Mireille Korab Abi Nasr : « Nous avons compris que la demande allait s’orienter vers de petites surfaces »

Quel est votre taux de vente à Uptown Badaro à quelques semaines de la fin des travaux ?

La commercialisation de ce projet avait commencé en 2011. En dix jours, nous avions vendu environ 90 % du projet. Le timing a été idéal : la situation du marché immobilier était bonne et le projet répondait à une demande. Aujourd’hui, les produits que nous proposons sont principalement des reventes, dont huit appartements, et quelques invendus.

Pourquoi avoir développé un projet qui réunit à la fois des appartements, des bureaux et des boutiques ?

Uptown compte 45 appartements. Après notre premier projet dans le quartier, Badaro Gardens, nous avons compris que la demande allait s’orienter vers de petites surfaces. Nous avons donc proposé des studios de 85 m2 et des simplex dont le plus grand fait 210 m2 avec trois chambres à coucher. La dynamique le long de la rue Badaro nous a encouragé à proposer aussi des locaux commerciaux. Nous avons trois boutiques de 184 à 290 m2 à la vente.

Parallèlement, nous avons développé un immeuble de bureaux indépendant. Étant donné la proximité du Palais de justice, notre stratégie était de cibler les avocats.

Comment expliquez-vous la réussite de Uptown ?

Beaucoup de promoteurs font du copier-coller en suivant la tendance des autres. Nous avons une autre approche de la promotion immobilière. Nous avons analysé la demande et opté pour de petites superficies, c’est-à-dire un produit qui n’était pas encore proposé à Badaro.

Quel bilan tirez-vous de 2018 ?

L’année a été catastrophique. Il n’y avait pas de demande. Le téléphone ne sonnait pas. Nous avons revu notre stratégie de commercialisation en utilisant notre base de données pour cibler nos clients et en communiquant sur les réseaux sociaux. Pendant cette période difficile, il faut gérer au mieux la trésorerie.

Quels sont vos autres projets immobiliers ?

Nous avons un complexe résidentiel sur le front de mer intitulé Amchit Bay avec 36 appartements et villas. Il sera livré en 2021. Onze unités de 85 à 200 m2 et une villa de 550 m2 sont encore à la vente. Dernièrement, nous avons redécoupé les surfaces des appartements pour proposer de plus petites surfaces dont des unités de 90 m2.

Nous avons également le projet Naas Spring à côté de Bickfaya. L’infrastructure est terminée. Douze parcelles sur un total de 35 ont été vendues. Le découpage des terrains a été minutieux. Nous avons voulu préserver le maximum de pins. Le concept de Naas Spring repose sur une pinède. Le prix des parcelles est d’environ 1,2 million de dollars, soit 800 dollars le m2. En 2019, chaque parcelle aura un titre de propriété.

Quelle est l’actualité du projet Ahlam à Kfardebiane ?

Le projet Ahlam Golf & Mountain Village couvre 1,1 million de m2 au total. Nous sommes actuellement dans la première phase. Nous vendons des parcelles à partir de 550 dollars le m2 et des chalets à 3 200 dollars le m2 : 25 % des terrains et 14 chalets sur 30 ont déjà été vendus.

Dans ce climat de crise, qu’attendez-vous du nouveau gouvernement pour relancer le secteur immobilier ?

L’immobilier est l’alarme de l’économie libanaise. La crise actuelle prouve qu’il y a un grave problème et nous l’avions signalé dès 2013-2014. Le secteur contribue au produit intérieur brut (PIB) du Liban à hauteur de 25 % et soutient 70 autres activités. Nous espérons que le nouveau gouvernement aura une autre approche du secteur. Il faudrait notamment revoir les nombreuses taxes imposées aux promoteurs et mettre en place une politique globale de l’habitat.