L'agence de notation américaine Moody's a salué dans un commentaire publié lundi le vote du budget 2017 le 19 octobre dernier par le Parlement, une première depuis le budget 2005. « Nous nous attendons à ce que (ce vote) suscite des réformes qui stabiliseront la dette », ce qui renforcerait « la très faible solidité financière du pays », écrit Moody’s, qui prévoit un ratio d’endettement de 140 % du PIB en 2018, contre 120 % en 2012. Cette amélioration de la gouvernance faciliterait l’accès du Liban aux fonds des bailleurs de fonds internationaux, notamment aux prêts et dons de la Banque mondiale pour deux projets d’infrastructure de plus de 400 millions de dollars au total, décidés en début d’année mais conditionnés au vote du budget. « Nous anticipons que les mesures anti-corruption incluses dans le budget 2017, ainsi que l’audit requis des comptes des années précédentes – qui fait partie de la procédure normale de vote du budget – vont accroître la transparence et contribuer à contrôler la corruption », ajoute Moody’s.
Certains députés, dont ceux du parti Kataëb, ont dénoncé le fait que le vote du budget intervient en l'absence de clôture des comptes budgétaires des précédents exercices (de 2004 à 2015). Ils rappellent l'article 87 de la Constitution, selon lequel le budget d'une année (suivante) ne peut être publié avant que le bilan arrêté de l'année précédente ne soit voté par le Parlement. Ils qualifient de « violation constitutionnelle » la loi votée le 18 octobre au Parlement qui octroie aux députés un délai d'un an après la promulgation du budget 2017 pour voter les bilans arrêtés, mais également les comptes publics (incluant les comptes du Trésor) de 1993 à 2015 qui ont été reconstitués par le ministère des Finances.
Mais selon Moody’s, « à terme, les problèmes judiciaires seront surmontés et le cycle de vote annuel du budget reprendra ».
En septembre, Moody’s avait dégradé la note souveraine du Liban, de B2 à B3, tout en relevant sa perspective de « négative » à « stable », s'alignant ainsi sur les notations et l'évaluation des deux autres principales agences de notation, Fitch et Standard & Poor's, que ces dernières ont confirmées dans les jours qui ont suivi.