Certains peut-être se souviennent d’un temps pas si lointain – c’était en 2008 – où ils découvrirent Ayman Baalbaki lors d’une exposition à la petite galerie de Saleh Barakat et le charme de ses tableaux, aux couleurs presque enfantines, mais dont le sujet central – la guerre libanaise et ses séquelles sur notre imaginaire – n’avait, lui, strictement rien de candide. « Il n’existe pas d’échappatoire (à la guerre, NDLR) dans la région, disait-il lors d’un entretien sur la radio France-Culture. C’est notre quotidien. »
À l’époque, Saleh Barakat proposait ces toiles majestueuses à moins de 10 000 dollars. Depuis, Ayman Baalbaki a crevé des records : pas moins d’un demi-million aux enchères pour sa toile “Babel” en 2014. Sa cote “moyenne” le situe entre 150 000 et 200 000 dollars, dans le direct sillage d’un artiste comme Paul Guiragossian.
Face à cet emballement du marché, Ayman Baalbaki, qui n’a jamais été un artiste prolixe, a choisi de se montrer discret si l’on excepte quelques-unes de ses œuvres accrochées dans des expositions collectives. Autant dire qu’on attendait ce “retour au visible” de l’un des plus grands artistes contemporains de la région. Pour ce “Blowback”, il s’agit entièrement de nouvelles peintures, d’installations ainsi que de trois sculptures en verre de Murano, présentées en avant-première à la Biennale de Venise en 2015. Des nouveautés qui ne signifient pas cependant que le peintre s’éloigne de sa vision de l’art comme arme politique pour dire le monde : « Mais quoi qu’il arrive, les thèmes et les sujets de cette exposition restent fidèles à cette forme de conscience sociopolitique, cette acuité historique, qui définit le travail d’Ayman Baalbaki. »
On n’en saura pas plus jusqu’à l’inauguration, le 16 septembre.
Saleh Barakat Gallery (Clemenceau), du 16 septembre
au 19 novembre, de 12h à 19h. Tél. : 01/365615.