Sept artistes pour cette “rencontre à l’aveugle”, une jolie occasion de passer quelques “heures exquises” où rien “qui pèse ou qui pose”, pour reprendre un vers de Verlaine, ne vient gêner. « Les pièces exposées abordent des concepts et des thèmes allant de l’archéologie, de l’histoire, du politique ; à l’exploration de questions existentielles, la féminité, le digital et le mystique », rappelle le communiqué de la galerie Sfeir-Semler. Il y a ainsi Mohammad Monaisser, jeune Égyptien de 27 ans, qui se plaît à revisiter de vieilles légendes pour les illustrer de nouvelles manières comme celles de “Antar et Abla”, que se grand-mère lui murmurait enfant et qu’il réinvente sur des morceaux de tissus. Dans cette paisible déambulation, il faut également s’attarder sur le travail de Lawrence Abu Hamdan, artiste jordanien, installé à Beyrouth, qui peint une étude linguiste autour des “conflited phonems” (ces petites unités distinctives qui segmentent la chaîne parlée) : sur un mur de la galerie, il montre ainsi comment les autorités d’un pays – la Hollande en l’occurrence – ont décidé de l’octroi (ou non) de leur carte de résident en fonction des accents des dialectes des demandeurs d’asile. Une œuvre “politique” autant que “linguistique” qui conserve ce “mordant” artistique, nécessaire à toute œuvre.
Même âpreté noire chez Basel Abbas et Ruanne Abou Rahmé, deux artistes palestiniens installés à New York : le duo se réapproprie des objets anciens comme ces masques palestiniens plurimillénaires, aujourd’hui exposés dans un musée en Israël. Ils les portent sur leur visage, dans une vidéo tournée pendant une visite aux villages palestiniens effacés après la guerre de 1948. Étrange “effet miroir” où des objets et des paysages perdent littéralement leur sens (voire leur usage)…
Si vous êtes sensible à ces ambiguïtés, attardez-vous également dans la pièce réservée aux étranges totems de la Sud-Africaine Dineo Seshee Bopape, exposée pour la première fois à Beyrouth : prometteur, son travail combine structures de grandes échelles et minuscules ornements (ou image)… « L’artiste pare des figures d’acier tordues, de façon à amplifier le côté malléable et fluide du matériau, avec des objets collectés sur des sites et des marchés locaux, façonnés et manipulés manuellement. » On n’y comprend rien, et c’est justement ce qui est très beau.
Blind Date, galerie Sfeir-Semler, jusqu’au 25 mars,
Tél. : 01/566550.
Même âpreté noire chez Basel Abbas et Ruanne Abou Rahmé, deux artistes palestiniens installés à New York : le duo se réapproprie des objets anciens comme ces masques palestiniens plurimillénaires, aujourd’hui exposés dans un musée en Israël. Ils les portent sur leur visage, dans une vidéo tournée pendant une visite aux villages palestiniens effacés après la guerre de 1948. Étrange “effet miroir” où des objets et des paysages perdent littéralement leur sens (voire leur usage)…
Si vous êtes sensible à ces ambiguïtés, attardez-vous également dans la pièce réservée aux étranges totems de la Sud-Africaine Dineo Seshee Bopape, exposée pour la première fois à Beyrouth : prometteur, son travail combine structures de grandes échelles et minuscules ornements (ou image)… « L’artiste pare des figures d’acier tordues, de façon à amplifier le côté malléable et fluide du matériau, avec des objets collectés sur des sites et des marchés locaux, façonnés et manipulés manuellement. » On n’y comprend rien, et c’est justement ce qui est très beau.
Blind Date, galerie Sfeir-Semler, jusqu’au 25 mars,
Tél. : 01/566550.