global se contracte en 2016 de -0,5 % comme en 2015 contre une moyenne de 4,2 % sur la période 2004-13, avant de recroître à 1,5 % en 2017, selon le FMI. Au Brésil, les perspectives assombries par la sécheresse, un durcissement de la politique macroéconomique et un manque de confiance du secteur privé, lié en partie à l’enquête sur la corruption sur Petrobas, ont provoqué la destitution de la présidente Dilma Roussef. Au Venezuela, une forte contraction est au rendez-vous (-8 %), en raison de la fonte des cours de l’or sur fond d’incertitude politique, tandis qu’au Mexique, une croissance de 2,6 % est attendue pour l’année en cours. Dans la communauté des États indépendants (CEI), les perspectives devraient s’améliorer malgré des tensions géopolitiques récurrentes. En Russie notamment, une contraction de 1,8 % du PIB continue de plomber l’économie, sous l’effet du prix du pétrole toujours bas et des sanctions internationales, qui accentuent les faiblesses structurelles du pays. En Afrique en revanche, notamment la zone subsaharienne, la croissance reste présente, même si elle devrait tomber à 3 % cette année, contre 3,4 % en 2015 et près de 5 % sur les dix dernières années, selon le FMI, en raison de la baisse des matières premières. La hausse des coûts d’emprunt, qui pèse lourdement sur quelques-unes des plus grosses économies de la région (Afrique du Sud, Angola et Nigeria), continue également d’affecter les finances publiques et de freiner la relance économique.
Un certain nombre d’autres facteurs contribuent à accroître les risques de reprise, ajoute le FMI. Tant aux États-Unis qu’en Europe, le débat politique est de plus en plus orienté vers la recherche de causes structurelles d’une faible croissance, comme par exemple l’accroissement des inégalités de revenus et les effets négatifs de la mondialisation.
Les contrecoups du terrorisme, les débats liés à l’afflux de réfugiés en Europe, mais aussi l’impact des changements climatiques sur la pauvreté et les déplacements de population ne sont pas non plus négligeables, souligne le FMI. Un retour à des politiques plus nationalistes, y compris protectionnistes, n’est pas à exclure, avec des conséquences économiques. Le Brexit quant à lui aura certainement un impact non négligeable sur la croissance mondiale au cours des prochaines années, mais difficilement quantifiable à l’heure actuelle.
États-Unis : un horizon encore bouché
La croissance américaine devrait s’établir à 2,4 % cette année, le même chiffre qu’en 2015, en deçà des niveaux d’avant-crise. La politique monétaire expansionniste (“Quantitative Easing”) lancée par la Réserve fédérale en 2008, qui a pris fin en 2015, a permis le renforcement du marché du logement et le recul du chômage. Ce dernier est descendu à 5 % ces derniers mois, alors que le taux de participation de la population active est enfin remonté à presque 63 % après avoir atteint des plus bas historiques. Ceci a donc poussé la Fed, pour la première fois depuis 2006, à rehausser son taux directeur en décembre dernier à 0,5 %. « La hausse soutenue des créations d’emplois confirme la réalité de la reprise économique, mais celle-ci va inévitablement ralentir au cours des prochains trimestres du fait de la baisse du revenu réel des ménages américains, qui se répercute directement sur la confiance des consommateurs, puis sur les dépenses de consommation », tempère cependant Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank. « Les statistiques économiques sont encore mitigées notamment en matière d’exportations et d’investissements des entreprises, tandis que les prévisions concernant l’inflation restent aux alentours de 1 %, en dessous de l’objectif de 2 % fixé par la Fed », ajoute l’économiste Paul Doueihy. La plupart des banques qui s’accordaient à prédire une ou deux hausses du taux directeur d’ici à la fin de l’année se montrent désormais beaucoup plus prudentes en raison du Brexit.
Europe : une stagnation persistante
Le Vieux Continent, hanté par le spectre de la déflation (-0,3 % sur 12 mois en avril), s’est résolu à doper le plan d’assouplissement quantitatif, dans l’espoir ultime de conjurer la récession et le risque de baisse des prix. En mars, la Banque centrale européenne (BCE) a augmenté le programme de rachat massif d’obligations à 80 milliards d’euros par mois jusqu’en 2017 et abaissé tous ses taux directeurs à zéro.
Selon les économistes de la banque Pictet, la consommation des ménages, enfin en hausse, devrait bénéficier de l’embellie sur le marché du travail, tandis que l’investissement devrait poursuivre son redressement. Au premier trimestre 2016, le crédit bancaire au secteur privé a progressé à son rythme le plus rapide depuis 2009 et la dernière enquête sur la distribution du crédit bancaire de la BCE suggère une poursuite de l’amélioration, malgré les effets néfastes des taux négatifs sur la rentabilité des banques.
Cependant, l’Union européenne va continuer de souffrir d’une crise de confiance récurrente après le vote du Brexit et les problèmes récurrents de la Grèce (même si une enveloppe de 10 milliards d’euros leur a été récemment octroyée pour faire face à leurs échéances). « Ses effets sont réels et sont même en train d’ébranler la solidarité des pays européens, de déconstruire les plus importants piliers de leur succès qui sont l’espace Schengen et la zone euro », souligne Paul Doueihy. « Des taux négatifs s’avèrent difficiles à avaler pour les retraités avec une forte culture d’épargne », ajoute-t-il. Le FMI table sur une croissance de 1,5 % cette année et 1,6 % en 2017, des niveaux similaires à l’année dernière. La croissance devrait être stable en Allemagne (1,5 %), en France (1,1 %), mais en baisse en Espagne (2,6 % contre 3,2 % en 2015) et au Royaume-Uni (1,9 % contre 2,2 % en 2015). Ces chiffres sont en train d’être légèrement revus à la baisse par le FMI afin de tenir compte de l’effet Brexit.
Japon : des perspectives médiocres
Dans l’archipel nippon, la croissance devrait rester à 0,5 % en 2016, avant de devenir légèrement négative à -0,1 %, en 2017, lorsque le relèvement (de 8 à 10 %) du taux de la TVA entrera en vigueur. La dépréciation récente du yen et l’affaiblissement de la demande des pays émergents devraient freiner l’activité en 2016, explique le FMI, mais la baisse des prix de l’énergie et les mesures budgétaires adoptées dans la loi de finance rectificative devraient stimuler la croissance (l’impulsion budgétaire à elle seule devrait accroître la production de 0,5 point). Les mesures d’assouplissement quantitatif et qualitatif prises par la Banque du Japon, y compris l’adoption, en février, de taux d’intérêt négatifs sur les dépôts de réserves excédentaires marginales, devraient soutenir la demande privée. Les perspectives de croissance à moyen et long terme restent médiocres, du fait principalement de la diminution de la population active.
Pays émergents : une relance encore difficile
Par contraste, la croissance des pays émergents, qui représentent plus de 70 % de la croissance mondiale, devrait stagner cette année, principalement à cause de la dégradation des perspectives de quelques grands pays en développement, accentuée par la dépréciation des devises locales qui n’a fait qu’alourdir la charge déjà élevée de leur dette libellée en dollar.
La Chine, qui est aujourd’hui la plus grande économie du monde en parité de pouvoir d’achat, gère une transition cruciale mais complexe vers une croissance plus durable, fondée sur la consommation et les services. Elle devrait voir sa croissance tomber à 6,5 % en 2016 et à 6,2 % en 2017 – contre une moyenne de plus
de 9 % sur les trente dernières années. Malgré un niveau de dette assez élevé et des statistiques peu transparentes, des réformes ont été prises par le gouvernement chinois pour réduire la surcapacité de production et faciliter la transition vers le secteur tertiaire. D’autres réformes ont aussi été initiées pour réduire les coûts et diverses contraintes liés à la création d’entreprise dans le secteur privé.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, les trajectoires sont également nuancées, il est prévu que le PIB global se contracte en 2016 de -0,5 % comme en 2015 contre une moyenne de 4,2 % sur la période 2004-13, avant de recroître à 1,5 % en 2017, selon le FMI. Au Brésil, les perspectives assombries par la sécheresse, un durcissement de la politique macroéconomique et un manque de confiance du secteur privé, lié en partie à l’enquête sur la corruption sur Petrobas, ont provoqué la destitution de la présidente Dilma Roussef. Au Venezuela, une forte contraction est au rendez-vous (-8 %), en raison de la fonte des cours de l’or sur fond d’incertitude politique, tandis qu’au Mexique, une croissance de 2,6 % est attendue pour l’année en cours. Dans la communauté des États indépendants (CEI), les perspectives devraient s’améliorer malgré des tensions géopolitiques récurrentes. En Russie notamment, une contraction de 1,8 % du PIB continue de plomber l’économie, sous l’effet du prix du pétrole toujours bas et des sanctions internationales, qui accentuent les faiblesses structurelles du pays. En Afrique en revanche, notamment la zone subsaharienne, la croissance reste présente, même si elle devrait tomber à 3 % cette année, contre 3,4 % en 2015 et près de 5 % sur les dix dernières années, selon le FMI, en raison de la baisse des matières premières. La hausse des coûts d’emprunt, qui pèse lourdement sur quelques-unes des plus grosses économies de la région (Afrique du Sud, Angola et Nigeria), continue également d’affecter les finances publiques et de freiner la relance économique.