Enfants espiègles, Lolita en pyjama, ou femmes devenues… Toutes les femmes de la photographe Rania Matar ont en commun une forte présence physique, une morgue dans le regard, une posture du corps dont seules les danseuses ont l’intuition… De simples portraits, de femmes bien réelles, qu’elles soient de Bourj Brajné, de Rabié ou de Boston. Pourtant, le mystère reste entier : Rania Matar, à qui le musée Amon Carter s’apprête à consacrer une exposition solo, crée des trompe-l’œil philosophiques. Derrière ses beautés immobiles, existe un monde en attente. Il est fait de références implicites, de superpositions de motifs qui laissent planer un doute. Ils donnent au sujet central – la femme, son identité, ses métamorphoses, son ambivalence – un contexte délicatement étrange et décalé. « Pour moi, il est surtout question de growing-up et growing-old, dit-elle dans ce sabir si délicieusement libanais. Je ne cherche pas à prendre des “cartes postales”, j’essaie de traduire ce que le body langage de mes modèles me raconte d’elles-mêmes. »
Dans ses séries “Becoming” ou l’“Enfant-femme”, consacrées toutes deux aux “Peggy Sage”, ainsi que François Truffaut baptisait ces jeunes filles en fleur, Rania Matar shoote ses modèles dans leur environnement naturel, leur chambre, leur quartier. Maquillées parfois, souvent sages, on croirait des actrices parfaites, figées dans une posture de stars, presque inanimées. « C’est l’âge où les enfants se détachent de leurs parents. C’est l’âge aussi où ils ne veulent pas grandir. »
Quelque chose cependant continue de nous interroger chez Rania Matar, spécialement dans sa série “Unspoken Conversations”, où mères et filles se rencontrent : un grain de surnaturel, qui fige ces portraits, dans un temps qui n’est plus le nôtre ? Une confrontation entre deux archétypes si proches et pourtant si différents ? Ou bien une présence fantôme comme si la photographe, dont la mère est morte alors qu’elle n’était qu’une enfant, ne savait justement pas comment traiter ce rapport maternel ? Cette polyphonie fait l’originalité du travail de cette grande portraitiste, peintre d’un “éternel féminin” qui va bien au-delà des apparences.
Galerie Janine Rubeiz, Raouché, Tél. : 01/868290, du 26 octobre au 18 novembre 2016.
Dans ses séries “Becoming” ou l’“Enfant-femme”, consacrées toutes deux aux “Peggy Sage”, ainsi que François Truffaut baptisait ces jeunes filles en fleur, Rania Matar shoote ses modèles dans leur environnement naturel, leur chambre, leur quartier. Maquillées parfois, souvent sages, on croirait des actrices parfaites, figées dans une posture de stars, presque inanimées. « C’est l’âge où les enfants se détachent de leurs parents. C’est l’âge aussi où ils ne veulent pas grandir. »
Quelque chose cependant continue de nous interroger chez Rania Matar, spécialement dans sa série “Unspoken Conversations”, où mères et filles se rencontrent : un grain de surnaturel, qui fige ces portraits, dans un temps qui n’est plus le nôtre ? Une confrontation entre deux archétypes si proches et pourtant si différents ? Ou bien une présence fantôme comme si la photographe, dont la mère est morte alors qu’elle n’était qu’une enfant, ne savait justement pas comment traiter ce rapport maternel ? Cette polyphonie fait l’originalité du travail de cette grande portraitiste, peintre d’un “éternel féminin” qui va bien au-delà des apparences.
Galerie Janine Rubeiz, Raouché, Tél. : 01/868290, du 26 octobre au 18 novembre 2016.