Le troisième volume de “Vernon Subutex” est sorti fin mai. Ce dernier épisode achève cette grande fresque romanesque, où l’on suit la longue descente aux enfers d’un ex-disquaire rock, mi-SDF, mi gourou. Près de deux ans après la parution du dernier volume, le nouvel opus ne trahit en rien l’esprit de Virginie Despentes : sa saga reste le prétexte, aujourd’hui comme hier, à une balade dans la France contemporaine, marquée par les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.
À la fin du dernier opuscule, on avait laissé Vernon Subutex bien installé dans les Buttes Chaumont, le parc où il retrouvait son groupe d’anciennes connaissances et d’amis. Presque pacifiés, ils dansaient aux sons de la musique que cet ancien DJ malmenait pour donner naissance à d’improbables vibrations. Un univers trop apaisé, pensait-on pour Virginie Despentes. Et l’on pressentait que la suite qu’elle s’apprêtait à écrire nous entraînerait vers plus de souffrances face à une époque d’une brutalité inouïe et d’une invivable violence sociale. « Personne ne peut saquer personne. On n’a pas envie de vivre ensemble. Ce n’est pas vrai que les cultures se mélangent. (…) Ce que tout le monde cherche, au final, c’est l’entre-soi. N’avoir à se coltiner que des gens qui te ressemblent. Pas d’étrangers. Et le ciment le plus facile à trouver pour souder un groupe restera toujours l’ennemi commun. »
Dans ce nouveau roman, Vernon et ses amis ont élaboré une sorte de micro-utopie, où la musique, la transe (et l’abandon des moyens de communication) les rendent modestement heureux. Mais la digue, qu’ils ont su ainsi fonder, se rompt à la mort de l’un d’entre eux : un ancien poivrot qui vient de gagner au Loto, et dont la veuve est supposée partager l’héritage entre Vernon et ses quelques amis.
Sans surprise, l’argent fait voler en éclats l’harmonie, le groupe se disperse. Tout l’enjeu de ces personnages est alors de lutter, même de manière inconsciente, pour rattraper cette “part des anges” sans laquelle, semble nous dire la romancière, il est impossible de vivre.
“Vernon Subutex 3”, Virginie Despentes, Grasset, 400 p.,
20 dollars.
À la fin du dernier opuscule, on avait laissé Vernon Subutex bien installé dans les Buttes Chaumont, le parc où il retrouvait son groupe d’anciennes connaissances et d’amis. Presque pacifiés, ils dansaient aux sons de la musique que cet ancien DJ malmenait pour donner naissance à d’improbables vibrations. Un univers trop apaisé, pensait-on pour Virginie Despentes. Et l’on pressentait que la suite qu’elle s’apprêtait à écrire nous entraînerait vers plus de souffrances face à une époque d’une brutalité inouïe et d’une invivable violence sociale. « Personne ne peut saquer personne. On n’a pas envie de vivre ensemble. Ce n’est pas vrai que les cultures se mélangent. (…) Ce que tout le monde cherche, au final, c’est l’entre-soi. N’avoir à se coltiner que des gens qui te ressemblent. Pas d’étrangers. Et le ciment le plus facile à trouver pour souder un groupe restera toujours l’ennemi commun. »
Dans ce nouveau roman, Vernon et ses amis ont élaboré une sorte de micro-utopie, où la musique, la transe (et l’abandon des moyens de communication) les rendent modestement heureux. Mais la digue, qu’ils ont su ainsi fonder, se rompt à la mort de l’un d’entre eux : un ancien poivrot qui vient de gagner au Loto, et dont la veuve est supposée partager l’héritage entre Vernon et ses quelques amis.
Sans surprise, l’argent fait voler en éclats l’harmonie, le groupe se disperse. Tout l’enjeu de ces personnages est alors de lutter, même de manière inconsciente, pour rattraper cette “part des anges” sans laquelle, semble nous dire la romancière, il est impossible de vivre.
“Vernon Subutex 3”, Virginie Despentes, Grasset, 400 p.,
20 dollars.