une expo
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On avait connu Ninar Esber et son "I wanna be loved by you" : l’artiste libanaise, installée en France, reproduisait des moments-clés de la vie de Marilyn Monroe. Dans ses célèbres photographies noir et blanc, Marilyn incarnait alors les stéréotypes d’une beauté “à l’occidental”, que l’artiste détournait. Ou, pour être plus exact, réorientalisait. Mutine malgré tout, Ninar Esber rappelait qu’être une femme arabe, c’est forcément se plier à une altérité difficile à vivre lorsque votre modèle se nomme Marilyn Monroe.

De la même façon, aujourd’hui, la photographe et artiste Chaza Charafeddine tente de déconstruire une autre forme de domination. Cette fois, ce sont les laissés-pour-compte de notre société qu’elle donne à voir : les “bonnes”, ces quelque 300 000 domestiques – philippines, éthiopiennes ou bangladaises… – qui font tourner toutes les maisons du Liban.

C’est un rêve que leur offre Chaza Charafeddine. «Si vous vouliez être une autre, qui choisiriez-vous d’être ?», leur demande-t-elle en substance avant de les photographier dans le costume qu’elles ont choisi.

Leur réponse surprend : la Vierge Marie pour l’une ; Marlène Dietrich ou Marilyn pour une autre. La jeune fille à la perle, célèbre peinture de Vermeer, pour une autre encore.

Dans ce travail, il y a, comme le souligne Saleh Barakat, fondateur de la Galerie Agial, «un engagement social fort», l’artiste tentant de «rendre visible l’invisible».

Mais en (ré) inventant l’ «Autre», Chaza Charafeddine nous montre combien les corps et l’esprit de ces migrantes restent toujours colonisés. Au final, elles sont toujours assujetties, aussi bien pratiquement que symboliquement, aux rôles prédéfinis par l’héritage patriarcal et colonial. Une leçon !

Galerie Agial, Hamra.

Tél : 01/345213.

M.R.