Le conflit a réduit de manière considérable la valeur des échanges commerciaux et profondément modifié leur structure même si un pays comme la Turquie, qui a des relations diplomatiques très tendues avec Damas, continue de se ranger parmi ses principaux partenaires.



Selon les données Comtrade de l’Organisation des Nations unies, la valeur totale du commerce extérieur syrien se chiffrait à 4,9 milliards de dollars en 2016, en baisse de 20 % par rapport à 2015 (6,1 milliards) et de 82 % par rapport à 2010, l’année qui a précédé le soulèvement (27,7 milliards).

Comtrade se base sur les données fournies par les pays membres et comme le gouvernement syrien n’en fournit plus depuis de nombreuses années, les chiffres dans cet article sont calculés sur la base de chiffres fournis par les partenaires de la Syrie (données miroirs).

Les données présentées dans cet article ne sont pas complètes. Certains pays tels que l’Ukraine et l’Arabie saoudite n’ont pas encore fourni leurs statistiques pour 2016, ce qui implique que la valeur du commerce extérieur pour l’année dernière devrait être légèrement supérieure aux chiffres énoncés ici.

D’autres pays tels que l’Irak et l’Iran ne fournissent plus de données depuis de nombreuses années. Or Téhéran est devenu un des principaux partenaires commerciaux de la Syrie grâce aux lignes de crédit que le gouvernement iranien a fournies à Damas.

Malgré ces limitations, les chiffres disponibles donnent une idée assez précise des grandes tendances.

 

La guerre, les sanctions, la fermeture des frontières

 

La baisse de la valeur du commerce extérieur syrien durant les six dernières années peut être attribuée à plusieurs facteurs : la contraction sévère de l’activité économique qui a réduit à la fois les importations et les exportations ; les sanctions européennes qui ont stoppé net les exportations de brut syrien – d’une valeur de 5,2 milliards de dollars en 2010 – et plus généralement rendu les transactions commerciales plus difficiles ; enfin la fermeture des postes-frontières irakiens et jordaniens qui ont coupé la Syrie de ses principaux débouchés dans la région.

En 2010, la Syrie exportait pour 8,8 milliards de dollars. Or ce chiffre est tombé l’année dernière à 662 millions, ce qui représente une baisse de 93 % en six ans. Le recul est de 21 % par rapport à 2015 (843 millions).

Quant aux importations, elles ont chuté à 4,2 milliards, en baisse de 77 % par rapport aux 18,9 milliards enregistrés en 2010. Par rapport à 2015, elles sont en baisse de 19,5 %, ce qui semble indiquer une contraction de la demande et de l’investissement.

 

Les partenaires commerciaux

 

La Turquie et la Chine étaient l’année dernière les principaux fournisseurs de la Syrie avec, respectivement, des exportations de 1,3 milliard et 915 millions de dollars. La domination de ces deux pays dans la liste des fournisseurs est l’un des rares éléments stables. En 2010, ils étaient déjà les premiers fournisseurs de la Syrie même si c’était en ordre inversé : la Chine avait exporté pour 2,4 milliards de dollars vers la Syrie et la Turquie 1,8 milliard.

Le rang que continue à occuper la Turquie est intéressant au vu des relations politiques exécrables entre les deux pays. Cela s’explique par plusieurs facteurs. La Turquie offre de nombreux avantages aux importateurs syriens : elle propose une large gamme de produits ; ses prix sont compétitifs ; sa proximité géographique facilite une livraison rapide. Par ailleurs, de par sa situation géographique, la Turquie exporte à la fois vers les zones du régime et celles de l’opposition. Or c’est l’un des rares pays à pouvoir vendre dans ces zones. La Turquie affirme ainsi avoir exporté 38 millions de dollars de ciment vers la Syrie en 2016 ; or le gouvernement syrien interdit l’importation de ciment, ce qui implique que ces ventes ont eu lieu dans les zones tenues par l’opposition.

Enfin, le Liban occupe le troisième rang parmi les fournisseurs avec 198 millions de dollars bénéficiant de sa situation géographique pour jouer aussi le rôle de pays de transit. En 2010, il n’était que le 22e fournisseur, avec 220 millions.

Quant aux clients de la Syrie, ils se trouvent désormais tous dans la région. Le Liban (130 millions de dollars) est en tête, suivi de l’Égypte (121), la Jordanie (89), la Turquie (65) et les Émirats (49). En 2015, l’Arabie saoudite se situait au quatrième rang des clients de la Syrie avec 84 millions de dollars d’importations d’origine syrienne, principalement des produits alimentaires. Les données de 2016 ne sont pas encore disponibles.

En 2010, c’était les pays de l’Union européenne qui étaient en tête grâce à leurs achats de brut syrien. L’Irak figurait aussi parmi les principaux clients même si les chiffres du commerce entre les deux pays ne sont pas disponibles sur Comtrade.