Larry Brown, dont on a déjà ici chroniqué certains de ses romans (Le Commerce du Levant, janvier 2015), porte en lui une sorte de blues des “petites gens” du Sud américain. Dans ses autres livres comme “Joe”, ou “Père et fils”, les personnages sont presque systématiquement des culs-terreux à la dérive. À chaque fois, le décor reste inchangé ou presque : sécheresse de la terre et des cœurs, pick-up dézingués, hommes fatigués que les bières ou le bourbon, même au réveil, ne parviennent pas à sortir de leur sordide réalité… C’est beau, d’une écriture dure, presque “osseuse” tant elle prône une rigueur sèche, faisant fi de toute “psychologie des personnages”.
Mais on n’aurait pas cru Larry Brown capable de s’attaquer à un personnage féminin, qui plus est une Baby Doll de campagne. Or, voilà qu’avec “Fay” – le prénom de l’héroïne de ce roman publié une première fois il y a une quinzaine d’années et retraduit aujourd’hui par les éditions Gallmeister –, Larry Brown s’immisce dans la tête d’une môme de 17 ans. C’est l’une des grandes réussites de ce roman d’ailleurs que d’avoir su donner corps aux rêves à peine éclos d’une gamine.
Certes, c’est une fugueuse, fuyant un père aussi violent que violeur. Mais cette belle aux seins lourds veut se construire un nouvel horizon, plus tendre, plus sécurisé. « Si elle avait connu le mot “grâce”, elle l’aurait alors prononcé pour décrire sa marche. »
Pendant quelques chapitres, on croirait presque que Larry Brown va céder et laisser son personnage rencontrer un bonheur inespéré. Mais ce serait mal connaître cet ex-pompier alcoolique, lauréat à deux reprises du prestigieux Southern Book Award for Fiction : ce qu’il décrit, ce sont toujours des histoires poisseuses de marginaux et de paumés magnifiques dans son Mississippi natal. “Fay” n’échappe pas à la règle : en près de 500 pages denses, où l’on passe d’un meurtre à une trahison dans la plus belle tradition des romans noirs américains, l’auteur nous dresse le portrait d’une perdante flamboyante. Haletant, noir forcément, “Fay” porte Larry Brown à son apogée.
Larry Brown, “Fay”, éditions Gallmeister, 12 dollars.
Mais on n’aurait pas cru Larry Brown capable de s’attaquer à un personnage féminin, qui plus est une Baby Doll de campagne. Or, voilà qu’avec “Fay” – le prénom de l’héroïne de ce roman publié une première fois il y a une quinzaine d’années et retraduit aujourd’hui par les éditions Gallmeister –, Larry Brown s’immisce dans la tête d’une môme de 17 ans. C’est l’une des grandes réussites de ce roman d’ailleurs que d’avoir su donner corps aux rêves à peine éclos d’une gamine.
Certes, c’est une fugueuse, fuyant un père aussi violent que violeur. Mais cette belle aux seins lourds veut se construire un nouvel horizon, plus tendre, plus sécurisé. « Si elle avait connu le mot “grâce”, elle l’aurait alors prononcé pour décrire sa marche. »
Pendant quelques chapitres, on croirait presque que Larry Brown va céder et laisser son personnage rencontrer un bonheur inespéré. Mais ce serait mal connaître cet ex-pompier alcoolique, lauréat à deux reprises du prestigieux Southern Book Award for Fiction : ce qu’il décrit, ce sont toujours des histoires poisseuses de marginaux et de paumés magnifiques dans son Mississippi natal. “Fay” n’échappe pas à la règle : en près de 500 pages denses, où l’on passe d’un meurtre à une trahison dans la plus belle tradition des romans noirs américains, l’auteur nous dresse le portrait d’une perdante flamboyante. Haletant, noir forcément, “Fay” porte Larry Brown à son apogée.
Larry Brown, “Fay”, éditions Gallmeister, 12 dollars.