Sur les réseaux sociaux comme dans la rue, les deux principales entreprises de véhicules à la demande au Liban, Uber et Careem, rivalisent de créativité pour rafler des parts de marché.
La confrontation devait avoir lieu dimanche 22 octobre. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux dix jours plus tôt, les équipes de Careem avaient défié celles d'Uber de participer à une compétition de danse aux Souks de Beirut. L’affrontement devait être retransmit en direct via Facebook Live.
« Assez des guéguerres en ligne et des campagnes de publicité, nous voulons organiser quelque chose qui mobilise vraiment les gens et leur prouve qui est le meilleur. Qu'Uber vienne ou pas, nous allons danser », avait déclaré Ibrahim Manna, le directeur général de Careem.
Une précaution de circonstance car, effectivement, Uber n’est pas venu au rendez-vous. Afin de justifier son absence, l’entreprise a déclaré vidéo à l’appui que ses équipes étaient trop occupées à repeindre des escaliers publics de Beyrouth. Pour ne pas passer pour le mauvais joueur, elle a tout de même encouragé son concurrent à danser en s’engageant à verser à l'ONG Ayadina – qui apporte son soutien au développement des communautés - des dons proportionnels au nombre de « j’adore » récoltés par sa chorégraphie.
Malheureusement pour Ayadina, la vidéo de Careem n’a toujours pas été postée, officiellement en raison d’un problème de droits concernant la musique utilisée. La pression est donc retombée comme un soufflé, sans apporter à la marque émiratie le « buzz » positif attendu ; tout cela à la faveur de son concurrent dont le sens de la répartie s’est vue félicité par les internautes.
Trois années de rivalité
Ce clash marketing n’a rien de nouveau, il s’agit la suite logique d’une série de duels que se livrent les deux marques depuis plusieurs années. Arrivées au Liban en 2014, l’américaine Uber et l’émiratie Careem - qui proposent des services similaires à des tarifs comparables - tentent depuis trois ans de battre l’autre en touche en s’affichant comme l’entreprise la plus « cool » auprès des jeunes.
En septembre, Uber jouait la carte de l’innovation et de l’entreprenariat avec sa compétition UberPitch, organisée pour la troisième année consécutive en partenariat avec le réseau ArabNet. « Grace à notre technologie, nous pouvons rapprocher les gens et pourquoi pas connecter les bonnes idées avec les bonnes personnes » explique Karim Dabbour, responsable communication chez Uber.
Pendant deux semaines, Uber proposait à de futurs entrepreneurs situés à Dubaï, Riyad, Jeddah, Beyrouth et Amman de commander un Uber dans lequel se trouvait assis un jury à convaincre en seulement 10 minutes. Après des centaines de courses UberPitch, six finalistes dont un Libanais se sont distingués.
A la conquête de nouvelles régions
Si les deux entreprises ont débuté à Beyrouth, la compétition les pousse aujourd’hui à conquérir de nouveaux territoires. Careem est allé vers le Metn puis a étendu cet été ses services à la région de Jounieh tandis que Uber s’est implanté en même temps dans le Metn et le Keserwan.
« Nous essayons toujours d’être le plus proche possible de notre clientèle or, nous avons remarqué que beaucoup d’étudiants vivent en périphérie de Beyrouth et utilisent l’application pour se déplacer » explique Dabbour. Il ne souhaite pas dévoiler le montant investi mais assure qu'Uber devrait prochainement se lancer dans de nouvelles régions libanaises.
« Le but ultime de Careem au Liban est de permettre à l’industrie des transports d’atteindre sa capacité maximale », affirme de son côté Ibrahim Manna.
La guerre est loin d’être finie entre les deux entreprises : innovations technologiques, nouveaux services, expansions territoriales et partenariats locaux devraient de multiplier dans les mois à venir.
Uber emploie aujourd’hui 2 500 chauffeurs au Liban qui transportent plusieurs dizaines de milliers de passagers chaque mois. Careem, de son côté, ne souhaite pas dévoiler ses chiffres.