Le pseudo de cet auteur a longtemps figuré sur un post-it, avec un point d’interrogation, en forme de désir littéraire… Y aller ou pas ? Le lire ? On avait fini par répondre à son appel, il y a déjà plusieurs années. Le très beau roman “La Sanction”, dans lequel Jonathan Hemlock, alpiniste chevronné et professeur d’histoire de l’art, pratique avec esthétisme l’assassinat au profit d’une mystérieuse agence gouvernementale, nous avait alors amusés. Il faut dire qu’il collait comme un gant également au souvenir qu’on avait d’un Clint Eastwood gentleman, en col roulé et pantalon côtelé. L’acteur américain avait en effet incarné ce personnage dans un thriller montagnard assez intelligent, qu’il réalisa en 1975. Et puis on avait oublié cet énigmatique Trevanian. Peut-être, parce que l’écrivain – il s’appelle en fait Rodney Whitaker (1931-2005) – cultiva toute sa vie le secret, n’accordant aucun entretien et éprouvant à l’égard du milieu littéraire les mêmes réticences que ses héros. Mais voilà que les éditions Gallmeister, dont on aime les choix, republient en poche (il existe déjà en grand format) un autre de ses romans : “Shibumi”.
Publié en 1979, il est d’une violente beauté. Car au-delà la trame policière, c’est à un “petit bijou” d’intelligence et d’humour qu’on a affaire : le héros, Nicholaï Hel, élevé au Japon dans l’après-guerre, est un maître du jeu de go. Une passion qu’il double d’une formidable science… Pour tout ce qui sert à expédier de vie à trépas.
Croyant pouvoir se retirer au Pays basque, Hel doit cependant se défendre des menées meurtrières d’une agence internationale, dénommée la Mother Company. Épaulé par son gargantuesque et vaillant compagnon basque, Le Cagot, Hel va de nouveau exercer ses talents de stratège et d’assassin… On pourrait rire d’une trame si simpliste, mais sachez que la critique de la société américaine y est brillante… si ce n’est prémonitoire. On envie ceux qui n’ont pas encore plongé dans cette écriture d’une intelligence vive. Ils ignorent encore quel bonheur les attend, quelques jours au moins, à dévorer ce stupéfiant roman, parmi les très grands de la littérature américaine.
“Shibumi”, éd. Gallmeister, coll. Totem, 522 pages, 12 dollars.
Publié en 1979, il est d’une violente beauté. Car au-delà la trame policière, c’est à un “petit bijou” d’intelligence et d’humour qu’on a affaire : le héros, Nicholaï Hel, élevé au Japon dans l’après-guerre, est un maître du jeu de go. Une passion qu’il double d’une formidable science… Pour tout ce qui sert à expédier de vie à trépas.
Croyant pouvoir se retirer au Pays basque, Hel doit cependant se défendre des menées meurtrières d’une agence internationale, dénommée la Mother Company. Épaulé par son gargantuesque et vaillant compagnon basque, Le Cagot, Hel va de nouveau exercer ses talents de stratège et d’assassin… On pourrait rire d’une trame si simpliste, mais sachez que la critique de la société américaine y est brillante… si ce n’est prémonitoire. On envie ceux qui n’ont pas encore plongé dans cette écriture d’une intelligence vive. Ils ignorent encore quel bonheur les attend, quelques jours au moins, à dévorer ce stupéfiant roman, parmi les très grands de la littérature américaine.
“Shibumi”, éd. Gallmeister, coll. Totem, 522 pages, 12 dollars.