L'association Tax Justice Network (TJN), enregistrée à Londres et qui se présente comme un "réseau international indépendant", a placé le Liban au 11e rang sur 112 pays dans son dernier classement biennal de l’indice d’opacité financière (financial secrecy index) publié le 30 janvier.

La position d’un pays est déterminée par son coefficient d’opacité (secrecy score), pondéré par son poids financier à l'échelle mondiale (global scale index). Ce score d’opacité est estimé via vingt critères, dont le niveau de « coopération juridique » de l’État au niveau international, le secret bancaire ou encore l’accessibilité des informations fiscales des sociétés.

Le pays du Cèdre obtient ainsi un score d’opacité de 72 points sur 100, un niveau considéré comme particulièrement élevé par les auteurs du classement et qui place selon eux le Liban parmis "les pires" paradis fiscaux au monde. TJN ajoute que le Liban, qui occupait la 7e place dans la précédente édition du classement, ne pèse que 0,5 % du secteur financier offshore dans le monde – soit le marché des services financiers offerts aux non-résidents. 

A titre de comparaison, le score d'opacité des Etats-Unis, considérés par TJN comme le deuxième pays le plus opaque au monde derrière la Suisse, n'est que de 60 sur 100. Ce résultat, muliplié par leur poids financier de 22,30%, les place néanmoins sur la deuxième marche du podium.

Plus transparent que les Émirats

Le Liban n’est cependant pas le plus opaque parmi les pays arabes. Il est en effet devancé par les Émirats arabes unis, 9e mondial au classement de l’indice, avec un score d’opacité de 84 sur 100, même si l’État pétrolier ne pèse que 0,1 % du secteur financier offshore mondial. Au niveau régional, les deux autres seuls pays arabes classés sont Bahreïn, qui arrive en 17e position avec un indice d’opacité de 78 sur 100, et l’Arabie saoudite, 37e (70 sur 100). Chacun de ces deux pays représente une part minime du marché international pour ce secteur.

Sur le plan des recommandations, les auteurs du rapport estiment que le Liban a encore du chemin à faire en matière de transparence fiscale malgré de récents progrès. En juin dernier, le Liban a par exemple obtenu la notation "largement conforme" à l’issue de la deuxième phase de son examen par les pairs du Forum mondial pour la transparence fiscale. Un succès qui lui a permis d’éviter d’être inscrit sur la liste noire des paradis fiscaux non coopératifs de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

Pas un paradis fiscal, selon l'UE

Plus récemment, le pays du Cèdre n’a en outre pas été retenu parmi les 17 pays considérés comme des paradis fiscaux par l’Union européenne en décembre 2017 (ils ne sont plus que neuf depuis le 23 janvier). Le Liban ne figurait même pas parmi la cinquantaine d’États devant procéder à des ajustements pour satisfaire l’UE en matière de bonne conduite fiscale.

TJN note, pour sa part, que le Liban a signé "41 accords bilatéraux en matière d’échanges d’informations" mais regrette, entre autres, que le pays n’ait pas encore adopté la convention fiscale multilatérale mise au point par l’OCDE (Base Erosion and Profit Shifting, ou BEPS) avec l’aval du G20. Ce dispositif, qui vise à limiter les procédés d’optimisation fiscale, doit en principe se substituer aux quelques milliers d’accords fiscaux bilatéraux signés par le passé par les plus de 60 pays qui doivent y adhérer.

Il reste que l’appréciation de TJN ne reflète pas forcément les positions des instances internationales. À titre d’exemple, Bahreïn, qui est considéré comme plus transparent que le Liban par les auteurs du classement, fait pourtant partie des neuf pays inscrits sur la liste noire de l’UE.