L’ancienne directrice d’Aramex au Liban a mis sa longue expérience professionnelle et son réseau au bénéfice de la Lebanese League Women and Business (LLWB) dont elle est la présidente. L’association propose de mettre en relation les jeunes entrepreneuses, puis de les accompagner dans leurs projets.
“Prendre l’initiative et réussir”. Le slogan de la Lebanese League Women and Business (LLWB) pourrait résumer à lui seul la carrière de sa présidente. Asmahan Zein fait partie de ces femmes qui se sont imposées à la tête des entreprises dans un univers dominé par les hommes. « Cela n’a pas toujours été facile », reconnaît-elle attablée à son bureau de Dekouané. L’initiative, Asmahan Zein l’a prise très jeune alors qu’elle n’a que 18 ans. La jeune femme abandonne les bancs de la Lebanese American University (LAU) pour un mariage précoce et se lance dans la vie active sans diplôme. C’est dans une entreprise libanaise d’import/export qu’elle fait ses premières armes. « J’ai toujours eu le sentiment de devoir travailler davantage que les autres, car je ne voulais pas échouer », explique-t-elle. De cette détermination, une sorte de formule érigée en code de carrière, découlera la réussite. Nous sommes aux prémices de la guerre civile, Asmahan Zein donne naissance à son premier enfant et trace sa route au milieu du chaos. Elle s’en évadera après un passage à la Royal Jordanian (à l’époque Alia Airlines) pour rejoindre la Côte d’Ivoire et y gérer l’hôtel familial d’Abidjan. L’expérience durera cinq ans. Jusqu’à ce qu’un autre membre de sa famille la rappelle au pays : en 1982, son frère Fadi Ghandour cofonde Aramex en Jordanie. La société spécialisée dans le transport et la logistique songe à ouvrir une antenne au Liban. C’est à sa sœur que Fadi Ghandour en confie la responsabilité. Le bâtiment qu’occupe aujourd’hui Asmahan Zein à Dekouané est à l’image de ses 27 ans de carrière chez Aramex. « Quand j’ai commencé, nous étions douze personnes réparties dans deux pièces, aujourd’hui nous avons pris le contrôle de 90 % de l’immeuble, et on compte plus de 270 employés entre Beyrouth et nos antennes de Zahlé, Tripoli… » Dès sa naissance au Liban, Aramex s’impose dans un quotidien toujours rythmé par le conflit. La firme achemine ses colis à travers le pays en dépit des routes coupées, des barrages improvisés et de l’invasion israélienne. « On n’a jamais arrêté un seul jour de travailler pendant l’occupation », revendique Asmahan Zein, convaincue que ses clients leur « en ont toujours été reconnaissants ». Dans la région aussi, le groupe fait fi des conflits et enchaîne les succès. En 1997, l’entreprise familiale dont le siège est désormais aux Émirats arabes unis devient la première multinationale arabe basée dans la région à entrer sur le marché américain Nasdaq. La cotation en Bourse permet la levée de sept millions de dollars. Aramex pèse alors 24 millions de dollars. Puis la société décide de revenir au statut privé en 2002, avant d’opter finalement pour le marché financier de Dubaï (DFM) à partir de 2005. « Nous sommes aujourd’hui considérés comme la cinquième compagnie de transport au monde », revendique Asmahan Zein. En 2015, les revenus du groupe bondissaient de 5 % par rapport à l’année précédente pour s’élever à 3,8 millions de dirhams émiriens (plus d’un million de dollars).
Mais en 2014, l’entrepreneuse décide de relever un nouveau défi. Si elle garde une représentation au sein d’Aramex, elle abandonne la direction libanaise du groupe et crée sa société “Crypta” pour signer la franchise d’InfoFort. Né en 1997 aux Émirats arabes unis, InfoFort s’est fait une place dans le monde arabe et au-delà (Tanzanie, Ghana, Pakistan, Bangladesh...). L’entreprise se spécialise dans le stockage et la protection des données. Au Liban, Asmahan Zein démarche les entreprises pour leur proposer de gérer l’archivage ou la destruction de leurs informations. « C’est un nouveau concept, un “slow business” », explique-t-elle, se refusant à communiquer tout chiffre sur sa “start-up”. « Nous travaillons principalement avec des multinationales ici, car les Libanais n’ont pas encore compris l’importance de cette pratique. »
De toutes ces années dans le monde de l’entreprise, Asmahan Zein a acquis une expérience qu’elle a décidé de mettre au service des autres. Elle, qui confie s’être toujours « engagée », s’est essayée dans sa jeunesse à la politique. Mais l’expérience a tourné court. « Avant je croyais que rejoindre un parti pouvait aider, mais j’ai compris qu’il fallait passer par la société civile. Je crois en mon pays, au changement, au fait que l’on peut construire un monde meilleur pour nos enfants. » Pour mener à bien cette mission, l’entrepreneuse multiplie les représentations au sein de nombreuses associations dédiées au développement et à la jeunesse. Elle est à la fois vice-présidente d’Amideast Lebanon, d’Injaz Lebanon, de Ruwwad al-Tanmeya, tout en ayant une voix à la Chambre américaine du commerce pour le Liban ainsi qu’au pacte mondial, l’agence des Nations unies qui incite les entreprises à une attitude responsable et au respect des droits de l’homme. Mais c’est surtout la Lebanese League for Women Business (LLWB), dont elle devient la présidente en 2015, qui occupe la majeure partie de son temps associatif.
Depuis sa création en 2006, la LLWB regroupe des femmes aux parcours hétéroclites (entrepreneuriat, droit, assurance, hôtellerie/restauration…). Lors de sessions mensuelles baptisées “Join and grow”, les adhérentes sont invitées à partager leur expérience, se rencontrer en vue de bâtir un réseau de relations. Seule condition pour faire partie de ce cercle d’entraide : être une Libanaise entrepreneuse ou employée, et s’acquitter d’une cotisation annuelle de 100 dollars. De 70 membres l’année dernière, la LLWB est passée à 160 aujourd’hui. « Nous sommes là pour les accompagner, les conseiller dans le lancement de leurs projets et les mettre en relation avec les bonnes personnes », explique Asmahan Zein, qui officie à la LLWB avec six autres personnes. L’association soutient également ses adhérentes engagées dans une quête aux bourses privées. Un tremplin idéal pour lancer une start-up. C’est ainsi que, grâce au soutien de la LLWB, Rana Shmaitelly a obtenu il y a trois ans un prix de 20 000 dollars lors d’un concours organisé par le joaillier et horloger Cartier. Son projet “Little Engineer” propose d’initier les plus jeunes aux métiers du monde de l’ingénierie.
Si Asmahan Zein milite pour une place accrue des femmes dans le monde de l’entreprise – « le marché du travail libanais ne se compose que de 24 % de femmes », déplore-t-elle –, l’entrepreneuse croit en revanche à l’égalité des genres et se dit « contre la discrimination positive ». Pour preuve, à l’approche de son dixième anniversaire, l’association devrait entamer une révolution de taille en ouvrant ses portes aux hommes. La LLWB ne se délaissera pourtant pas de son « W », synonyme de “women”. Une façon de ne pas oublier son combat initial. Et garder son identité.
Mais en 2014, l’entrepreneuse décide de relever un nouveau défi. Si elle garde une représentation au sein d’Aramex, elle abandonne la direction libanaise du groupe et crée sa société “Crypta” pour signer la franchise d’InfoFort. Né en 1997 aux Émirats arabes unis, InfoFort s’est fait une place dans le monde arabe et au-delà (Tanzanie, Ghana, Pakistan, Bangladesh...). L’entreprise se spécialise dans le stockage et la protection des données. Au Liban, Asmahan Zein démarche les entreprises pour leur proposer de gérer l’archivage ou la destruction de leurs informations. « C’est un nouveau concept, un “slow business” », explique-t-elle, se refusant à communiquer tout chiffre sur sa “start-up”. « Nous travaillons principalement avec des multinationales ici, car les Libanais n’ont pas encore compris l’importance de cette pratique. »
De toutes ces années dans le monde de l’entreprise, Asmahan Zein a acquis une expérience qu’elle a décidé de mettre au service des autres. Elle, qui confie s’être toujours « engagée », s’est essayée dans sa jeunesse à la politique. Mais l’expérience a tourné court. « Avant je croyais que rejoindre un parti pouvait aider, mais j’ai compris qu’il fallait passer par la société civile. Je crois en mon pays, au changement, au fait que l’on peut construire un monde meilleur pour nos enfants. » Pour mener à bien cette mission, l’entrepreneuse multiplie les représentations au sein de nombreuses associations dédiées au développement et à la jeunesse. Elle est à la fois vice-présidente d’Amideast Lebanon, d’Injaz Lebanon, de Ruwwad al-Tanmeya, tout en ayant une voix à la Chambre américaine du commerce pour le Liban ainsi qu’au pacte mondial, l’agence des Nations unies qui incite les entreprises à une attitude responsable et au respect des droits de l’homme. Mais c’est surtout la Lebanese League for Women Business (LLWB), dont elle devient la présidente en 2015, qui occupe la majeure partie de son temps associatif.
Depuis sa création en 2006, la LLWB regroupe des femmes aux parcours hétéroclites (entrepreneuriat, droit, assurance, hôtellerie/restauration…). Lors de sessions mensuelles baptisées “Join and grow”, les adhérentes sont invitées à partager leur expérience, se rencontrer en vue de bâtir un réseau de relations. Seule condition pour faire partie de ce cercle d’entraide : être une Libanaise entrepreneuse ou employée, et s’acquitter d’une cotisation annuelle de 100 dollars. De 70 membres l’année dernière, la LLWB est passée à 160 aujourd’hui. « Nous sommes là pour les accompagner, les conseiller dans le lancement de leurs projets et les mettre en relation avec les bonnes personnes », explique Asmahan Zein, qui officie à la LLWB avec six autres personnes. L’association soutient également ses adhérentes engagées dans une quête aux bourses privées. Un tremplin idéal pour lancer une start-up. C’est ainsi que, grâce au soutien de la LLWB, Rana Shmaitelly a obtenu il y a trois ans un prix de 20 000 dollars lors d’un concours organisé par le joaillier et horloger Cartier. Son projet “Little Engineer” propose d’initier les plus jeunes aux métiers du monde de l’ingénierie.
Si Asmahan Zein milite pour une place accrue des femmes dans le monde de l’entreprise – « le marché du travail libanais ne se compose que de 24 % de femmes », déplore-t-elle –, l’entrepreneuse croit en revanche à l’égalité des genres et se dit « contre la discrimination positive ». Pour preuve, à l’approche de son dixième anniversaire, l’association devrait entamer une révolution de taille en ouvrant ses portes aux hommes. La LLWB ne se délaissera pourtant pas de son « W », synonyme de “women”. Une façon de ne pas oublier son combat initial. Et garder son identité.
Dates-clés 1968 : Premier emploi de secrétaire dans une entreprise d’import/export. 1978 : Manager du Grand Hôtel d’Abidjan en Côte d’Ivoire. 1988 : Ouvre le bureau d’Aramex au Liban. 2014 : Rachète la franchise d’InfoFort au Liban. 2015 : Présidente de la Lebanese League Women Business (LLWB). |