Un Franco-Libanais a joué le rôle d'intermédiaire entre des représentants du Front national (FN) et un homme d'affaire français qui souhaitait financer le parti d'extrême-droite durant la campagne présidentielle française, affirme un article de Mediapart publié fin septembre. Selon le media d'investigation, l'homme - qui dirige une société de sécurité rapprochée mais dont le nom n'a pas été dévoilé - a aussi contribué à la mise en place d’un montage financier impliquant une filiale au Liban et des comptes bancaires au Crédit Libanais.
En mars dernier, à quelques semaines du premier tour de l’élection, il présente des représentants du FN à son associé, Laurent Mathiot, un homme d'affaire français qui veut soutenir la candidature de Marine Le Pen par un prêt de cinq millions d’euros.
Mediapart, qui se base sur un échange de mails entre les différentes parties, raconte que Laurent Mathiot a transféré cette somme, et une autre de cinq millions de dollars, de son compte UBS à Genève vers ses comptes au Liban détenus au Crédit libanais. Il aurait ensuite demandé à la banque libanaise d’ouvrir un autre compte, au nom cette fois de la filiale libanaise, créée quelques jours auparavant, de sa société Phenix Invest. Cette entreprise française d'exploitation de restaurants et de boîtes de nuit a elle-même été fondée six mois plus tôt, en partenariat avec le fameux intermédiaire franco-libanais.
L’histoire s’arrête là, Mediapart n’étant pas en mesure de confirmer si l’argent a effectivement été transféré vers ce compte puis vers celui du FN. Dans le dernier mail mentionné, qui date du 17 mars, le trésorier du parti s’impatientait de la lenteur du processus de transfert des fonds. «Nous espérons que la semaine prochaine nous pourrons conclure notre accord», lui avaient alors répondu les deux associés.
Montage financier et secret bancaire
L’article suggère toutefois que ce montage financier a été mis en place pour occulter l'identité du pourvoyeur de fonds, en évoquant le profil sulfureux de Laurent Mathiot. Ce spécialiste du commerce d’or et de diamants est en effet à la tête de plusieurs entreprises ayant été radié ou placé en liquidation judiciaire et a récemment eu des démêlés avec la justice française pour violence avec port d’arme.
Or au Liban, le secret bancaire garantit une discrétion quasi-absolue. « Si la nouvelle loi de 2016 a ouvert une brèche dans le secret bancaire pour les non-résidents, les entités résidentes, elles, restent pleinement protégées par la législation de 1956. Et tant qu’il ne s’agit pas d’une opération de blanchiment d’argent, les banquiers ne se soucient pas autant que leurs collègues européens des destinataires des transferts», explique un avocat spécialiste de droit bancaire au Commerce du Levant. «Le Liban présente par ailleurs l’avantage d’avoir un taux d’imposition sur les intérêts et commissions perçues bien moindre qu’en France», ajoute-t-il.
A l’époque des faits, l’obtention d’un prêt d’une société étrangère pour une campagne électorale n’était pas illégale en France. La loi sur la moralisation de la vie publique, interdisant les prêts aux partis par des personnes morales autres que des banques européennes ou des partis politiques, n’a été adoptée par l’Assemblée française qu’en juillet.
DROIT DE REPONSE
M. Laurent Mathiot nous a fait parvenir une demande de droit de réponse à l’article de Mediapart cité ci-dessus, dont voici le texte :
Réponse à l’article de Mediapart du 27 septembre 2017
Le 27 septembre 2017, le site d’informations Mediapart a publié un article intitulé «La nouvelle recherche de financement de Le Pen conduit en Suisse et au Liban». Cet article relate la prétendue existence de pourparlers entre le Front National et moi-même dans le but d’obtenir un prêt de 5 millions d’euros pour financer la campagne électorale de Marine Le Pen dans le cadre des dernières élections présidentielles. Je conteste formellement les allégations contenues dans cet article, dont je dénonce le caractère spécieux. Je suis le dirigeant du groupe familial OCIM, dont l’activité́ principale est le financement d’entreprises en croissance dans le domaine des métaux précieux. Mes activités se limitent à cette seule fonction, sans aucun lien avec le monde politique.
J’affirme à ce titre n’avoir jamais :
• financé de parti politique ou de candidat à une quelconque élection
• exercé d’activité́ politique quelle qu’elle soit
• été membre d’un parti politique
Concernant les allégations mensongères contenu dans l’article, je souhaite attirer l’attention sur plusieurs points :
• L’unique élément mentionné comme étant une preuve est la prétendue reproduction d’un échange d’emails que je conteste formellement
• Les autres éléments reproduits (mandat de recherche de financement et convention de prêt) ne mentionnent pas mon nom ni aucun élément me concernant, ils n’ont aucun lien ou rattachement avec mes activités ou moi-même
• L’article indique expressément ne pas disposer de preuve ou de trace d’un quelconque transfert d’argent de ma part au bénéfice du Front national.
La journaliste précise par ailleurs à tort que les sociétés AURARIA et ADAMIA dirigées par mes soins auraient été liquidées. Cette assertion est là encore mensongère. En réalité, ADAMIA, société de droit belge, a été dissoute volontairement lorsque j’ai cessé mes activités en Belgique tandis qu’AURARIA, société de droit français, est à ce jour active. Concernant le contexte de cet article, il paraît évident – au regard des éléments exposés ci-après – que la journaliste l’ayant rédigé a été instrumentalisée par une personne mal intentionnée, dont le seul but semble avoir été de s’attaquer à mon honneur et de nuire à ma réputation.
Je précise à ce titre que cette publication s’inscrit dans le contexte d’une campagne de désinformation et de déstabilisation plus large comprenant notamment :
• la mise en ligne de sites internet dont le contenu est diffamatoire et/ou injurieux qui ont occasionné plusieurs infractions graves à mon préjudice (dont l’usurpation de mon identité) et créés à l’aide d’outils technologiques avancés permettant à son ou ses auteurs de dissimuler leur identité ;
la reproduction partielle ou totale du contenu de l’article de Mediapart associée à l’appropriation d’éléments d’identification de plusieurs groupes audiovisuels français de première importance , et ce afin de donner du crédit à leur entreprise ;
• l’utilisation des réseaux sociaux pour relayer des allégations diffamatoires à mon encontre, émanant probablement de la même ou des mêmes personnes, dans la lignée des récents scandales liés aux campagnes de désinformation.
J’ai, en conséquence, entrepris plusieurs actions judiciaires en France et à l’étranger sur les plans pénal et civil pour, d’une part, protéger ma réputation, et, d’autre part, obtenir l’identité du ou des auteurs des atteintes commises à mon encontre. Dans ce contexte, j’ai notamment déposé sous serment devant une juridiction outre-Atlantique, pour affirmer le caractère fallacieux desdites informations. Ces actions légales passées, en cours et à venir m’ont d’ores et déjà permis de mettre en évidence l’utilisation d’un réseau de sociétés écran domiciliées dans plusieurs pays à travers le monde. Ce stratagème tend à dissimuler, pour le moment, l’identité de l’auteur des atteintes commises à mon préjudice et démontre l’ampleur de l’attaque dont je suis victime. Cette attaque est aggravée par l’article de Mediapart qui en étend la portée. Les diligences entreprises pour démasquer les auteurs de ces atteintes prendront probablement du temps mais j’userai de tous les moyens judiciaires à ma disposition pour les identi er et engager leur responsabilité a n de laver mon honneur des allégations mensongères colportées à mon sujet. J’espère aussi que toute personne ayant pris connaissance de cet article saura ne pas donner de crédit aux allégations qui y figurent.
Cordialement,
Laurent Mathiot, président d’OCIM Finance SA
Response to the article published by mediapart on 27 september 2017
On 27 September 2017, the French news platform Mediapart published an article entitled ‘Le Pen’s new quest for financing leads to Switzerland and Lebanon’. The article relates the alleged existence of negotiations between the Front National and myself in view to obtaining a loan of 5 million euros to fund the electoral campaign of Marine Le Pen in the context of France’s last presidential elections. To be clear, the contents of this article are demonstrably false and constitute, in our view, libel. My legal team is working diligently to identify those responsible for spreading false information and, through the court system, hold them fully accountable for their actions. I am the head of the family-owned firm OCIM, whose main business is financing growth companies in the precious metals sector. My activities are entirely limited to this business and completely devoid of ties to politics.
I declare that I have never:
• Financed any political party or candidate in any election whatsoever,
• engaged in politics in any form, or
• been affiliated with a political party.
Regarding the falsehoods in this article, it must be noted that:
• The sole item cited as evidence consists of manipulated email exchanges reproduced to appear authentic.
• The other elements reproduced (a mandate to seek funding and a loan agreement) do not bear my name and have nothing to do with me.
• In the article, it is plainly admitted that they of course could not find any proof or trace of any transfer on my part of funds benefitting the Front National. Meanwhile, the journalist states, incorrectly, that two companies under my direction, AURARIA and ADAMIA, had been forced to liquidate. More falsehoods. The truth: ADAMIA, a firm incorporated under Belgian law, was wound up voluntarily when I ceased operations in Belgium, while AURARIA, incorporated under French law, is active to this day. Regarding the circumstances of the article, it seems clear - for reasons explained below - that the journalist who wrote it was manipulated by a malicious party, whose sole objective seems to have been to attack my honor and smear my reputation. I must add here that this article is but one instance in a broader campaign of disinformation, which includes, most notably:
• the creation of fraudulent websites with offensive, libelous content which has caused me to suffer material harm (including identity theft) and were created using tools and methods specifically designed to hide - for the moment - the identity of the coward(s) responsible.
• trying to make their fraud appear legitimate by brazenly reproducing content from the false article in Mediapart and misappropriating brand identifiers from several of France’s leading audio-visual groups;
• taking a page from the playbook of so many recent propaganda campaigns and using social media to further spread their libelous material.
As a result, I commenced legal proceedings in France and internationally, in civil and criminal courts, both to protect my reputation and identify and hold responsible the author or authors of these attacks on me. These legal actions, past, present and future, have thus far enabled me to expose a reliance on a network of shell companies incorporated in multiple countries around the world. This ploy has provided cover - for now - to the fraudster(s) responsible for attacking me from afar and behind computer screens and keyboards. It also makes clear the scale of the attack perpetrated against me; the Mediapart article only gives further voice, amplification and reach to this attack. It is important to make clear that I am not just refuting these fraudulent allegations, but have also sworn under oath to the truthfulness of my position: on 3 April 2019, I executed an affidavit submitted to the Eastern Caribbean Supreme Court refuting these allegations and detailing the harm I have suffered to date. My work to unmask and hold responsible those who have attacked me may take time, but I will stay the course and ensure that truth - not specious falsehoods - win the day.
Sincerely,
Laurent Mathiot, CEO of Ocim Finance SA