L’anecdote offre un aperçu du personnage. Un jour de 1999, Najat Rizk se met en tête de filmer le Hezbollah. La native de Ghosta dans les montagnes du Kesrouan et élevée dans le quartier d’Achrafié n’a jamais mis les pieds dans la banlieue chiite du sud de Beyrouth. Elle prend pourtant son téléphone et décroche un rendez-vous avec le responsable de la communication du parti. Il lui accorde quinze minutes. L’entretien durera plus de deux heures. De cette rencontre accouchera dix-huit mois plus tard “The living martyr, Hizbollah unveiled”, une plongée documentaire dans le mouvement chiite à travers l’histoire d’un garçon de neuf ans dont le père a péri en martyr. Le fruit d’un an et demi d’enquête et de tournage. Et le premier coup d’éclat pour Firehorse, sa boîte de production fondée quelques mois plus tôt. Najat Rizk aime à mettre en avant ce mélange de « naïveté et d’ambition » qui lui a permis de gravir les échelons. Comme quand à 25 ans, la jeune diplômée d’histoire-géographie est propulsée en Italie à la tête de la chaîne arabe de variétés al-Thaniya. « Un directeur américain était venu trois jours au Liban pour recruter quelqu’un qui parlait l’arabe, l’anglais et le français, j’étais jeune, l’échec ne me faisait pas peur, j’ai donc foncé », se souvient-elle. C’est ainsi qu’en 1993, elle se retrouve embarquée dans la naissance d’un bouquet de chaînes de télévision moyen-orientales pour le compte du groupe saoudien Mawarid. Elle ne quittera plus l’univers des médias. Najat Rizk rentre au Liban en 1999 pour se consacrer aux « documentaires politiques et historiques ». Elle cofonde avec Mona Mounayer sa société de production : Firehorse. Le nom se veut une référence à l’année de naissance des deux associées placée sous le signe du cheval de feu dans le calendrier chinois. « Un signe de terre qui renvoie à la passion et à la détermination, associé à un animal libre, qui fonce », justifie-t-elle.
Fidèle à ce précepte, la société franchit les obstacles. Elle s’engage dans une course de fond en concurrence avec les boîtes de production qui se multiplient dans la région – « sur les cinq dernières années, il y en a davantage dans la région que de chaînes de télévision », relève-t-elle. Si Najat Rizk se refuse à communiquer sur le chiffre d’affaires ou les bénéfices de sa société, elle cite volontiers le prix décerné en 2010 par l’université de Harvard qui la plaçait deuxième au rang des dirigeants libanais en termes de réussite. « Entre 2008 et 2013, notre croissance annuelle moyenne a été de 500 % », se contente-t-elle d’indiquer. Cette période coïncide avec l’entrée au capital du groupe de communication libanais Quantum. Et la diversification de l’offre de Firehorse. En plus de la production de documentaires – la société a par exemple coproduit la série consacrée au président Bachir Gemayel diffusée sur MTV Lebanon l’été dernier –, le groupe se lance dans les programmes télévisés et les films de communication à destination des États du Golfe. Une dernière activité particulièrement lucrative. « La majeure partie de nos revenus sont issus de cette branche à laquelle nous consacrons 25 % de notre activité », précise-t-elle. Sa mission : « Faire de la pédagogie en expliquant les lois en image. » Sur son carnet d’adresses figurent ainsi le roi du Bahreïn, la famille al-Saoud ou encore le gouvernement d’Abou Dhabi.
Mettre la culture arabe à la portée du monde
En 18 ans, la boîte de production sillonne la région, multiplie les tournages et compile plus de 4 000 heures d’archives. Une banque de données précieuse que les deux associées décident d’exploiter. Firehorse Arc voit le jour en 2014 avec l’ambition de proposer, via une plate-forme en ligne, de courtes vidéos (de cinq secondes à une minute) sur la culture arabe et musulmane. « Nous avions ce projet en tête depuis le début », explique Najat Rizk, qui a gardé la propriété intellectuelle sur la plupart de ses images qu’elle peut ainsi réutiliser. Le lancement de Firehorse a un coût. Les quelque 800 000 dollars investis incitent Najat Rizk à restructurer son groupe. Des 35 employés de l’époque, seuls neuf ont encore leur place aujourd’hui dans les bureaux de Sin el-Fil. « Nous avons mis beaucoup dans ce projet, car produire des clips pas chers et à la portée de tout le monde, c’est l’avenir de la production, se justifie-t-elle. Notre offre s’adresse aux entreprises qui veulent réaliser des films privés à des fins de communication. Nous mettons la culture du Moyen-Orient en image à la portée du monde. » En cette fin 2016, Firehorse Arc entre dans une nouvelle ère. La société vient de sceller un partenariat avec l’un des poids lourds des banques d’images en ligne. Depuis octobre, plus de 2 000 heures de ses archives sont hébergées sur la plate-forme de l’américain Shutterstock qui charrie quelque 2 millions d’internautes chaque jour. Najat Rizk veut désormais consacrer son temps à ce projet. « Je vais garder mes parts au sein de Firehorse, mais nous allons laisser la responsabilité de la société à quelqu’un d’autre », confie-t-elle. Avec Firehorse, « nous avons réussi à créer un business qui a prospéré au Moyen-Orient, Firehorse Arc vise maintenant à s’ouvrir sur le monde ».
Fidèle à ce précepte, la société franchit les obstacles. Elle s’engage dans une course de fond en concurrence avec les boîtes de production qui se multiplient dans la région – « sur les cinq dernières années, il y en a davantage dans la région que de chaînes de télévision », relève-t-elle. Si Najat Rizk se refuse à communiquer sur le chiffre d’affaires ou les bénéfices de sa société, elle cite volontiers le prix décerné en 2010 par l’université de Harvard qui la plaçait deuxième au rang des dirigeants libanais en termes de réussite. « Entre 2008 et 2013, notre croissance annuelle moyenne a été de 500 % », se contente-t-elle d’indiquer. Cette période coïncide avec l’entrée au capital du groupe de communication libanais Quantum. Et la diversification de l’offre de Firehorse. En plus de la production de documentaires – la société a par exemple coproduit la série consacrée au président Bachir Gemayel diffusée sur MTV Lebanon l’été dernier –, le groupe se lance dans les programmes télévisés et les films de communication à destination des États du Golfe. Une dernière activité particulièrement lucrative. « La majeure partie de nos revenus sont issus de cette branche à laquelle nous consacrons 25 % de notre activité », précise-t-elle. Sa mission : « Faire de la pédagogie en expliquant les lois en image. » Sur son carnet d’adresses figurent ainsi le roi du Bahreïn, la famille al-Saoud ou encore le gouvernement d’Abou Dhabi.
Mettre la culture arabe à la portée du monde
En 18 ans, la boîte de production sillonne la région, multiplie les tournages et compile plus de 4 000 heures d’archives. Une banque de données précieuse que les deux associées décident d’exploiter. Firehorse Arc voit le jour en 2014 avec l’ambition de proposer, via une plate-forme en ligne, de courtes vidéos (de cinq secondes à une minute) sur la culture arabe et musulmane. « Nous avions ce projet en tête depuis le début », explique Najat Rizk, qui a gardé la propriété intellectuelle sur la plupart de ses images qu’elle peut ainsi réutiliser. Le lancement de Firehorse a un coût. Les quelque 800 000 dollars investis incitent Najat Rizk à restructurer son groupe. Des 35 employés de l’époque, seuls neuf ont encore leur place aujourd’hui dans les bureaux de Sin el-Fil. « Nous avons mis beaucoup dans ce projet, car produire des clips pas chers et à la portée de tout le monde, c’est l’avenir de la production, se justifie-t-elle. Notre offre s’adresse aux entreprises qui veulent réaliser des films privés à des fins de communication. Nous mettons la culture du Moyen-Orient en image à la portée du monde. » En cette fin 2016, Firehorse Arc entre dans une nouvelle ère. La société vient de sceller un partenariat avec l’un des poids lourds des banques d’images en ligne. Depuis octobre, plus de 2 000 heures de ses archives sont hébergées sur la plate-forme de l’américain Shutterstock qui charrie quelque 2 millions d’internautes chaque jour. Najat Rizk veut désormais consacrer son temps à ce projet. « Je vais garder mes parts au sein de Firehorse, mais nous allons laisser la responsabilité de la société à quelqu’un d’autre », confie-t-elle. Avec Firehorse, « nous avons réussi à créer un business qui a prospéré au Moyen-Orient, Firehorse Arc vise maintenant à s’ouvrir sur le monde ».