
L’histoire est aussi simple que dramatique : livrés à eux-mêmes depuis le départ du père, muté dans une autre ville, les quatre frères Aqwe voient leur avenir – faire de bonnes études au Canada et devenir des “hommes importants” – voler en éclats un jour de 1996, quand un prophète fou leur assène une terrible nouvelle : leur aîné sera assassiné par l’un d’entre eux. Quinze années plus tard, devenu adulte, le quatrième fils, Benjamin, se souvient et raconte, retrouvant la voix du petit garçon qu’il était alors.
De l’Afrique, Chigozie Obioma a su intégrer le fantastique et un rythme du récit qu’on croirait accorder aux battements du cœur (ou au trépignement des pieds sur le sol). Après Chimamanda Ngozi Adichie (“Americanah”, 2015), Lucy Mushita (“Chinongwa”, 2012) ou encore Taiye Selasi (“Le ravissement des innocents”, 2015), cette génération d’auteurs africains, abreuvés de culture américaine – ces “Afropolitains” comme Selasi se plaît à les définir – est en train de révolutionner notre façon de penser le roman anglophone.
“Les Pêcheurs”, traduit de l’anglais (Nigeria) par Serge Chauvin, éd. de l’Olivier, 304 p., 22 dollars.