C’est l’ultima thulé de tous les plasticiens du monde : représenter son pays à la Biennale internationale d’art de Venise, dont l’édition 2017 s’est ouverte au public le 13 mai. Tous les deux ans en effet, ils sont une centaine d’artistes à prendre d’assaut les pavillons nationaux installés dans les magnifiques jardins de Venise ou le long de l’Arsenal. Parmi eux, Zad Moultaka. L’artiste libanais, musicien et plasticien, représente son pays natal cette année à Venise, avec SamaS (soleil en français), une installation sonore et lumineuse. «Questionner l’imaginaire musical d’un temps reculé, voire archaïque n’est pas une simple spéculation de compositeur, c’est avant tout la quête d’une énergie ancienne, d’un espace ancré dans des croyances reliant le destin de l’homme à quelque chose qui va au-delà des apparences, un espace enseveli de nos jours sous les décombres d’un monde terriblement superficiel. Loin d’une quelconque reconstruction historique, il s’agit de chercher en soi des débris d’un archaïsme salutaire, permettant simplement de se recentrer sur une intériorité, violentée par un trop plein de l’apparent», assure l’artiste dans le communiqué.
Ce sont des financements 100 % privés – à hauteur de 800 000 euros – qui ont permis au Liban d’être présent à la biennale cette année, pour la troisième fois de son histoire. L’enjeu, il est vrai, est d’importance : en moyenne, celle-ci attire quelque 500 000 visiteurs. Des touristes bien sûr, mais aussi les plus importants collectionneurs du monde. « Nous espérons attirer entre 30 et 40 000 visiteurs », assure Alia Attieh, qui a coordonné la campagne de financement. Car, comme le rappelle le quotidien français Le Monde, Venise est « une incroyable plate-forme qui permet de toucher le public, de peaufiner son réseau et d’espérer accéder ainsi au marché international ». Même si ceux qui parviennent à concentrer l’attention sont rares : en 1995, Christian Boltanski, qui y représentait la France pour le centenaire de la biennale, avait publié un livre répertoriant le millier d’artistes qui avaient pu y participer. Selon lui, à peine 10 % d’entre eux sont entrés dans l’histoire de l’art.
Biennale de Venise, jusqu’au 26 novembre 2017.