Adel Abedin (1973) a sans doute beaucoup à dire. Ce plasticien irakien, qui vit depuis plusieurs années en Finlande, figure dans la sélection des 39 artistes retenus pour l’exposition “Ourouba” (“arabité” en arabe) qui se tient dans le cadre de la Beirut Art Fair, du 20 au 24 septembre. Dans sa vidéo “Consomption of war” (2010), le vidéaste dénonce ces guerres, décidées souvent dans les salons de grandes firmes internationales, sans plus de lien avec la réalité, sauf, semble nous dire l’artiste, celle des jeux vidéo.
Organisée par Rose Issa, grande spécialiste de l’art contemporain du Moyen-Orient, l’exposition regroupe une soixantaine d’œuvres, acquises par des collectionneurs privés au Liban il y a moins de dix ans. Elles donnent à voir un “état des lieux” de la création régionale la plus récente. « Je voulais répondre à cette question : que signifie “être arabe” aujourd’hui ? Que signifie être un artiste arabe après le printemps arabe ? » explique cette spécialiste depuis Londres où elle vit et travaille.
Les artistes choisis fournissent une “réponse originale” souvent marquée par la violence et les séquelles des guerres, comme dans le cas de Ayman Baalbaki (1975), dont les convulsions libanaises sont constitutives de l’identité. Certains parviennent cependant à s’en extraire comme Ziad Antar (1978), dont les photographies possèdent souvent ce grain épais propre aux pellicules périmées.
Face à un monde en plein chaos, les plus contemporains semblent vouloir faire retour vers des bases solides. En premier lieu, l’intangibilité des paysages. Nadim Asfar (1976) ancre ainsi son travail au ras des montagnes libanaises. Mais, même dans ces calmes paysages, une faille parfois se dessine. C’est celle qu’exprime à merveille les “paysages tremblants” de Ali Cherri, figure montante de l’art libanais.
Beirut Art Fair, Biel, “Ourouba” du 20 au 24 septembre 2017.
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