« L’univers est devenu un tout quantifiable » depuis l’invention de la perspective, sans plus de place « pour une perception qualitative », selon les mots de Tony Chakar, architecte et écrivain libanais, dont le Beirut Art Center (BAC) met en scène en ce moment la première exposition solo. Pour tenter de retrouver du sens, l’artiste, qui enseigne à l’Académie libanaise des beaux-arts, joue sur les oppositions, les lignes de fracture, entre différentes disciplines. Il joue de même sur les va-et-vient entre passé, présent et avenir. « Il n’y a pas qu’une seule et unique forme, mais plusieurs », assure-t-il d’ailleurs dans un article du quotidien L’Orient-Le Jour. Une manière d’inviter les spectateurs à se “laisser aller”, voire à “s’ouvrir” à toutes les interprétations possibles. Au final, il s’agit moins ici de voir que de “vivre” l’œuvre et son rapport au monde.
Ainsi, en est-il d’une vidéo (1999) “A retroactive monument for a chimerical city”. Présentée au BAC, cette œuvre invite à une lente méditation sur l’histoire et le devenir d’un lieu − la corniche − emblématique de Beyrouth. À la manière de l’écrivain américain Walter Benjamin, la corniche constitue une métaphore pour rendre compte de la relation de l’artiste à son espace de vie et de création.
Autre œuvre présentée dans le cadre de cette exposition, “4 cotton underwear for Tony” (2009). Plus politique, sans doute, elle se compose d’un livre et de cartes postales : l’artiste y revient sur la mort de son père, tué par un sniper en 1977 alors qu’il passait la ligne verte. Rédigé en arabe et anglais, ce récit est centré autour de la figure du “père-martyre” du narrateur, qui semble lui aussi s’appeler Tony. Il s’accompagne d’une carte postale, qui reproduit un portrait “à la mode soviétique” du père, peint par un peintre officiel du Hezbollah, à la demande de l’artiste. Tony Chakar y questionne la notion de propagande et son impact sur l’écriture d’un récit familial qu’elle métamorphose nécessairement. Une dichotomie entre intime et collectif, que l’on retrouve tout au long de cette exposition.
“On Becoming Two”, Tony Chakar, Beirut Art Center, jusqu’au 26 mars, Tél : 01/397018.
Ainsi, en est-il d’une vidéo (1999) “A retroactive monument for a chimerical city”. Présentée au BAC, cette œuvre invite à une lente méditation sur l’histoire et le devenir d’un lieu − la corniche − emblématique de Beyrouth. À la manière de l’écrivain américain Walter Benjamin, la corniche constitue une métaphore pour rendre compte de la relation de l’artiste à son espace de vie et de création.
Autre œuvre présentée dans le cadre de cette exposition, “4 cotton underwear for Tony” (2009). Plus politique, sans doute, elle se compose d’un livre et de cartes postales : l’artiste y revient sur la mort de son père, tué par un sniper en 1977 alors qu’il passait la ligne verte. Rédigé en arabe et anglais, ce récit est centré autour de la figure du “père-martyre” du narrateur, qui semble lui aussi s’appeler Tony. Il s’accompagne d’une carte postale, qui reproduit un portrait “à la mode soviétique” du père, peint par un peintre officiel du Hezbollah, à la demande de l’artiste. Tony Chakar y questionne la notion de propagande et son impact sur l’écriture d’un récit familial qu’elle métamorphose nécessairement. Une dichotomie entre intime et collectif, que l’on retrouve tout au long de cette exposition.
“On Becoming Two”, Tony Chakar, Beirut Art Center, jusqu’au 26 mars, Tél : 01/397018.